Objectifs du Millénaire : traduire les engagements politiques en actions ? La treizième session de la Commission du développement durable s'est réunie du 11 au 22 avril dernier, au siège des Nations-Unies à New York. L?objectif de cette session était de définir un plan d'actions composé de mesures concrètes pour accélérer la mise en ?uvre des objectifs du millénaire liés à l'eau et à l'assainissement. Rappelons que dans le domaine de l'eau, les objectifs du millénaire, fixés en 2000 pour l'eau potable et étendus en 2002 à l'assainissement, consistent à réduire de moitié d'ici 2015 le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable ou à un assainissement de base. Concrètement, ces objectifs lorsqu'ils ont été défini, supposaient que chaque année, plus de 300.000 personnes bénéficient chaque jour d'un branchement à l'eau potable et 400.000 d'un accès à l'assainissement. A moins de dix ans seulement de l'échéance fixée, où en sommes-nous ? Le bilan, examiné au cours de la treizième session de la Commission du développement durable, paraît pour le moins mitigé. Exception faite du continent asiatique, les progrès enregistrés restent largement insuffisants. Selon un récent rapport publié conjointement par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, la mortalité infantile et l'accès à l'eau potable et à l'assainissement sont les domaines où les retards sont les plus importants. Entre 1990 et 2002, plus d'un milliard de personnes ont accédé à une eau de bonne qualité et à des installations sanitaires décentes. Mais pour atteindre les objectifs du millénaire, c'est 1,6 milliard de personnes supplémentaires qui doivent accéder à l'eau potable et 2,2 milliards à des installations sanitaires de base. Autant dire que si dans le domaine de l'eau potable, l'objectif reste tout juste atteignable, dans le domaine de l'assainissement, il relève de la gageure. Dans tous les cas, l'atteinte de ces objectifs va exiger un engagement politique fort, sans rapport avec celui qui a prévalu jusqu'à maintenant. Il devra se traduire par une augmentation des investissements qui devront être portés, pour le seul secteur de l'eau, de 80 à 180 milliards de dollars par an. Et ces financements, à supposer qu'ils soient débloqués, ne suffiront pas. Car il faut aussi s'assurer qu'ils soient bien employés. Pour cela, il faut inciter les gouvernements à définir des politiques nationales, promouvoir une gestion concertée de la ressource, impliquer les autorités locales dans les processus de décision, adapter les actions engagées aux réalités locales en évitant de transposer des solutions inadaptées, et mesurer de façon régulière les progrès accomplis. Face à ces impératifs, quelles sont les conclusions de la Commission du développement durable à laquelle ont participé pas moins de 100 ministres et hauts fonctionnaires chargés des questions d'eau, d'assainissement, de santé, de finances, de commerce ou d'environnement ? Le plan d'actions attendu ressemble plus à une énumération de recommandations déjà connues qu'à un véritable plan stratégique. En se bornant à recommander une augmentation substantielle des ressources financières et de l'aide publique au développement et un soutien aux efforts des gouvernements en matière de bonne gouvernance, le document final dissimule mal la faiblesse, voire l'absence d'un véritable dispositif susceptible de faire avancer les choses. Du coup, il laisse planer le doute sur l'engagement réel de la communauté internationale en faveur des objectifs fixés, et pire encore, sur l'utilité de telles conférences.