Orège est en train de réaliser le troisième déploiement en France de son procédé SLG qui permet de conditionner, d'épaissir, de déshydrater et de valoriser les boues municipales et industrielles. Cette technologie de rupture autorise une séparation de phases immédiate et franche, qui a pour effet d'épaissir la boue et d'optimiser sa déshydratabilité tout en générant un centrât de qualité. Ce nouveau contrat élargi le positionnement de la technologie SLG vers la résolution des problématiques de nuisances olfactives. Il marque en ce sens une nouvelle étape importante de son développement. Rencontre avec Pascal Gendrot, Directeur Général d'Orège.
Revue
L’Eau, L’Industrie, Les Nuisances : Quels enseignements tirez-vous de ce
nouveau déploiement de la technologie SLG en région Provence-Alpes-Côte d'Azur
?
Pascal
Gendrot : Cette implantation de la technologie SLG a eu lieu
sur une station d'épuration inaugurée il y a deux ans. Bien qu'enterrée en
centre-ville et sous une plage du littoral méditerranéen, elle connaissait de
graves nuisances olfactives qui faisaient l'objet de nombreuses plaintes des
riverains. En outre, les exploitants devaient faire face à un problème de
rendement des épaississeurs présent sur le site, avec notamment un taux de
capture très faible, proche de 60 %. L’intégration de la technologie SLG
répondait donc à un triple enjeu : l'élimination des odeurs, l'amélioration
significative du rendement de l'atelier boues, et plus largement de la station
d'épuration considérée dans sa globalité.
Revue
E.I.N. : Ou en sommes-nous aujourd'hui ?
P.G. :
Orège a implanté sur le site deux unités SLG d'une capacité de traitement de
25 m³/heure chacune. Les résultats font apparaitre aujourd'hui un abattement
significatif des molécules odorantes et une élimination des nuisances
olfactives qui constituaient la problématique principale à laquelle étaient
confrontés les exploitants. Mais on a pu également observer une amélioration
très nette de l'épaississement des boues, ce qui permet d'absorber plus
facilement les pics de fonctionnement de la station en période estivale. Le
taux de capture s'est considérablement amélioré : il s'est stabilisé à un
niveau très élevé depuis un an et atteint même 98 à 99 % depuis 6 mois.
Revue
E.I.N. : Ou en est aujourd'hui la technologie SLG au plan technique ?
P.G.: Le développement
technologique est continu et la technologie SLG évolue régulièrement. Moins en
termes de conception générale qu'en termes de combinaisons, par exemple avec un
outil de séparation que nous appelons le Flosep. Il s'agit d'un flottateur
séparateur dynamique très rapide qui permet de positionner la combinaison
SLG/Flosep non seulement sur les applications de pré-déshydratation et
déshydratation comme nous le faisons depuis 2 ans, mais aussi en
flottation-épaississement en sortie de bassins. Cela nous permet d'obtenir une
qualité de filtrat exceptionnelle ? nous sortons des filtrats de moins de 100
ppm de DCO et moins de 50 ppm de MES - en enchainant ensuite sur une étape de
déshydratation en ayant épaissi très largement, jusqu'à un facteur de 15 à 20,
l'effluent brut prélevé en sortie de bassin. Ce développement nous permet de
nous positionner très en amont de l'atelier boues, sur des boues liquides ou
épaissies en pré-déshydratation ou en déshydratation.
Revue
E.I.N. : Qu'est-ce qui freine encore aujourd'hui l'essor de cette technologie ?
P.G.: Plus rien. L’intégration
d'Orège au sein du groupe Eren assure au plan financier une stabilité
bienvenue. Au plan technique, nous avons largement fait la preuve de l'intérêt
du SLG sur plusieurs types d'applications, aussi bien en milieu urbain qu'en
milieu industriel. Tout ceci explique sans doute la progression impressionnante
des manifestations d'intérêt que nous observons depuis 4 mois. Le seul frein
qui subsiste, c'est la structuration des équipes Orège et plus précisément
l'intégration de chefs de projets polyvalents, capables de gérer des projets de
A à Z, en France comme à l'étranger.
Revue
E.I.N. : Combien de sites ont aujourd'hui recours à cette technologie ?
P.G.: Nous déployons
notre troisième projet en France et 4 ont lieu en ce moment même, en
Angleterre, en Belgique, Italie et Grèce. Nous travaillons par ailleurs sur une
bonne trentaine de projets, certains très avancés, qui pourraient trouver leur
concrétisation dès cette année. Ils sont assez diversifiés et concernent un
nombre variable d'unités SLG, le plus souvent de 1 à 4. 25 d'entre eux
concernent des applications urbaines et 5 des applications industrielles. Sur
deux stations d'épuration, on devrait assister à un déploiement quantitatif
important avec plus de 10 SLG. Nous nous apprêtons notamment à implanter dans
le sud de la France, près de Montpellier, 4 SLG de plus de 50 m3 de débit
hydraulique chacun, sur une station d'environ 450.000 EH. Ce contrat concerne
une application de déshydratation en amont de centrifugeuses, de boues
digérées.
Revue
E.I.N. : Quels sont vos objectifs à court et moyen terme en France et à
l'international ?
P.G.: Outre la France,
notre développement commercial se focalise sur 8 pays : la Grande-Bretagne, le
Benelux, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Grèce, les Etats-Unis et le
Canada. Nous mettons en place actuellement sur chacun de ces marchés des
équipes structurées qui travaillent sur l'aboutissement de nombreux projets.
Plusieurs contrats-cadre sont par ailleurs en négociations parfois avancés avec
des acteurs internationaux d'envergure. Nous venons de dépasser l'effectif de
50 personnes et nous ambitionnons de franchir le cap des 80 salariés d'ici la
fin de cette année.
Revue
E.I.N. : L’essentiel de votre développement semble de situer à l'international.
Pour quelle raison ?
P.G.: Rappelons quand
même que nos trois premières références se situent en France. Mais c'est vrai
que notre développement pourrait connaitre un développement plus accéléré à
l'international du fait des spécificités des différents marchés nationaux. En
Angleterre, une dizaine de « Water Company » jouissent d'exclusivités
régionales sans que la concurrence s'en trouve exacerbée. En Allemagne,
l'essentiel du marché est tenu par des régies municipales indépendantes, de
même qu'aux Etats-Unis et le marché est très atomisé. Paradoxalement, il est
donc plus facile de cheminer sur ces marchés. Il faut également tenir compte
d'un autre phénomène qui concerne la conjoncture économique, toujours difficile
en France, sans parler de la situation financière des collectivités locales,
qui s'avère parfois très problématique...
Revue
E.I.N. : Quels sont les développements techniques sur lesquels vous travaillez
en ce moment ?
P.G.: Nous travaillons
essentiellement sur des applications industrielles et plus particulièrement sur
la séparation de sous-produits susceptibles d'être valorisés. Je pense par
exemple aux hydrocarbures. Nous travaillons sur un programme de développement
qui pourrait permettre de séparer, de récupérer et de valoriser les
hydrocarbures présents dans les boues. Il pourrait déboucher sur des
applications concrètes dans quelques mois.
Propos
recueillis par Vincent Johanet