Le réchauffement climatique est aujourd’hui une évidence, même s’il est acquis qu’il ne se manifestera pas partout de la même façon. Certains territoires connaîtront des températures plus élevées, des épisodes de sécheresse plus fréquents et plus aigüs, tandis que d’autres devront faire face à des montées des eaux plus soudaines et d’une intensité plus importante.
Mais dans tous les cas, se préparer aux conséquences du
réchauffement climatique est devenue une nécessité absolue, « une ardente
obligation et un devoir vis-à-vis des générations futures » selon les
termes du rapport publié le 26 juin dernier par la mission d’information sur la
ressource en eau de l’Assemblée Nationale.
En quelque 206 pages, le rapport des députés Adrien Morenas et Loïc Prudhomme[i] s’attache à identifier les défis qui se profilent et auxquels nous devrons faire face pour limiter les impacts du réchauffement climatique et préserver la ressource en eau, tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif.
Avec un constat de départ qui le distingue des documents
habituellement consacrés à ce sujet : les enjeux comme les réponses se situent
aux niveaux mondial et européen autant qu’au niveau français.
Au niveau mondial, parce qu’en 2025, c’est-à-dire demain,
plus de la moitié de la population (4 milliards de personnes), vivra dans
des régions subissant de graves pénuries d’eau, selon l’OMS. En 2025 toujours,
en Europe, 30 % de la population sera directement concernée par des tensions
sur l’approvisionnement en eau tout au long de l’année, et 45 % en été, selon
le GIEC. En France, la réduction des quantités d’eau disponibles liées à
l’allongement des périodes de sécheresse s’est traduite, en 2017, dans 84
départements par des arrêtés préfectoraux limitant l’utilisation de l’eau.
Certes, la France ne risque pas, globalement, de connaitre
de pénurie d’eau. Mais dans certains bassins, les tensions qualitatives et quantitatives
sont réelles et appellent des réponses immédiates. En Adour-Garonne, par
exemple, la situation est déjà critique par endroits avec des déficits en eau
qui oscillent entre 20 et 40 %. Ils pourraient atteindre 50% de la consommation
actuelle, soit 1,2 milliard de mètres cube à l’horizon 2050…
Pour faire face à ces lourds défis, le rapport
Morenas-Prudhomme liste une quarantaine de recommandations parmi lesquelles
l’établissement d'un plan national de préparation au changement climatique
(comme l'a fait la Corse) intégrant la question du soutien des étiages, l'autorisation
« très rapide » de la réutilisation des eaux usées traitées pour les
usages non liés à la consommation humaine, ou encore le rôle essentiel des
retenues d'eau qui s’y trouve réaffirmé.
Mais bien d’autres thèmes y sont abordés comme par exemple
les problèmes liés à la sécurisation de la ressource, la mise en place d’un
droit à l’eau effectif, la gouvernance, ou encore le financement de la
politique de l’eau et de la biodiversité.
Bref, un document avec lequel on peut être en désaccord mais
qui présente l’avantage d’ouvrir le débat sur un grand nombre de thèmes à
l’heure où la première séquence des Assises de l'eau qui s’achève donne, au
contraire, le sentiment de focaliser à l’excès sur certains sujets. Cette
première séquence se traduira par la mise en place, dans quelques jours, d’un «
plan antifuites » certes indispensable, mais en faisant l’impasse sur de
nombreux autres enjeux susceptibles d’être localement au moins aussi importants.
On pense par exemple à la protection des ressources en eau, au financement des
services, ou encore au nécessaire renforcement des capacités en maitrise
d’ouvrage, des thèmes essentiels qui n’apparaissent que bien peu dans ces
Assises.
Il est vrai que ces processus nationaux ne s’accordent pas
toujours bien avec la nécessaire prise en compte des contextes locaux…