Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche, a présenté le 10 septembre dernier un plan visant à réduire de 50 % l'usage des pesticides, « si possible » en 10 ans. Il prévoit également le retrait du marché des préparations contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes, dont 30 avant fin de l'année 2008.
Ce plan, baptisé « Ecophyto 2018 », s'inscrit dans le droit fil du Grenelle de l'environnement. Il a été élaboré sur la base des conclusions d'un groupe de travail associant les représentants des utilisateurs, des fabricants, des élus, des scientifiques, des ONG, des administrations et présidé par Guy Paillotin, secrétaire perpétuel de l'Académie d'Agriculture.
Il prévoit notamment de mieux de mieux diffuser les bonnes pratiques agricoles économes en pesticides, de garantir la compétence de l'ensemble des acteurs, de dynamiser la recherche agronomique et l'innovation et d'améliorer l'information des agriculteurs en temps réel sur la présence des maladies et ravageurs des cultures pour mieux cibler les traitements.
Un réseau de 3000 fermes pilotes sera créé. Un dispositif d'épidémio-surveillance informatisé permettra de mutualiser les observations phytosanitaires réalisées par tous les acteurs de terrain. Un indicateur de suivi sera mis en place dès 2008 pour vérifier la diminution effective de l'utilisation des pesticides non seulement dans le secteur agricole mais aussi en zone non agricole.
Le plan, dont le coût est évalué à 206 millions d'euros sur les trois premières années, s'accompagne par ailleurs du retrait du marché des préparations contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes dont 30, correspondant à plus de 1500 préparations commerciales, avant fin 2008.
France Nature Environnement, qui s'est fortement impliquée sur l'objectif de réduction de 50% de l'usage des pesticides lors des négociations du grenelle, reste très vigilante sur sa mise en ?uvre. Pour Jean-Claude Bévillard, Secrétaire national de FNE, chargé des questions agricoles : «Une volonté politique apparaît pour réduire l'utilisation des pesticides et ce plan est globalement satisfaisant. Il est essentiel désormais d'assurer le suivi de cet objectif de réduction ».
De leur côté, les fabricants de pesticides jugent ce plan « irréaliste ». Quant à la FNSEA, elle insiste sur l'importance du « si possible » associé à l'échéance de dix ans'
Rappelons que les pesticides sont présents sur une grande partie de nos cours d'eau et de nos eaux souterraines. Selon les chiffres 2005 publiés par l'IFEN, ils étaient présents dans 91% des points de mesure des cours d'eau et dans 55% de ceux concernant les eaux souterraines.
Et les niveaux de contamination sont souvent significatifs. En eaux de surface, 36 % des points de mesure ont une qualité moyenne à mauvaise. En eaux souterraines, 25 % des points nécessiteraient un traitement spécifique d'élimination des pesticides s'ils étaient utilisés pour la production d'eau potable.