L'agence de l'eau Loire-Bretagne vient de publier pour la première fois en France une étude évaluant l'impact des déchets issus des activités artisanales sur l'eau. Malgré l'important dispositif d'aides mis en place, la grande majorité des déchets dangereux générés sur le bassin ne sont pas encore correctement traités et éliminés.
Depuis 2003, l'agence de l'eau Loire-Bretagne participe activement à la collecte et au traitement des déchets dangereux pour l'eau produits par les PME, PMI et les artisans. Le terme de déchets dangereux englobe des produits hétérogènes (acides, bases ou solvants, emballages souillés, cartouches de filtration, etc.) qui sont tous toxiques.
Certaines substances générées par ces déchets appartiennent d'ailleurs à la liste des substances dangereuses prioritaires de la directive cadre sur l'eau comme les métaux lourds (cadmium, mercure, plomb, nickel), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (anthracène, naphtalène, fluorenthène), les hydrocarbures aromatiques volatils (benzène?), le chloroforme etc.
L?agence a donc mis en place un dispositif d'aides important en proposant notamment une subvention de 50 % en déduction directe de la facturation au client, par un prestataire conventionné. En 2005, près de 4.800 établissements du bassin ont bénéficié de ce dispositif et 12.000 tonnes de déchets ont été collectés et éliminés dans des centres de traitement homologués.
En 2006, l'agence de l'eau a engagé une étude pour quantifier le gisement de ces déchets et leur impact en terme de pollution.
C'est la première fois qu'une campagne de mesures de la pollution émise dans l'eau par les déchets dangereux issus des activités artisanales est menée en France. La campagne de mesures a concerné 5 secteurs d'activité - garages, imprimerie, pressings, mécanique générale, photographes - et près d'une quarantaine de déchets (liquides, solides et pâteux) ont été analysés. Les analyses ont porté sur la toxicité (matières inhibitrices), les métaux lourds (métox) et sur les 33 substances dangereuses prioritaires au titre de la directive cadre sur l'eau.
L?étude révèle notamment qu'à l'échelle du bassin, les déchets dangereux représentent un gisement total de 107 000 tonnes dont 54 000 tonnes sont susceptibles d'être aidés financièrement par l'agence, ce qui représente un potentiel toxique important.
Or, seuls 18% de ce gisement sont aujourd'hui captés par le dispositif d'aide de l'agence. La photographie, l'imprimerie et le traitement des revêtements de métaux représentent près de 85% des pressions sur le paramètre métox. Pour les AOX, ce sont les pressings, la mécanique générale et la réparation de mécanique agricole qui représentent plus de 90% des pressions. Concernant les matières inhibitrices, l'entretien et la réparation des véhicules automobiles, la mécanique générale et le traitement des métaux exercent à eux seuls 50% des pressions.
Les résultats de cette étude sont accessibles sur le site de l'agence : http://www.eau-loire-bretagne.fr