Organisés par Aqua-Valley au Palais des Congrès de la Grande Motte – dans l’Hérault –, les 8 et 9 décembre derniers, les Aqua Business Days ont réuni près de 200 représentants des acteurs institutionnels, collectivités et entreprises de la filière eau, sur le thème de l’eau dans la planification et l’aménagement de la ville et des territoires. L’occasion de réfléchir et d’imaginer des actions locales pour gérer les ressources aquifères au plus près des besoins et des spécificités locales.
L’eau est nécessaire, selon un rapport des Nations-Unies, à 78 % des activités économiques mondiales. Elle constitue également plus que jamais un élément essentiel de l’aménagement du territoire. Parce que cette ressource tend à se raréfier, mais aussi en raison des changements induits par l’évolution du climat avec des précipitations moins nombreuses, mais plus violentes, et un dessèchement des sols. Ces phénomènes imposent de développer une gestion de l’eau au niveau territorial pour intégrer les particularités météorologiques et géologiques locales. Ce que Sylvain Boucher, président du pôle Aqua-Valley résume d’une formule : « Il faut que les échelles de réflexion correspondent aux territoires : un territoire, un projet. » Pour lui, il faut « passer à la logique d’hydro-quartier, comme nous avons su développer les éco-quartiers, pour intégrer l’exigence de sobriété et d’efficacité dans le cycle de l’eau. »
Intégrer la problématique de l’eau en
amont des projets d’urbanisme
Les conférences, ateliers techniques et rendez-vous d’affaires qui ont rythmé les Aqua Business Days ont favorisé les échanges entre des acteurs majeurs de la filière eau et de l’aménagement du territoire qui n’ont pas forcément l’habitude de se rencontrer. Représentants des agences de bassin, des assurances et du monde des aménageurs ont ainsi pu jeter les bases d’un dialogue et initier une réflexion autour des démarches communes à entreprendre pour préserver les ressources en eau et optimiser leur réutilisation dans un contexte de changement climatique. Les outils technologiques existent. Encore faut-il réunir les gestionnaires des ressources et les décisionnaires de l’aménagement dès l’amont des phases d’étude des projets afin de changer la manière de planifier les villes, de bâtir des schémas durables et de construire le plan local d’urbanisme en prenant en compte la quantité d’eau et les capacités d’épuration du territoire.
Penser et
développer la réutilisation des ressources
Les progrès réalisés dans le traitement des agents pathogènes, l’analyse de l’eau et la traçabilité permettent dorénavant d’envisager de réutiliser l’eau à grande échelle. De nombreuses expérimentations sont menées depuis une quinzaine d’années et attestent de l’efficacité et de la sûreté de ces solutions, d’ores et déjà largement mises en œuvre en Italie et en Espagne. En France, les aérogares 1, 2 et 3 d’Orly économisent 200 000 m³ d’eau par an en récupérant et traitant l’eau de pluie des pistes. À Grenoble, Bouygues a pour sa part imaginé un bâtiment capable de recycler l’eau de pluie et l’eau utilisée par les locataires pour s’en servir ensuite à l’arrosage, au nettoyage ou encore à l’alimentation des chasses d’eau. Avec à la clé une réduction de 60 % de son cycle d’eau. À Montpellier, l’irrigation des vignes avec l’eau de station d’épuration a débuté il y a 12 ans avec un constat étonnant : cette eau est de meilleure qualité pour la vigne que l’eau du ruisseau voisin ! D’autres tests fleurissent un peu partout, comme à la Grande -Motte où l’eau de la station d’épuration sert à l’arrosage du golf durant la période estivale, ou encore à Toulouse où le lavage des voiries et des trams fait appel en partie à des eaux recyclées.
Impliquer
tous les acteurs et la population locale
Alors que la
phase préparatoire du 12e programme d’intervention des Agences de l’eau (2025-2030) s’apprête à démarrer, les acteurs réunis lors des
Aqua Business Days s’entendent sur la nécessité que l’ensemble des décideurs aient une connaissance claire des solutions disponibles
et des expérimentations menées avec succès. Il faut aussi
que les autorités de contrôle osent délivrer des autorisations d’expérimenter à l’échelle du territoire
pour favoriser l’innovation et le changement des pratiques.
Car si certaines orientations doivent être décidées au niveau national, des
solutions peuvent
être développées à l’échelle d’une ville, d’un quartier
ou d’un immeuble. En créant, par exemple, des espaces
verts, des jardins de pluie ou des fossés végétalisés pour limiter le
ruissellement et retenir
l’eau. Atteindre ces objectifs suppose une
concertation étroite entre les acteurs, gestionnaires de l’eau et pouvoirs publics. Il faut aussi associer la population à la réflexion
et obtenir l’adhésion des
consommateurs au plan de diminution de la
consommation.
La gestion de l’eau est donc l’affaire de tous. Les
défis sont considérables, et les solutions existent. Les Aqua Business Days ont montré la voie à suivre, se félicitent les
organisateurs.