Le site de Langlade à Toulouse, sur lequel s'était produite en septembre 2001 l'explosion de l'usine AZF, était resté depuis cette date un site « de traumatisme et de mort ». La décision d'y implanter le Cancéropôle, a permis à cette friche de 220 hectares de prendre un nouveau départ. L?aménagement de ce site ultrasensible a fait l'objet d'un soin tout particulier jusqu'au réseau d'eaux pluviales dont la réalisation a été confiée à un groupement d'entreprises (Giesper, Exedra, Sogea et Scam TP) qui a mis en ?uvre des canalisations en PRV centrifugé fournies par la société Hobas : performance, qualité, longévité sont les maîtres mots du gigantesque chantier d'aménagement qui s'est ouvert en 2006 et qui ne s'achèvera qu'en 2011.
Dix jours après les attentats du 11 septembre 2001, la ville de Toulouse vivait la plus grande catastrophe industrielle de son histoire avec l'explosion de l'usine chimique d'AZF causant la mort de 30 personnes et plus de 5000 blessés. A peine sept mois après la catastrophe, Total décidait de fermer définitivement le site et de procéder au démantèlement de ses installations.
Situé à proximité du site de Braqueville, laissé lui-même en friche depuis 1973, date de cessation des activités de la poudrerie nationale, cet espace de 220 hectares attendait une éventuelle reconversion?
Elle arrivera en 2004, lorsque Philippe Douste-Blazy, alors Maire et Président du Grand Toulouse, annonce la création du Cancéropôle, un ambitieux projet appelé à devenir l'une des pièces maitresses de la lutte contre le cancer, un projet public-privé qui nécessitera un investissement de plus d'un milliard d'euros.
L?étape préliminaire de la reconversion du site a consisté à réhabiliter la friche en dépolluant les sols.
Réhabiliter la friche en dépolluant les sols
Le diagnostic approfondi de l'état des sols laisse apparaître un niveau élevé de pollutions dont la plupart sont antérieures à l'explosion de l'usine AZF. Les 70 hectares du site de Langlade sont alors découpées en 2 zones : sur la zone ouest, destinée à accueillir le Cancéropôle, l'ensemble des terres polluées en hydrocarbures, naphtalène, arsenic et plomb feront l'objet d'une excavation sur 50 cm au moins et d'un remblaiement par matériaux inertes. La zone Est, destinée à un usage de zone naturelle, sera également totalement excavée avant d'être re-végétalisée. Ces opérations d'envergure, d'un montant de 125 M? se sont achevées fin 2007.
Quant aux opérations de dépollution des parcelles appartenant à la DGA, elles devraient se terminer à la fin de cette année.
Mais les sols ne sont pas les seuls touchés par les anciennes activités du site. Les études révèlent également une pollution importante des eaux souterraines en nitrates, benzène et toluène. Malgré une réhabilitation rigoureuse, le Grand Toulouse et le maitre d'ouvrage délégué, la SETOMIP, optent pour un réseau d'eau pluvial totalement étanche réalisé en tubes en PRV (Polyester Renforcé de Verre) centrifugé fournis par la société Hobas France. Objectif : protéger le milieu naturel, exutoire des eaux pluviales issues du site de Langlade.
Protéger le milieu naturel, exutoire des eaux pluviales issues du site de Langlade
Le projet prévoit que les eaux pluviales de la ZAC du Cancéropôle seront rejetées au milieu naturel après rétention sur les parcelles privées, par le biais de deux exutoires en PRV de diamètre 1000 et 1500. Pourquoi le PRV ? Le matériau présente de nombreux avantages : insensible aux courants vagabonds, il se caractérise par une résistance mécanique élevée et offre une bonne résistance à l'abrasion et à la corrosion. Par ailleurs, son coefficient d'écoulement permet une optimisation du diamètre des exutoires. Mais ce sont d'autres contraintes propres à ce chantier si particulier qui ont imposé ce matériau.
Tout d'abord, le terrain situé en zone inondable, présente une faible pente orientée vers la Garonne. Cette particularité associée aux grandes distances à parcourir, obligent le groupement d'entreprises en charge des réseaux humides, à poser les canalisations avec une pente de 2 à 3 mm / mètre, et ceci à des profondeurs pouvant atteindre à certains endroits jusqu'à 6 mètres. La facilité de manutention des canalisations en PRV devient dès lors un premier atout.
Mais ce sont bien l'agressivité des sols et la nécessité de réaliser un réseau totalement étanche qui vont imposer le PRV comme le matériau le plus adapté. L?homogénéité du matériau tuyaux/regards associée à des joints spéciaux garantissent à la fois une parfaite étanchéité et une longévité du réseau. « Les normes européennes prévoient pour le PRV des performances garanties à 50 ans » souligne Jean-Marie Joussin, directeur général d'Hobas France. Un argument qui ne laisse pas insensible Richard Angosto, responsable du chantier à la SETOMIP : « La longévité et la pérennité des ouvrages est ce qui coûte le moins cher à la collectivité ». Pourtant, d'autres voies ont été explorées : « Nous étions ouverts aux variantes », explique Philippe Fuser, Directeur Régional et chef de projet chez Egis Aménagement, le Maître d'?uvre, car si nous avons été rapidement convaincu par la pertinence du PRV au niveau technique, nous conservé quelques doutes sur l'aspect financier. Mais très vite, les matériaux en béton avec revêtement spécial ou la fonte protégée se sont avérés trop onéreux. »
Le choix du matériau effectué, le chantier commence. « Un véritable challenge pour Hobas qui devra fournir 170 regards tous fabriqués sur mesure dans un délai record » explique Jean-Marie Joussin. Au total, et pour un montant de 2 millions d'euros, ce sont près de 5200 mètres de canalisations de diamètre DN 400 à DN 1500 et quelques 200 pièces pratiquement toutes fabriquées sur-mesure qui ont été livrés sur le chantier, sans aucun dérapage ni retour en usine, malgré les délais extrêmement courts. « Une réussite due à un important travail préparatoire réalisé en amont avec la société MTP, aux contrôles très stricts effectués à la réception des commandes, à la validation de celles-ci, aux suivis de la fabrication et des livraisons ».
Malgré les spécificités du site sur lequel se déroulait ce chantier, les choix techniques effectués pour réaliser le réseau d'eaux pluviales du Cancéropôle illustrent bien les tendances actuelles qui consistent à réaliser des réseaux d'eaux pluviales de plus en plus performants, au moins autant que les réseaux d'eaux usées, y compris au niveau de l'étanchéité. Car si les solutions alternatives prises en amont peuvent limiter ou lisser les débits, les pollutions générées par des réseaux d'eaux pluviales non étanches, elles, demeurent bien réelles. « D?ailleurs, la réglementation française (fascicule 70 du CCTG) ne fait pas de distinguo entre les eaux usées et eaux pluviales » souligne Jean-Marie Joussin.