L?étude Ecophyto R&D, menée par l'Inra à la demande des ministres chargés de l'agriculture et de l'environnement dresse un état des lieux détaillé sur l'utilisation des pesticides en France. Elle identifie quelques pistes d'actions pour engager la mise en ?uvre des changements avec l'objectif fixé par le gouvernement de réduire en moyenne de 50% les quantités de pesticides utilisés « si possible » d'ici 2018.
L?utilisation des pesticides a permis d'augmenter considérablement les rendements tout en régularisant le volume de la production. Mais la prise de conscience des impacts écologiques et sanitaires liés à leur utilisation, notamment sur les ressources en eau, a placé cette problématique au centre des débats sur l'agriculture et l'environnement.
Cette évolution a d'ailleurs conduit à une réorientation aussi prudente que progressive des politiques publiques en la matière. Le Grenelle de l'Environnement s'est voulu plus volontariste en élaborant le plan Ecophyto 2018 qui vise à réduire « si possible » de 50% les usages des pesticides dans un délai de 10 ans.
Ce plan s'inscrit également dans un cadre d'action communautaire puisque la directive du 21 octobre 2009 impose aux États membres d'adopter des plans d'action nationaux. Ces plans doivent viser à réduire les risques et les effets de l'utilisation des pesticides sur la santé humaine et l'environnement et réduire notre dépendance à l'égard de l'utilisation des pesticides.
L'étude Ecophyto R&D a donc été menée dans ce double contexte national et communautaire.
Que retenir de cette étude ? D?abord qu'une baisse de l'ordre du tiers de l'utilisation des pesticides par rapport à 2006 est possible avec des changements significatifs de pratiques mais sans bouleversement majeur des systèmes de production et avec des effets réduits sur les niveaux de production et les marges selon les secteurs de production et les niveaux de prix. En grandes cultures, qui représentent la majorité des surfaces et de l'utilisation des pesticides, les marges seraient peu ou pas touchées mais une baisse de production de 6% serait observée. L'étude liste également les actions propres à permettre une réduction des utilisations de produits phytosanitaires via la conception, la diffusion et l'adoption de systèmes de culture économes en pesticides.
En revanche, et c'est là l'autre enseignement essentiel de cette étude, une réduction de moitié de l'utilisation des pesticides supposerait une nouvelle conception des systèmes de production, avec des effets significatifs sur le niveau de production et les marges. Elle supposerait également des modifications au niveau des filières et des marchés et des changements profonds s'inscrivant dans la durée. Par exemple, en grandes cultures, cet objectif impliquerait d'allonger les rotations et donc d'introduire de nouvelles cultures dans les assolements.
Selon, les experts de l'Inra, il faudrait, pour rendre possible l'ambition affichée lors du Grenelle de l'Environnement, modifier profondément le fonctionnement des exploitations et des filières agricoles et mettre en place des dispositifs de soutien financiers. Mais il faudra également modifier les habitudes des consommateurs car avec moins de pesticides, l'aspect des fruits et légumes ne concordera plus forcément avec leurs attentes.
En termes de politique publique, l'étude confirme que des politiques de taxation et de subventions pourraient être incitatives pour accompagner les évolutions nécessaires. Mais celles-ci devraient s'inscrire dans une durée compatible avec la diffusion de pratiques économes.