Finalement, on l'a eu le plan Eau, dans le cadre emblématique du multi-usage et des défis auxquels le lac de Serre-Ponçon, ce réservoir de 10% de la production hydroélectrique nationale, se trouve exposé avec le changement climatique. Dans une ambiance bien française, marquée entre autres par les tensions croissantes sur la ressource en eau et les rapports successifs pointant la contamination des ressources en eau par des polluants émergents, le plan a été présenté par le président de la République, lui-même.
Depuis le 30 mars, en récit, en images, les réactions se multiplient. On découvre les enjeux…
Du côté des professionnels, reprenant leurs esprits,
après avoir égrainé les 53 mesures, si le
plan du gouvernement contient plusieurs bonnes nouvelles telles que les efforts de sobriété, de réutilisation
des eaux usées, de pluie, la tarification progressive de l’eau, tous appellent à aller plus loin, vers un véritable
changement de modèle et une gestion de l’eau portée exclusivement par l’intérêt
général. Tous plaident pour une évolution de la politique de l’eau au plus près
des territoires.
L’eau doit devenir une matrice des politiques publiques, écrit France Eau Publique dans son communiqué.
Au regard des tensions croissantes qui pèsent sur la ressource en eau, Syntec-Ingénierie appelle à de vrais changements sociétaux. Modification des pratiques culturales et phytosanitaires associées, désimperméabilisation des surfaces en ville, et fin du « tout à la rivière » sont tout autant indispensables à la mise en œuvre des changements profonds attendus.
Appuyant qu’avec l’ingénierie publique et la recherche scientifique, les entreprises d’ingénierie, soit 73 000 entreprises sur le territoire dont près de 10% des collaborateurs spécialistes de l’eau, constituent le troisième pilier scientifique et technique sur lequel doit s’appuyer la réponse à ces enjeux, et qu’elles sont mobilisées sur l’ensemble du territoire français depuis des dizaines d’années.
Pour la première fois, ce plan engage la France, très en retard dans le domaine de la Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) en fixant pour objectif de passer de 1% à 10% de ces eaux d’ici à 2030, se félicite l’ATEP. « Un objectif au final assez modeste et parfaitement réalisable puisqu’il existe des solutions françaises destinées aux usagers-consommateurs français pour contribuer significativement à cette ambition nationale en réduisant individuellement leur consommation d’eau potable dans leurs usages domestiques » commente toutefois son président Marc Sengelin.
Pour Régis Taisne, chef du département Cycle de l’eau à la FNCCR et Jean-Luc Ventura, président de l’UIE, le plan eau au fil des mesures se heurte avant tout aux questions de la hiérarchie des usages et des moyens. Pas question pour eux de faire l’impasse sur les pratiques industrielles et agricoles qu’on autorisait et d’amputer une nouvelle fois le petit cycle de l’eau de ses maigres capacités de financement.
A lire dans ce numéro l’interview des
deux représentants des fédérations, on voit bien que ce plan eau n’est ni
grand, ni exigeant. Mais il existe. Devenue enfin visible, la gestion de l’eau
entame sans aucun doute une nouvelle histoire. Et c’est peut-être, pour l’instant,
l’essentiel.
Pascale Meeschaert