Les changements climatiques s’intensifient et exacerbent les problèmes environnementaux du bassin méditerranéen. C’est ce qui ressort d’une évaluation préliminaire rendue publique le 10 octobre dernier par le réseau d’experts méditerranéens sur les changements climatiques et environnementaux (MedECC).
Selon cette étude, la disponibilité de l’eau dans
le bassin méditerranéen sera réduite en raison de trois facteurs : la baisse
des précipitations, la hausse des températures, et la croissance démographique,
en particulier dans les pays où l’approvisionnement en eau est déjà
insuffisant.
Le changement climatique provoque une hausse de
l’évapotranspiration et une baisse des précipitations. De ce fait, la région
Méditerranée devrait connaître une diminution sensible de la disponibilité en
eau douce (entre 2 et 15 % pour une hausse de 2°C de la température), soit
l’une des plus fortes baisses au niveau mondial. La durée des périodes sèches
devrait augmenter de façon significative ainsi que la durée et l’intensité des
sécheresses. La population méditerranéenne disposant de moins de 1000 m3
par habitant et par an devrait passer de 180 millions en 2013 à plus de 250
millions dans les 20 prochaines années.
En Méditerranée, les températures annuelles
moyennes sont aujourd’hui environ 1,5°C au-dessus des moyennes avant la
révolution industrielle et supérieures aux tendances mondiales en matière de
réchauffement (+1,1°C). Sans actions d’atténuation supplémentaires, la
température augmentera de 2,2°C par rapport à la période préindustrielle en
région Méditerranée d’ici 2040, voire de 3,8°C dans certaines régions d’ici
2100.
Les populations des régions semi-arides situées au
Sud et à l’Est du bassin méditerranéen sont les plus exposées au manque d’eau.
Les personnes habitant dans les bassins versants du Moyen et Proche-Orient
seront exposées à de nouvelles pénuries chroniques, même si le réchauffement
climatique se limite à une hausse inférieure à 2°C. En Grèce et en Turquie par
exemple, la disponibilité de l’eau pourrait passer pour la première fois sous
la barre des 1000 m3 par habitant et par an d’ici 2030. Dans le
sud-est de l’Espagne et les côtes sud de la Méditerranée, la disponibilité en
eau par habitant pourrait descendre sous les 500 m3 par habitant et
par an (situation de pénurie d’eau) dans un avenir proche.
Un autre danger menace : l’exploitation
intensive des eaux souterraines qui, outre une chute de leur niveau dans
certaines régions, occasionne une dégradation de leur qualité du fait de la
pollution, de l’urbanisation rampante et de l’infiltration d’eau salée due à
l’élévation du niveau de la mer.
Ces situations de pénurie sont exacerbées par une
demande croissante. L’irrigation représente aujourd’hui entre 50 et 90 % de la
demande totale en eau de la Méditerranée. Problème : les exigences en
matière d’irrigation en Méditerranée devraient augmenter entre 4 et 18 % d’ici
la fin du XXIe siècle en raison du changement climatique uniquement (pour un
réchauffement de 2 et 5°C, respectivement). Ces chiffres pourraient atteindre
22 à 74 % du fait de la croissance démographique et de la hausse de la demande.
La demande en eau associée à la production
industrielle devrait également augmenter de 50 à 100 % d’ici 2050 dans la région
des Balkans et du sud de la France.