Restaurer l'équilibre entre l'offre et la demande en eau Bien que les effets de la sécheresse 2004-2005 soit encore sensibles dans certaines régions ? au 10 novembre 2005 treize départements étaient encore concernés par des arrêtés de limitations de certains usages ? le gouvernement a dressé un premier bilan et tiré les enseignements d'un phénomène qui a frappé ces derniers mois de nombreuses régions dont la façade atlantique et une partie du sud de la France. C?est sur cette base, que Nelly Olin a présenté récemment en Conseil des ministres un « Plan de gestion de la rareté de l'eau ». Ce plan d'actions à moyen terme a pour but de réduire la vulnérabilité en eau potable en cas de nouvel épisode de sécheresse tout en conciliant les différents usages et en préservant l'équilibre des milieux aquatiques. Il s'articule autour de trois axes dont le premier, qui devrait figurer dans la future loi sur l'eau, réaffirme le caractère prioritaire de l'alimentation en eau potable. Le second axe de ce plan vise à assurer une gestion économe de l'eau et un partage équitable entre les différents usages, tandis que le troisième a pour objectif de mieux valoriser l'eau en s'attachant à promouvoir la récupération des eaux de pluie, la réutilisation des eaux usées et la désalinisation d'eau de mer. Différentes mesures sont donc prévues pour atteindre chacun de ces objectifs. C?est par exemple la faculté donnée au préfet d'instaurer des zones de sauvegarde quantitatives afin de préserver les volumes nécessaires pour alimenter en eau les populations dans de bonnes conditions. C?est aussi l'obligation nouvelle de poser des compteurs d'eau froide dans les logements des immeubles collectifs neufs, ou encore d'autres incitations destinées à sensibiliser tous les usagers aux économies d'eau. Mais la mesure la plus importante du plan présenté par le gouvernement concerne certainement la possibilité de créer de nouvelles retenues de substitution, présentées comme étant susceptibles de permettre une meilleure gestion quantitative de la ressource en période estivale grâce à un stockage des surplus d'eau en hiver. De fait, la mobilisation de ressources nouvelles, là ou il en existe, peut permettre de faire face à une demande locale devenue momentanément supérieure aux disponibilités. Pourtant, la mesure est loin de faire l'unanimité. Car l'idée, a priori séduisante, résulte d'une promesse faite au mois de septembre dernier par le ministre de l'agriculture lors de l'assemblée générale des producteurs de maïs pour permettre la poursuite d'une irrigation présentée comme étant la seule solution économiquement rationnelle : « Les plantes ont besoin d'eau. De ce fait, l'irrigation est une nécessité et elle sécurise le rendement et les revenus » avait alors affirmé le ministre. Dès lors, la mesure qui s'apparente à une augmentation globale des prélèvements d'eau, apparait plus comme une fuite en avant que comme un moyen de parvenir à une gestion raisonnée de l'eau. On craint qu'elle perpétue le recours à une irrigation intensive - dans certaines régions, l'irrigation représente jusqu'à 90% de la consommation nette d'eau - sans envoyer aux agriculteurs les véritables signaux destinés à promouvoir une gestion plus raisonnable des ressources. Bien sûr, la mobilisation de ressources nouvelles ne s'oppose pas forcément à une régulation stricte, concertée et raisonnée des usages. Mais son coût est élevé. Elle présente également des impacts négatifs sur le régime des eaux et sur certains milieux. Dans ces conditions, il parait indispensable de mettre en place une vraie maîtrise de la demande en eau avant de financer d'éventuelles nouvelles ressources.