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Actualités internationales

Plusieurs pays arabes pourraient subir une grave pénurie d'eau dès 2015

30 novembre 2010 Paru dans le N°336 ( mots)

Le Forum arabe pour l'environnement et le développement (AFED) a présenté à l'occasion de sa conférence annuelle qui s'est tenue les 4 et 5 novembre dernier son rapport annuel sur l'eau intitulé « Une gestion durable pour une ressource rare ». Ses conclusions sont alarmistes : sans mesures urgentes, plusieurs pays arabes risquent une grave pénurie d'eau dès 2015.

Le constat est sans appel : aujourd'hui, treize pays arabes figurent déjà parmi les 19 pays du monde les plus pauvres en eau. D'ici cinq ans, chaque habitant du monde arabe devra survivre avec moins de 500 m3 d'eau par an, soit moins d'un dixième de la moyenne mondiale qui avoisine les 6.000 m3. En cause, une ressource limitée et déjà surexploitée, une forte croissance démographique - 385 millions d'habitants aujourd'hui mais 650 millions à l'horizon 2050 selon l'ONU - mais aussi une gestion défaillante de la ressource. Si l'on ajoute à cela le changement climatique qui pourrait générer d'ici la fin du siècle une baisse de 25% des précipitations associée à une hausse de 25% des taux d'évaporation, on a là tous les ingrédients d'une crise sévère. Crise qui pourrait toucher l'ensemble du monde Arabe car même si les situations varient selon les pays, d'ici cinq ans, indique le rapport de l'Afed, seuls l'Irak et le Soudan afficheront plus de 1.000 m3 par habitant, si leurs sources d'approvisionnement en provenance de la Turquie pour l'un, de l'Ethiopie pour l'autre, se maintiennent au niveau actuel. Les besoins dépassant très largement les disponibilités, l'Afed prône la mise en place de mesures urgentes et un changement radical des pratiques et des mentalités. Il faut, selon les auteurs du rapport, réaffecter une partie des énergies employées à la recherche de nouvelles ressources vers l'élaboration d'une gestion plus durable de la ressource. Parmi les mesures à adopter prioritairement, l'Afed cite une réallocation des usages en fonction des besoins, un recours systématique à la réutilisation des eaux usées et un meilleur usage des eaux dessalées, « trop souvent utilisées pour irriguer des cultures de peu de valeur voire des terrains de golf » selon le rapport. « Il est urgent de changer de stratégie pour passer d'une logique de développement des ressources en eau vers une logique d'amélioration de la gestion de ses ressources et de rationalisation des usages en encourageant notamment la réutilisation » a ainsi indiqué le Dr Abdel Rahman Al-Awadi Président du Comité exécutif de l'Afed. « Avant d'investir des capitaux dans l'augmentation des réserves, il convient de réduire les pertes en eau et d'améliorer l'efficacité des usages actuels. Cela implique une réorientation des politiques publiques qui doivent passer du rôle de pourvoyeur de ressources vers un rôle plus orienté vers l'élaboration d'une régulation et d'une réglementation plus raisonnée ». Un point de vue partagé par le Dr Habib Habr, Directeur régional du PNUE, pour qui « Le problème majeur que connaît la région est le grand déséquilibre entre l'offre et la demande en eau d'une part, et d'autre part l'absence de politiques et stratégies nécessaires pour gérer durablement les ressources en eau par rapport à l'augmentation de la population et aux mauvaises pratiques agricoles ». L?Afed préconise également une évolution vers une tarification plus rationnelle de l'eau pour inciter les usagers à utiliser les ressources en eau d'une manière plus durable et mettre fin à un gaspillage généralisé. « L?eau est souvent gaspillée dans le monde arabe du fait des prix relativement faibles et des subventions qui masquent son coût », indique le rapport. Or, « Une eau gratuite est une eau gaspillée » estime l'Afed qui souligne que les prix moyens dans la région ne couvrent que 35% des coûts de production réels de l'eau et seulement 10% de ceux de l'eau dessalée? http://www.afedonline.org/en/