Initié en 2008, le plan Ecophyto 1 avait pour objectif de réduire de 50% l'utilisation des produits phytopharmaceutiques dans un délai de 10 ans, si possible. Non seulement le plan n?a pas atteint les résultats escomptés, mais on a observé une augmentation de 5% du recours à ces produits entre la période 2009-2011 et la période 2011-2013. Le gouvernement revient donc à la charge avec une nouvelle mouture, censée générer de meilleurs résultats.
Les bases du plan Ecophyto II reposent sur les recommandations du rapport Potier qui avait constaté que des conditions nécessaires mais non suffisantes avaient été créées pour atteindre l'objectif de réduction de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques.
Globalement, l'objectif de réduction de 50% du recours aux produits phytopharmaceutiques en dix ans est réaffirmé, mais retardé et calé sur une trajectoire en deux temps. Une réduction de 25% à l'horizon 2020, par la généralisation et l'optimisation des techniques actuellement disponibles. Ensuite, une réduction de 50% à l'horizon 2025, est censée reposer sur des mutations des systèmes de production et par les avancées de la science et de la technique.
La transition entre ces deux périodes, dans cinq ans, sera l'occasion d'une nouvelle révision du plan.
Le plan Ecophyto II, copiloté par les ministères en charge de l'agriculture et de l'environnement, reprend certaines actions structurantes comme le réseau de fermes et d'expérimentation DEPHY, le dispositif de certificat individuel Certiphyto, les outils de diffusion d'information comme les bulletins de santé du végétal ou le portail de la protection intégrée (EcophytoPIC), ainsi que la sécurisation des utilisations.
Mais le gouvernement compte également mettre les distributeurs de produits phytosanitaires à contribution. Conformément à la loi d'avenir pour l'agriculture, un dispositif expérimental de certificats d'économie de produits phytopharmaceutiques sera mis en place à partir du 1er juillet 2016. Les distributeurs devront s'engager à réduire de 20?% leurs doses phytosanitaires vendues sur cinq ans par rapport à la précédente moyenne quinquennale, avec une pénalité si l'objectif n?est pas atteint.
L?introduction d'un nouvel indicateur de suivi qui remplacerait le NODU, basé sur le nombre de traitements, par un indicateur qui pondérerait les quantités de produit utilisées par leur dangerosité pour l'environnement ou la santé laisse cependant planer un doute sur la volonté réelle du gouvernement de réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques. « Le risque est fort de changer pour un indicateur plus complaisant, indique ainsi la Fondation Nicolas Hulot dans un communiqué. « La Fondation s'alarme que ce débat soit relancé (....) et défendra le maintien de l'indicateur existant lors du nouveau processus de concertation qui devrait aboutir avant fin 2015 ».