C?était en 2000. Les 189 pays membres de l'Organisation des Nations Unies s'engageaient solennellement à réduire de moitié d'ici à 2015 la proportion de la population vivant sous le seuil de l'extrême pauvreté : moins de 1 dollar par jour. Outre cet engagement principal, les objectifs du millénaire (OMD) prévoyaient sept autres cibles parmi lesquelles la réduction de moitié, d'ici à 2015, du pourcentage de la population n?ayant pas accès à l'eau potable ni à un assainissement de base.
Une décennie plus tard, ou en sommes nous ?
Si l'on en croit le rapport d'étape 2010 publié cet été par l'ONU, le bilan est plus que mitigé. Même si de nombreuses avancées sont enregistrées, souvent portées par la croissance des pays émergents, il apparait aujourd'hui clairement que plusieurs objectifs ne seront pas atteints.
Dans le domaine de l'eau, la cible concernant l'eau potable sera atteinte, voire dépassée en 2015 au plan mondial : à cette échéance, environ 86 % de la population des régions en développement devrait disposer d'un accès à l'eau potable. Un succès donc, si l'on veut bien faire abstraction de tous les autres, les « hors-cible », qui restent confrontés à la seule perspective d'une mortalité précoce?
En matière d'assainissement, le constat est plus négatif encore, dans la mesure où l'objectif fixé parait hors de portée, l'évolution démographique annihilant les progrès réalisés : en 2008, 2,6 milliards d'individus n?avaient pas accès à des installations sanitaires de base. Si la tendance actuelle se poursuivait, ce chiffre passerait à 2,7 milliards d'ici 2015.
Pour évaluer précisément les progrès réalisés depuis 2000 et se donner les moyens de remplir leurs engagements, les 192 chefs d'Etats et de gouvernements membres de l'ONU se sont réunis à New York du 20 au 22 septembre dernier. Objectif affiché : rechercher de nouveaux financements pour atteindre les objectifs du millénaire sur le développement.
Car le temps presse et le contexte se dégrade. L?évolution démographique, les changements climatiques et les crises financières et économiques mondiales ont entraîné un net ralentissement des progrès quand elles ne les ont pas purement et simplement annulés.
En cause également, les engagements pris par les pays riches de faire passer leur aide à 0,7% de leur produit national brut d'ici à 2015, qui ne sont pas, et ne seront pas, respectés. En 2009, seuls le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède avaient respecté leur engagement. La France, pourtant peu avare de bonnes paroles, ne se situe qu'à 0,46 %.
D?où la nécessité évoquée au Sommet de New-York de trouver rapidement des financements nouveaux, alternatifs, ou « innovants » pour compenser l'insuffisance criante de l'aide publique au développement et ne pas subordonner l'atteinte des objectifs du millénaire aux seules promesses d'une augmentation des aides dont chacun sait qu'elles ne seront pas tenues.
Plusieurs pistes ont été évoquées, dont la fameuse taxe sur les transactions financières, qui se sont heurtées aux réticences de plusieurs pays et dont la mise en ?uvre reste hypothétique, au moins à court terme.
Faute de volonté politique forte, il ne reste donc plus, pour sauver les OMD, qu'à espérer une amélioration rapide de la situation économique mondiale. Le FMI l'a bien compris en entérinant sur ce dossier la prééminence de l'économie sur le politique et en avertissant que ces objectifs risquaient de ne pas être atteints sans une politique volontariste de relance de la croissance mondiale?