La fonte de 31 des plus grands glaciers de la planète s’est accélérée ces 20 dernières années. Ce phénomène va se traduire par une augmentation du stress hydrique et une multiplication des effets négatifs sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’approvisionnement énergétique.
Les régions de montagne, qui représentent près d’un quart des terres émergées du globe, hébergent environ 1,1 milliard de personnes. Elles sont souvent considérées comme les « châteaux d’eau de la planète », car on estime que les bassins fluviaux, dont les affluents naissent en montagne, alimentent en eau douce plus de la moitié de la population mondiale. Les glaciers de montagne, qui fondent à un rythme soutenu, sont donc vitaux pour les humains, les écosystèmes, l’agriculture et le secteur industriel.
Mais les plus hauts sommets de la planète ne sont
pas épargnés par les effets du changement climatique, avec pour conséquence des
répercussions en cascade qui finissent par toucher certaines des régions les
plus peuplées du globe, met en garde l'Organisation météorologique mondiale
(OMM) qui a rassemblé du 29 au 31 octobre derniers à Genève plus de 150
experts venus du monde entier.
La cryosphère de montagne – glaciers, neige et
pergélisol – devient de plus en plus vulnérable aux conséquences de
l’augmentation régulière de la température, ce qui menace la sécurité
alimentaire, les approvisionnements en eau douce et le transport fluvial.
Aucun des sommets emblématiques que sont l’Everest,
le Mont Blanc, le Kilimandjaro et les Rocheuses n’est épargné.
Les changements observés dans la cryosphère
accroissent en outre le risque de catastrophes naturelles - éboulements,
inondations, glissements de terrain - avec des conséquences dévastatrices pour
les populations et les économies locales. « L’accélération du recul des
glaciers et la diminution de la couverture de neige et de glace sont peut-être
le signe le plus visible du changement climatique, a souligné le Secrétaire
général de l’OMM, Petteri Taalas. La fonte de 31 grands glaciers s’est
accélérée, en particulier ces vingt dernières années. Cette évolution pourrait
se traduire, à court terme, par un accroissement des phénomènes dangereux et, à
long terme, par une augmentation du stress hydrique et une multiplication des
effets négatifs sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et
l’approvisionnement énergétique », a-t-il ajouté.
Les experts ont instamment demandé que le
développement durable des régions montagneuses et la préservation des
écosystèmes de montagne fassent partie intégrante des politiques d'aide au
développement, et que la coopération transfrontalière soit renforcée en ce qui
concerne l'accès aux données, les activités de prévision et l'élaboration des
politiques, ainsi que l'acquisition et le partage des connaissances. « Les
choix que nous devons faire et les mesures urgentes qu'il nous incombe de
prendre revêtent à n'en pas douter une importance cruciale pour la sauvegarde
des zones de haute montagne. Ce sommet a réussi à créer des ponts entre la
science, la politique et l'action, ce qui a débouché sur une feuille de route
pour le climat », a souligné la Directrice exécutive de l'Initiative
pour la recherche sur la montagne (MRI), Carolina Adler, qui a coprésidé le
Sommet. « Nous devons mettre la science au service des gens et soutenir les
systèmes d'information dont ils ont besoin pour faire face aux aléas ».