Déformations, cassures, défauts d'étanchéité, abrasion, racines profondes, raccords défectueux, les réseaux d'assainissement exigent une maintenance indispensable à leur bon fonctionnement. ACO et ses cotraitants alignent un savoir-faire dédié à la réfection de ces ouvrages souterrains.
« Les mineurs qui ont construit cet ouvrage ovoïde en pierre meulière dans les années 1950 ont effectué du très bon travail », reconnaît René Ulrich, Chef du Bureau Travaux de Réhabilitation du département de Seine Saint Denis. «Cependant, les années ont passées et l'ouvrage avait absolument besoin d'une sérieuse remise à niveau» poursuit-il.
Etalé sur 36 mois, ce chantier d'un montant de 7,4 M? HT, est financé à 25% par une subvention de l'agence de l'eau et à 75% par le conseil général.
Après inspection totale du collecteur au radar, une première phase de travaux d'un montant de 2.7M? HT a consisté à injecter 4000 tonnes de coulis (ciment plus bentonite) derrière la paroi en maçonnerie sur toute la longueur afin de renforcer l'ouvrage existant.
Ces travaux ont été conduits par Soletanche Bachy (Vinci) et pour ce lot, 4000 tonnes de coulis (ciment+bentonite) ont été nécessaires.
Une seconde phase d'un montant de 4.7M? HT a été menée par le groupement Valentin TP / Sogea Alfortville (Vinci).
Sous la maîtrise de Christophe Nefisi, Conducteur de travaux chez Valentin, et du Chef de chantier SOGEA, Alberto Brito, il s'agissait de démolir les revêtements internes hors d'usage du radier, de la voûte et des pieds droits de l'égout. Ensuite, une cunette en béton polyester préfabriquée par éléments d'un mètre de longueur est descendue puis posée de façon jointive. Calée au niveau afin de respecter le fil de l'eau, elle est scellée sur le radier.
Une fois, celui-ci consolidé, un treillis soudé est posé sur la voûte et les pieds droits du collecteur. Enfin du béton est projeté successivement en quatre couches de deux centimètres environ.
Au total, 2 048 ml de cunettes ACO C60-29 préfabriquées ont été nécessaires à la réfection du radier et 13 500 sacs de 30 kilos, soit 405 tonnes ont été utilisés pour le mortier de blocage. En partie supérieure de l'exutoire, 5000 treillis soudés de 2.42 m² auront été posés sur les parois avant d'être garnis par du mortier projeté VM 218 (fibré et non fibré). L?ensemble à nécessité 1 980 tonnes livrés à la surface en 66 000 sacs de 30 kilos.
« Malgré une ventilation naturelle efficace sur les deux kilomètres du chantier, ces travaux souterrains réalisés en deux équipes sont pénibles vu le confinement l'obscurité et le harnachement indispensable à la sécurité des intervenants, sans compter les mauvaises odeurs », reconnaît Christophe Nefisi. En effet, durant les travaux, l'exutoire est resté en service avec évacuation du personnel en cas de fortes pluies ou si des gaz toxiques sont décelés.
«Cependant l'intervention la plus difficile concerne la démolition car au travail physique à l'exigüité et aux difficultés des travaux souterrains s'ajoutent bruit et poussière», déplore Christophe Nefisi.
Des projets comme l'hydrodémolition robotisée sont alors évoqués pour l'avenir. En effet, le patrimoine français des réseaux d'eaux usées est estimé à 250 000 km dont une bonne moitié édifié dans les années 50-60 arrive en fin de vie. Évalué à plusieurs milliards d'?uros, ce marché des réhabilitations de réseaux souterrains, tout comme celui d'autres pays européens donne des idées aux spécialistes. A suivre !
Jean Guilhem