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Actualités France

Quand le monde des affaires s'empare du thème de l'eau

28 février 2009 Paru dans le N°319 ( mots)
Quand le monde des affaires s'empare du thème de l'eau l ne s'agit pas d'un énième rapport émanant de certaines institutions spécialisées des Nations-Unies. Son contenu ne recèle aucune information véritablement nouvelle. Pire, la plupart des chiffres et données qui y figurent ont déjà été largement diffusés. En un mot comme en cent, ce rapport n'apprendra pas grand-chose au lecteur un tant soit peu au fait des grands enjeux de l'eau. Et pourtant, sa publication est un événement d'importance. Je veux parler du rapport sur l'eau publié par le Forum économique mondial de Davos qui s'est déroulé le mois dernier en Suisse et dont on pourra lire un bref compte rendu dans les pages qui suivent. On l'aura compris, si la publication de ce rapport constitue un événement, c'est bien moins pour ce qu'il contient que par l'entité qui le publie : pour la première fois, la sphère économique et financière se penche sur la problématique des ressources en eau et prend conscience de l'importance des enjeux qui s'attachent à une gestion plus raisonnable et plus durable de la ressource. Le monde de l'entreprise, notamment les PME implantées localement et donc confrontées aux réalités du terrain, avait déjà pris conscience de l'importance de ces problématiques depuis plusieurs années au point d'intégrer l'environnement en général et la gestion de l'eau en particulier dans leurs critères de gestion courante. Mais cette prise de conscience n'avait encore gagné ni le monde la finance (qui ne manque pourtant pas de sujets de préoccupations ces temps-ci), ni les secteurs de l'économie mondialisée, cette économie « hors-sol », plus habituée à se soucier des réalités fiscales et sociales des territoires sur lesquels elle envisage de s'implanter que des problématiques locales de l'eau. Comment interpréter cet intérêt si soudain? S'agit-il d'une conversion accélérée aux principes du développement durable ? D'un brusque intérêt pour les écosystèmes dont la préservation imposerait une gestion plus rationnelle de l'eau ? D'une volonté de ne pas voir la croissance économique obérée par des pénuries d'eau qui n'auraient pas été anticipées ? Ou, plus prosaïquement, d'identifier les futures zones de croissance économique au regard de l'exploitabilité de leur richesse en eau ? Autrement dit, les ressorts de cette préoccupation sont-ils d'ordre écologique, économique ou social ? Là n'est pas l'essentiel. Ce qui importe, c'est que la nécessité de mettre en place une gestion plus rationnelle de l'eau s'impose peu à peu dans toutes les régions du monde et dans les sphères institutionnelles, politiques, économiques et même financières, comme une nécessité désormais incontournable. Car cette prise de conscience du monde économique pour les problématiques de l'eau donne un relief nouveau aux appels comme celui que l'Onu vient de lancer en plaidant pour un « New Deal » écologique mondial et en enjoignant les pays du G20 à consacrer au moins 1 % de leur PIB à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi qu'à la protection des écosystèmes et des ressources en eau. Rien n'indique que cet appel sera suivi d'un quelconque effet. Mais nul ne peut plus y être indifférent. Il ne s'agit pas seulement « de mettre en place une économie plus verte », précise le PNUE, « mais de répondre à des menaces imminentes comme le changement climatique, l'insécurité énergétique, la pénurie croissante d'eau douce, la détérioration des écosystèmes et par-dessus tout, la pauvreté qui empire ». Des défis immenses qui nécessitent le concours de tous. I VINCENT JohANET www.revue-ein.com N°39 - L'EAU, L'INDUSTRIE, LES NUISANCES - 3