Soucieux de faire reconnaître la spécificité de l'épuration végétalisée, de préserver son avenir et de contribuer à son développement à l'étranger, six constructeurs spécialisés viennent de créer la Fédération professionnelle des entreprises du secteur de l'épuration végétalisée (FEVE).
En France, le traitement des eaux usées domestiques des communes rurales de moins de 2.000 habitants a été marqué par plusieurs étapes. Au cours des années 1970, le lagunage naturel, encouragé par l'IRSTEA (ex-Cemagref) et les agences de l'eau, s'est développé, puis les filtres à sable ont émergé au cours des années 80. Ces techniques ont contribué à améliorer l'assainissement des petites collectivités, mais avec certaines limites et contraintes d'exploitation : risque de colmatage du filtre à sable, parfois nuisances olfactives autour des lagunes, saturation.
En 1978, l'IRSTEA s'est engagé dans une étude du fonctionnement d'une station d'épuration implantée dans le parc d'un centre d'accueil, à Saint-Bohaire (Loir et Cher) ; cette station est composée de 5 étages de traitement en série, les 2 premiers étant constitués respectivement de 4 et 2 filtres "à écoulement vertical" drainés, plantés de roseaux et alimentés en alternance chaque jour. Suite à cela, l'IRSTEA a poursuivi ses travaux d'étude des filières végétalisées sur l'installation de Pont-Remy, dans la Somme, puis sur la station de Gensac-La?Pallue, en Charente, avec des résultats enthousiasmants, et la confirmation d'une gestion simplifiée des boues grâce leur concentration et à leur minéralisation directement sur les filtres.
Dans ce contexte, quelques maires audacieux acceptent alors d'équiper leur commune d'une installation végétalisée. C?est le début de l'essor des stations d'épuration plantés de roseaux, notamment dans leur configuration dite « filière française », c'est-à-dire composées de 2 étages de filtres à écoulement vertical.
Assurer les conditions d'un développement maitrisé
La pertinence du procédé et l'investissement des acteurs institutionnels (IRSTEA, agences de l'eau, Services techniques des départements) et de certains maitres d'ouvrages publics, ont permis aux entreprises pionnières de développer leur savoir-faire et de s'engager dans l'innovation. Ces synergies ont favorisé l'essor de l'épuration végétalisée, tout particulièrement en France où l'habitat rural diffus est très représenté. Aujourd'hui, on estime que le nombre de stations de ce type fonctionnant en métropole est supérieur à 2000 unités.
Cependant, l'apparente simplicité du système laisse croire qu'une connaissance scientifique et un savoir-faire spécifique ne seraient pas nécessaires pour concevoir et réaliser les stations d'épuration de ce type. Dans un contexte de forte demande, l'offre augmente logiquement, jusqu'à ce que la concurrence s'exacerbe au détriment de la qualité et de l'image des filières végétalisées.
Poussées par le constat d'une dégradation des conditions de mise en ?uvre des filières de traitement de l'eau en secteur rural, six entreprises du secteur (Aquatiris, Atelier Reeb, Epur Nature, Jean Voisin, Phytorestore et Scirpe), reconnues et impliquées de longue date ont créé la Fédération professionnelle des entreprises du secteur de l'épuration végétalisée (FEVE), avec l'ambition de faire reconnaître la spécificité et l'excellence de la filière, et la légitimité des constructeurs spécialisés.
Contribuer au développement de la filière à l'étranger
L?épuration végétalisée telle qu'elle se pratique aujourd'hui en France jouit d'une reconnaissance internationale, fruit du travail fourni par les entreprises les plus engagées qui ont développé un savoir-faire et des compétences fortes. Il est donc essentiel de préserver l'avenir de la filière en France mais aussi de contribuer à son développement à l'étranger.
C?est pourquoi une convention de collaboration avec l'IRSTEA est en cours de rédaction, pour porter, entre autres, cette spécificité technique française au-delà des frontières.
La FEVE réunit les entreprises qui contribuent et s'impliquent sur le long terme, c'est-à-dire celles qui assument la conception. Un barème de qualification a été créé, portant sur la taille des installations, la nature des effluents, les paramètres traités ainsi que sur les actions de recherche et de développement, une qualification minimum étant requise pour adhérer.
La FEVE a été créée avec le concours des pôles compétitivité Dream (région centre) qui assure l'animation et l'hébergement administratif, Hydréos (nord-est) et EAU (sud-est). L?engagement des pôles de compétitivité offre un gage de légitimité à cette nouvelle structure et permet à la FEVE de porter la voix de ses adhérents auprès des collectivités,