Il y aura donc ce 20 juin 2021. L’évolution positive de la situation sanitaire nous permet depuis cette date de retrouver une vie presque normale après 16 mois de pandémie. Levée du couvre-feu, fin du port du masque en extérieur, cafés, restaurants, lieux de culture sont rouverts. Les salons professionnels peuvent de nouveau accueillir exposants et visiteurs en présentiel avec un pass sanitaire. En clair, nous aurions de quoi nous réjouir.
Il y a aussi ce 23 juin. Le projet de rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont le contenu a été dévoilé par l’Agence France-Presse met en garde, comme on pouvait s’y attendre, contre les graves conséquences environnementales, sociales et économiques de la hausse des températures sur l’humanité et conséquemment sur le volume d’eau disponible par habitant.
Une semaine plus tôt, le 16 juin, une nouvelle étude menée par des chercheurs d’Inrae et de l'Université McGill, révélait qu'entre 51 et 60 % des 64 millions de kilomètres de cours d’eau dans le monde cessent de couler périodiquement ou sont à sec pendant une partie de l'année. Sous l’effet du changement climatique, de logiques d’intensification et de spécialisation des activités (agriculture, eau potable, industries, énergie …), de nombreux cours d'eau autrefois pérennes sont devenus intermittents au cours des 50 dernières années, y compris des sections de fleuves emblématiques tels que le Nil et le Colorado.
Ceci ne signifie pas que l’humanité soit inéluctablement vouée à une situation critique, nuance toutefois le GIEC.
Mais, les pressions sur l’environnement impliquent d’effectuer des choix ambitieux au niveau des politiques publiques et d’anticiper des ruptures technologiques rapides qui nécessitent le soutien de toutes les parties prenantes. C’est ce qu’évoque en substance Raymond Loiseleur, directeur général des services du Sedif, dans l’interview à lire dans les pages suivantes sur les enjeux de la prochaine délégation de service public. « Ce sont près de 2,5 milliards d’investissements qui seront engagés. La part réalisée par le Sedif directement en maîtrise d’ouvrage publique, représentant près de 1,1 milliard, porte sur les opérations travaux neufs, de renouvellement et de sécurisation du réseau de transport et de distribution, de renouvellement d’unités fonctionnelles en usines de production ou d’ouvrages stations de pompages et réservoirs, de mise en sécurité. Le concessionnaire réalisera lui près de 1,4 milliard dont 800 millions d’euros pour le projet de filières OIBP dans les usines principales à Choisy-le-Roi, Neuilly-sur-Marne et la transformation de la filière de nanofiltration en OIBP à Méry-sur-Oise intégrant les travaux liés à une alimentation en énergie haute tension sécurisée. »
On le sait, dans le domaine de l’eau, les pollutions diffuses représentent un enjeu majeur si l’on veut, sans même parler de reconquête, simplement stopper la dégradation des milieux aquatiques. Le récent constat d’échec des deux plans de lutte contre les algues vertes mis en place depuis vingt ans par la Cour des comptes et la chambre régionale des comptes de Bretagne, qui vient après moult alertes, le démontre amplement. Nous arrivons donc à un tournant qui préfigure des changements globaux dans la gouvernance de l’eau, notamment dans l’agriculture.
Dans ces conditions, quel regard porter alors sur le Varenne agricole de l'eau et du changement climatique, lancé le 28 mai par le ministère de l'Agriculture, qui a pour objectif d’engager une réflexion collective pour la résilience du modèle agricole face aux aléas climatiques alors que les SDAGE sont actuellement en consultation auprès des institutions et du grand public ? Si « l’objectif est de faire de ce Varenne de l’eau quelque chose d’opérationnel » comme l’a affirmé Julien Denormandie, alors « cette réunion va à l’encontre de la démocratie de l’eau, qui s’exerce au Comité National de l'Eau, dans les Comités de bassins et dans les Commissions Locales de l'Eau », s’agace France Nature Environnement.
Les enjeux liés à la crise de l’eau sont suffisamment sérieux pour prêter attention à cette idée …