La fabrication des compteurs intelligents et le déploiement de solutions globales destinées à télé-opérer les réseaux d'eau marquent l'avènement des réseaux intelligents, les fameux smart grids. Après une longue phase de maturation, l'année 2014 semble avoir marqué un tournant avec la signature des premiers contrats d'envergure. Mais les acteurs positionnés sur ce marché devront inscrire leur stratégie au sein du concept de « smart city », basé sur l'intégration des technologies numériques dans l'ensemble des composantes de l'environnement urbain. C?est ce qui résulte d'une étude de près de 140 pages publiée par Xerfi.
Si l'on en croit l'étude Xerfi intitulée « Le marché des réseaux intelligents ? Electricité, gaz naturel et eau : perspectives du marché et du jeu concurrentiel dans les smart grids à l'horizon 2021 », le marché français des réseaux intelligents d'électricité, de gaz naturel et d'eau devrait représenter près de 8 milliards d'euros d'investissements cumulés entre 2014 et 2021.
Sur la seule année 2014, le montant des investissements engagés s'est élevé, en France, à près de 300 M?. Le secteur de l'eau s'est arrogé la majeure partie de ce chiffre en raison de la maturité des technologies de smart water grids.
Ces chiffres expliquent l'appétit des nombreux opérateurs soucieux de capter une partie de cette manne.
Avec l'intégration des NTIC dans la gestion des réseaux, de nouveaux types d'acteurs ont émergé. Les entreprises de services numériques comme IBM ainsi que les fabricants d'appareils électroniques et de télécommunications trouvent là un débouché porteur. Dans le même temps, le développement des « smart grids » s'accompagne d'un effacement des frontières entre les différents segments (électricité, gaz, eau) de l'industrie des réseaux.
Ce développement suppose de mettre en place des solutions communes qui impliquent une collaboration plus étroite entre gestionnaires et exploitants de réseaux.
Pour répondre aux appels d'offres qui se multiplient, différents acteurs venus d'horizons divers ont constitué des groupements au sein desquels chaque opérateur apporte une compétence propre de manière à faire émerger une technologie innovante, susceptible d'être utilisée dans les réseaux d'électricité, de gaz et d'eau. Les experts de Xerfi en ont identifié six sur le marché des smart grids en 2014.
Ces nouvelles formes d'organisation permettent également de proposer des solutions globales « clés en main » aux collectivités et gestionnaires de réseau. Pour l'instant, ces groupements suivent des stratégies différentes et n?entrent pas en concurrence frontale.
Mais la télérelève et la valorisation des données pourraient bien modifier le jeu concurrentiel du marché des réseaux intelligents d'ici 2020. La télérelève s'avère de fait intéressante pour l'opérateur qui en aura la charge puisque la gestion des infrastructures et la collecte des informations issues des compteurs communicants seront rémunérées chaque année par l'intermédiaire de la facture énergétique des consommateurs. La valorisation des données issues des compteurs auprès des consommateurs permettra, elle, de proposer de nouveaux services à valeur ajoutée.
D?après l'analyse des experts de Xerfi, trois écosystèmes sont en position de force pour prendre la tête des réseaux intelligents français ces prochaines années. Il s'agit des deux groupements formés autour de Veolia Eau et de Suez Environnement qui ont une longueur d'avance dans la télérelève, mais aussi de l'écosystème d'entreprises gravitant autour d'EDF pour capter le segment de la valorisation des données des compteurs communicants, en raison de l'image favorable du service public auprès des Français.
Si l'on en croit les experts de Xerfi, les acteurs du marché des réseaux intelligents ont tout intérêt à inscrire leur stratégie dans le concept de « smart city » qui s'incarne dans le « community energy management system » avec un échange de données entre les différents maillons de la ville (construction, transport, smart grid') pour permettre aux collectivités de mieux piloter les enjeux de la cité et faire émerger de nouveaux services à valeur ajoutée.
Les opérateurs devront favoriser les standards ouverts et s'ouvrir à de nouvelles problématiques (déchets par exemple) pour trouver leur place dans un champ concurrentiel plus vaste.