Un rapport publié par l'OCDE peu avant le 6ème Forum mondial de l'eau montre que l'accélération de l'urbanisation, l'accroissement démographique et le développement économique vont provoquer une augmentation de 55 % de la demande d'eau d'ici à 2050 rendant certains arbitrages inévitables. D'ici là, 3,9 milliards d'hommes représentant plus de 40 % de la population mondiale, vivront dans des bassins hydrographiques confrontés à un fort stress hydrique.
Selon, ce rapport, intitulé « Meeting the Water Reform Challenge », les pouvoirs publics devront engager d'importantes réformes en matière de gouvernance pour faire face à l'immense défi que représente une hausse de 55% de la demande en eau d'ici 2050. « Il est primordial d'utiliser l'eau de façon plus rationnelle, ainsi que de la tarifer convenablement pour décourager le gaspillage » indique l'OCDE. « Le recours à des instruments économiques comme les marchés de l'eau peut permettre d'y parvenir de manière flexible ». Il sera également crucial de coordonner le développement des réseaux de collecte des eaux usées et des capacités d'épuration pour préserver et améliorer la qualité de l'eau.
En outre, les pouvoirs publics auront un rôle primordial à jouer en favorisant l'innovation et les investissements nécessaires à la mise en place d'infrastructures « vertes » dans le domaine de l'eau. La question du financement pérenne de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement devrait continuer d'occuper le devant de la scène dans les discussions internationales sur l'eau selon le rapport de l'OCDE.
Il montre comment la planification financière stratégique et l'association des « 3T » (tarifs, taxes et transferts) peuvent permettre aux gouvernements de combler l'écart entre les financements publics et privés disponibles et les besoins en investissements.
Pour progresser sur la voie des Objectifs du millénaire pour le développement et de ceux qui leur succéderont le cas échéant en vertu d'autres dispositifs internationaux, « il est essentiel de mettre en place un financement pérenne ». Le rapport insiste également sur l'importance capitale que revêt la mise en place d'une gouvernance appropriée aux différents niveaux d'administration et échelons territoriaux pour assurer une réforme durable du secteur. « Des politiques en apparence sans rapport avec l'eau peuvent avoir des répercussions importantes sur ses différents usages » souligne le rapport. « C'est pourquoi les pouvoirs publics devraient se pencher beaucoup plus attentivement sur les interactions qui existent entre les mesures adoptées dans les domaines de l'eau, de l'énergie, de l'agriculture et de l'environnement ».
Une première étape fondamentale vers la levée des obstacles à une plus grande cohérence des politiques consiste à éliminer les anomalies politiques héritées du passé.
À titre d'exemple, l'expérience montre que la réforme du soutien à l'agriculture peut favoriser une utilisation plus rationnelle de l'eau en suscitant une évolution des techniques de production et des plans de culture. Pour Angel Gurría, Secrétaire général de l'OCDE, « Faute d'une modification en profondeur des politiques, nous nous exposons à des coûts élevés sur le plan de la croissance économique, de la santé humaine et de l'environnement. En revanche, un financement pérenne, une gouvernance efficace et des politiques cohérentes peuvent permettre aux gouvernements de mettre à profit le potentiel de l'eau. Des instruments économiques tels que les tarifications, taxes et transferts, les 3T, sont des outils puissants permettant d'assurer une utilisation efficace de l'eau ».
Le rapport de l'OCDE est téléchargeable en cliquant ici