L?augmentation de la demande, la mobilité des populations, l'évolution des modes de vie, les besoins accrus en énergie ainsi que les effets déjà perceptibles du changement climatique font peser sur les ressources en eau une pression toujours plus importante. C?est ce qui ressort d'un rapport des Nations Unies qui sera rendu public à l'occasion du 5ème Forum mondial de l'eau.
Intitulé « L?eau dans un monde qui change », la 3ème édition du rapport des Nations Unies offre une image précise de l'état des ressources mondiales en eau douce. S?appuyant sur les conclusions des deux premiers rapports, présentés à Kyoto en 2003 et à Mexico en 2006, elle insiste sur le rôle joué par l'eau dans le développement et la croissance économique. « Dans un contexte marqué par des pénuries croissantes, une bonne gouvernance est plus que jamais essentielle à la gestion de l'eau. La lutte contre la pauvreté dépend aussi de notre capacité à investir dans cette ressource », a ainsi souligné le Koïchiro Matsuura Directeur général de l'Unesco.
Alors que la demande augmente, certains pays atteignent déjà les limites de leurs ressources en eau. Des solutions existent pourtant qui permettent d'améliorer la gestion de l'eau en rationalisant les usages. Plusieurs pays se sont déjà engagés dans cette voie. Mais les actions menées, trop souvent cantonnées au seul secteur de l'eau, ne portent pas leurs fruits. Pour être efficaces, elles devraient associer de façon transversale les secteurs de l'agriculture, de l'énergie, du commerce ou de la finance qui ont tous un impact déterminant sur la gestion de l'eau.
Parmi les nombreux constats dressés par les auteurs du rapport, l'accès aux services de base liés à l'eau et à l'assainissement qui demeure largement insuffisant.
L?accès à l'eau et à l'assainissement demeure insuffisant
Les projections actuelles suggèrent que plus de 90% de la population mondiale devraient avoir accès à des sources d'approvisionnement en eau potable d'ici 2015. L?objectif du Millénaire concernant l'eau potable est donc en bonne voie, sauf en Afrique sub-saharienne où 340 millions d'Africains pourraient ne pas avoir accès à une eau potable. En revanche, il apparaît clairement que l'objectif relatif à l'assainissement ne sera pas atteint.
En Afrique toujours, près de 500 millions de personnes n?ont pas accès à des installations sanitaires décentes comme dans bien d'autres régions du monde également en retard dans ce domaine. Cette situation a des conséquences sanitaires majeures : dans les pays en développement, 80% des maladies sont liées à l'eau et causent la mort prématurée de 3 millions de personnes chaque année. Au total, un dixième des maladies au niveau mondial pourraient être évitées grâce à une amélioration de l'approvisionnement, de l'assainissement et de la gestion des ressources en eau.
Tandis qu'une partie de la population reste privée d'un accès satisfaisant à l'eau, la demande, elle, ne cesse d'augmenter.
Une demande plus forte que jamais
Les prélèvements d'eau douce ont triplé depuis 50 ans et les zones irriguées ont doublé pendant la même période. Un phénomène lié à la croissance démographique. La population mondiale évaluée à 6,6 milliards d'individus augmente de 80 millions de personnes chaque année ce qui se traduit par une demande supplémentaire en eau de 64 milliards de m3 par an.
Or, 90% des 3 milliards de personnes qui viendront grossir la population d'ici 2050 vivront dans des régions où l'accès à l'eau est déjà restreint. Par ailleurs, la croissance démographique se traduit par des besoins accrus en produits agricoles et donc des besoins croissants en eau. Car l'agriculture demeure le secteur le plus gourmand en eau. Il représente à lui seul 70% de l'ensemble de la consommation contre 20% pour l'industrie et 10% pour les besoins domestiques. Si rien n?est fait pour rationnaliser son utilisation dans l'agriculture, les besoins en eau devraient augmenter de 70 à 90% d'ici 2050?.
Facteur aggravant, ces dernières années ont été marquées par une évolution des modes de consommation alimentaire, qui s'est traduite notamment par une plus forte demande en viande et en produits laitiers dans les pays émergents. Or, si la production d'un kilo de blé nécessite de 800 à 4000 litres d'eau, un kilo de viande de b?uf en demande entre 2000 et 16 000 litres. On estime que le consommateur chinois qui mangeait 20 kg de viande par an en 1985 en consommera 50 kg en 2009, ce qui se traduira par un besoin supplémentaire en eau de 390 km3.
La demande en énergie contribue également à accentuer les pressions sur la ressource. On estime en effet que la demande mondiale d'énergie pourrait augmenter de 55% d'ici 2030. La Chine et l'Inde devraient représenter 45% de cette augmentation.
Confrontés à ces menaces de pénuries, certains pays ont déjà commencé à intégrer leur stratégie de gestion des ressources en eau à leur plan de développement. C?est le cas de la Zambie. Suite à cette évolution, de nombreux donateurs ont intégré des investissements relatifs à l'eau dans l'aide qu'ils accordent à ce pays.
L?Australie a également amorcé un virage important qui s'est traduit par différentes mesures. Des restrictions ont été mises en place dans toutes les grandes villes australiennes : arrosage des jardins, lavage de voitures, remplissage des piscines' A Sydney, un double système de distribution a été mis en place en 2008 avec d'une part un circuit qui achemine l'eau potable, de l'autre un circuit distribuant une eau impropre à la consommation mais disponible pour d'autres usages.