A une période où se décident les prochaines grandes orientations économiques, sociales et environnementales, la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau (FP2E) apporte sa contribution au débat. Parmi les solutions proposées, une relance massive des investissements et un soutien plus franc à l’innovation par la mise en œuvre de dispositifs incitatifs et de nouveaux modèles économiques.
En France, l’eau du robinet est de bonne qualité pour près de 96 % des consommateurs. Mais ce chiffre cache d’importantes disparités entre la qualité de l’eau distribuée dans les villes et celle de l’eau distribuée dans les zones rurales, accréditant progressivement l’idée d’un service de l’eau à deux vitesses. En zones rurales, le taux de non-conformités de la qualité de l’eau est 20 fois supérieur à celui des zones urbaines…
Par ailleurs, les services gérés par des
délégataires, plus fréquemment dans les grandes villes, connaissent 4 fois moins
de non-conformités microbiologiques que les petites unités de distribution
d’eau dans les zones rurales. Des écarts qui s’expliquent le plus souvent, en zones rurales, par des
infrastructures plus décentralisées et plus ramifiées et une difficulté à mobiliser
les financements nécessaires.
Le
regroupement des collectivités résultant de la mise en œuvre de la loi NOTRe devrait
certes permettre de favoriser la mutualisation des moyens et l’optimisation des
coûts. Mais pour amplifier le mouvement, la FP2E souhaite permettre aux
collectivités locales de réinvestir dans les infrastructures sans alourdir la
facture d’eau en favorisant une politique volontariste en matière
d'investissement.
Parmi
les orientations proposées, la sanctuarisation du principe selon lequel « l’eau
paie l’eau » et donc la fin des ponctions de l’Etat sur le budget des agences
de l’eau et de l’Onema (175 et 80 millions d’euros/an), l’autorisation pour les
agences de subventionner le renouvellement des canalisations ou encore la
possibilité pour les Régions de mobiliser les fonds européens au bénéfice des
collectivités locales.
La
FP2E réclame également un soutien plus massif en faveur de l’innovation,
notamment par le biais d’une série d’adaptations réglementaires. A titre
d’exemple, et du fait d’une réglementation inadaptée, seulement 0,1 % des eaux
usées traitées sont réutilisées aujourd’hui en France, alors que l’objectif
fixé par la Commission européenne est de multiplier par 6 les volumes d’eaux
usées recyclés.
La
FP2E propose également de développer de nouveaux modèles économiques et
contractuels plus audacieux pour favoriser la production d’énergie
renouvelable, de valoriser les sous-produits...etc. Elle insiste sur la nécessité
d’inciter les élus à utiliser leur droit à l’expérimentation et à faire valoir
auprès des préfectures l’importance de l’expérimentation en matière de gestion
de l’eau.
Les
entreprises de l’eau formulent également des propositions très concrètes comme
par exemple le lancement d’un plan national « services d’eau intelligents ». Ce
plan intégrerait une généralisation du télé-relevé pour que celui-ci ne soit
plus réservé aux zones urbaines et la mise en place d’un service « alerte sms
et réseaux sociaux », en cas de pollution, d’interruption momentanée du
service, de risque d’inondations, etc.
« Notre réussite future sera le produit d’une
détermination commune, estime Bertrand Camus, Président de la FP2E. Celle des entreprises de l’eau à poursuivre
leurs recherches et innovations ainsi que leur travail au plus près des
collectivités locales, pour des services plus performants et transparents.
Celle aussi d’un État audacieux, présent sur la scène européenne et engagé aux
côtés d’une filière de l’eau érigée en modèle à l’international, mais parfois menacée
en France dans sa compétitivité et ses capacités à expérimenter ».