Conçu dans le cadre du Grenelle de l'environnement, le plan Ecophyto avait pour objectif de réduire de 50% « si possible » l'utilisation des produits phytosanitaires. Six ans après son lancement fin 2008, le plan n?a pas produit de résultats tangibles. Pire : entre 2009 et 2013, l'emploi de produits liés à l'agrochimie a augmenté de 5%.
Dominique Potier, député PS de Meurthe-et-Moselle, a remis au Premier ministre le 23 décembre dernier son rapport d'évaluation du plan Ecophyto, en présence de Ségolène Royal et de Stéphane Le Fol, ministres de l'écologie et de l'agriculture.
Le constat d'échec est sans appel. « Le décalage entre les résultats obtenus et le rythme initialement visé (-50% en 10 ans) est flagrant », indique le rapport. « En caricaturant à l'extrême, on pourrait dire que le plan Ecophyto a péché par idéalisme, en misant trop exclusivement sur une approche d'incitation au changement de pratiques, et sur la diffusion d'un corpus de bonnes pratiques supposé préexistant et méconnu des praticiens ».
Lourd, redondant, peu lisible, Ecophyto n?a même pas produit les 15 à 20% de diminution assez généralement admise comme devant résulter d'une simple optimisation des pratiques telle que l'amélioration d'efficience des applications de phytosanitaires, l'adoption d'alternatives de fiabilité et coûts acceptables'etc. « Le plan n?a pas d'emprise sur les leviers majeurs de l'usage des pesticides que constituent le choix des cultures, des systèmes de culture et de gestion de l'espace », constate l'auteur.
Au niveau national, le recours aux produits phytosanitaires a augmenté de 5% en moyenne entre 2009 et 2013 et de 9,2% entre 2012 et 2013. Une analyse de l'évolution des indicateurs de référence par catégories de produits montre une augmentation du recours aux herbicides et aux fongicides et une diminution du recours aux insecticides.
Les zones non agricoles enregistrent une diminution globale de 3,4% entre 2009 et 2013 tandis que les zones agricoles restent stables sur la période.
Manuel Valls a donc chargé les ministres Ségolène Royal et Stéphane Le Foll d'engager un nouveau plan de réduction de l'utilisation des pesticides en France. Ils pourront s'appuyer sur les quelques 68 recommandations contenues dans ce rapport qui réaffirme au passage la nécessité pour notre agriculture de sortir de l'impasse d'une excessive dépendance aux pesticides de manière à éviter une perte de compétitivité future.
Ségolène Royal a pour sa part annoncé son intention de faire de la réduction des herbicides dans l'eau une priorité en fixant notamment des Normes de Qualité Environnementale (NQE) pour les trois substances les plus présentes dans l'eau.
Le rapport au Premier ministre « Pesticides et agro-écologie : les champs du possible » est téléchargeable à l'adresse : http://agriculture.gouv.fr/rapport-pesticides-Potier