Le système d'identification des pièces de voirie et réseaux enterrés présenté par Saint-Gobain Pam à la fin de l'année transforme les regards, grilles, bouches d'égout, avaloirs en pièces de voirie communicantes. Cette innovation traduit bien l'évolution importante observée ces dernières années sur la manière dont les villes et les collectivités gèrent leurs réseaux enterrés.
Quoi de plus banal a priori qu'une bouche d'égout, qu'un regard ou encore qu'un avaloir ? Ces pièces, que l'on appelle des émergences, ont été conçues et fabriquées pour se fondre dans le décor urbain et se faire oublier. Elles ne doivent créer aucune gène, à fortiori aucun danger, pour les usagers de la voirie, qu'ils soient piétons, cyclistes ou automobilistes.
Dans le même temps, elles doivent assurer leur rôle convenablement et en toutes circonstances, sous peine de rendre l'environnement urbain totalement impraticable, voire dangereux. Ces pièces de voirie, que l'on considère trop souvent à tort comme des accessoires, sont en réalité essentielles au bon fonctionnement des réseaux dont elles constituent les portes d'accès.
Des portes d'accès pour les eaux pluviales, bien sûr, mais aussi pour les hommes, les égoutiers, ainsi que pour de nombreux équipements tels que les robots de surveillance, les équipements de télégestion ou de télécommunications. Ce sont donc des pièces beaucoup plus techniques qu'on ne le pense généralement. D?autant que les fonctions qui leur sont assignées se sont considérablement multipliées ces dernières années.
Les pièces de voirie : des fonctions multiples
Véritables interfaces entre la chaussée et les réseaux, les pièces de voirie doivent d'abord satisfaire à de nombreux critères de performance et de qualité, d'ordres mécaniques. Elles doivent d'abord être simples à mettre en ?uvre, même dans les conditions de chantiers les plus difficiles. Elles doivent ensuite résister aux contraintes de trafic en terme de sécurité, mais aussi présenter des garanties de stabilité pour les usagers de la voirie et de silence pour les riverains. Elles doivent également faciliter l'accès aux agents d'exploitation en étant facilement man?uvrables.
Dans le même temps, elles doivent pouvoir être verrouillées pour répondre aux besoins spécifiques de protection contre le vol, le vandalisme ou encore l'intrusion. Elles doivent ensuite satisfaire à de nombreux critères hydrauliques. Dans certains cas, il importe que certaines émergences ne laissent pas passer les eaux pluviales. Il faut alors travailler l'étanchéité des pièces et développer des solutions pour que l'eau ne pénètre pas dans les cheminées. Dans d'autres cas, les pièces devront au contraire assurer l'évacuation rapide de débits très importants.
Autant d'exigences qui se sont multipliées ces dernières années. Daniel Débois est responsable marketing assainissement chez Saint-Gobain PAM. Il explique : « La fonction de ce que l'on appelle communément une plaque d'égout a beaucoup évolué ces 15 dernières années. Leur vocation première était de boucher un trou. Aujourd'hui, leurs fonctions dépasse de très loin cette fonctionnalité basique car on ne gère plus un réseau d'assainissement comme on le gérait il y a une quinzaine d'années ». Le réseau n?est plus ce dispositif d'évacuation qui doit se faire oublier. Désormais, il s'instrumente et il s'exploite. « On n?y accède plus fréquemment, on y introduit des équipements et des matériels, on prends conscience de son importance, de sa valeur patrimoniale et on cherche à optimiser son exploitation » souligne Daniel Débois.
Du coup, les pièces de voirie qui en sont les portes d'accès sont plus fréquemment sollicitées. Il faut donc travailler les performances mais aussi l'ergonomie afin de diminuer la pénibilité pour les personnels. Et si le mode d'exploitation des réseaux a changé, l'environnement urbain a lui-même beaucoup évolué. La collecte des eaux pluviales de ruissellement est devenue un enjeu majeur.
Le développement des surfaces imperméabilisées a considérablement accru les volumes à collecter. Les dispositifs visant à filtrer les flottants sont devenus indispensables. Omniprésentes en environnement urbain, les pièces de voirie assurent désormais une fonction sécurité essentielle.
Du coup, il faut travailler la glissance des surfaces et optimiser les performances hydrauliques : plus vite les pluviales disparaissent de la chaussée et des trottoirs, plus vite ceux-ci deviennent sûrs. Bref, en quelques décennies, les pièces de voirie ont perdu leur statut d'accessoire passif pour devenir les composants actifs d'un réseau d'eau.
Fort de ce constat, Saint-Gobain Pam a présenté fin 2006 une solution innovante qui permet aux pièces de voirie de franchir une nouvelle étape en devenant communicantes. Objectif : optimiser la gestion des réseaux d'eau.
Optimiser la gestion des réseaux d'eau grâce à la voirie communicante
La solution présentée par Saint-Gobain Pam, baptisée IVOIRE, acronyme de « Identification des pièces de VOIrie et des Réseaux Enterrés », jette les bases d'une gestion intégrée des réseaux urbains. Le système, très simple, se compose de puces RFID (Identification radio fréquence), qui fonctionnent sans nécessiter d'énergie et qui sont insérées dans les pièces de voirie, qu'elles soient neuves ou déjà en service.
Chaque puce, unique, permet d'identifier sans risque d'erreur la pièce dont elle est partie intégrante. Elle permet également de stocker de façon fiable des données liées par exemple à la traçabilité fabricant et maitre d'ouvrage ou bien des données qui permettront de créer puis d'alimenter le « carnet de santé » de chaque pièce, la nature des interventions d'entretien effectuées, des inspections programmées, etc'
Mais leur intérêt ne s'arrête pas à ce qui concerne les pièces de voiries. Car ses puces peuvent également stocker des données relatives aux réseaux et aux ouvrages souterrains desservis et fournir par exemple un certain nombre d'indications liées à la description et aux spécificités des canalisations, des regards et des chambres localisés à proximité de la pièce de voirie.
Au total, c'est tout le pedigree du réseau et de ses composants qui peut être mémorisé dans ses fameuses puces. Avec pour avantage principal, la possibilité d'optimiser la gestion des informations et les échanges entre les différentes parties prenantes dans la gestion des réseaux : les équipes de terrain, le service assainissement, les services centraux de voirie et, lorsqu'il en existe, les exploitants des systèmes d'information géographiques. Les applications possibles du système sont donc très nombreuses. Toutes permettent de faire « parler » le réseau sans y pénétrer et sans même avoir à s'en approcher.
On peut par exemple gagner en sécurité en consultant des informations clés pour la réalisation d'interventions et ainsi minimiser les risques liés à la présence éventuelle d'H2S. On peut optimiser la gestion des éléments constitutifs du réseau grâce à une connaissance plus fine des éléments qui le composent et en assurant un meilleur suivi des opérations périodiques d'entretien et de contrôle. On peut gagner en traçabilité en disposant d'un compte rendu précis des dernières interventions réalisées. On peut s'assurer de façon certaine qu'une intervention a bien été effectuée grâce à l'acquisition du numéro de la puce par le terminal.
Et tout cela de façon simple, puisqu'en dehors de la puce qui fait partie intégrante de la pièce de voirie, le système ne se compose que d'un terminal mobile de type Pocket PC dédié à la lecture/écriture des puces RFID et d'un logiciel qui permet, lors de la connexion du terminal avec le PC, le transfert et le traitement des données.
Le système, présenté lors de Pollutec 2006, a fait l'objet d'une phase d'expérimentation avec plusieurs collectivités pilotes. « Perçu de prime abord comme étant avant-gardiste, il est très favorablement accueilli par les gestionnaires de réseaux lorsque ceux-ci prennent conscience du parti qu'ils peuvent en tirer » indique Xavier Dory, responsable de projet chez Saint-Gobain PAM. « L?approche première des exploitants consiste généralement à équiper en priorité les points névralgiques tels que des déversoirs d'orage, les postes de relèvement mais aussi les avaloirs, les grilles avec seaux à boues, c'est-à-dire en règle générale tous les ouvrages qui nécessitent un entretien régulier ».
Le système IVOIRE est actuellement en phase de commercialisation sur l'ensemble de l'hexagone.