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Entreprises

Scaphandriers en station d’épuration : planning maîtrisé, expertise assurée, sécurité renforcée

27 mai 2021 Paru dans le N°443 ( mots)
© Aqua Solutions

Pour Pascal Chapron, les enjeux croissants en matière de maitrise des dépenses d’exploitation et d’environnement favorisent l’accélération des travaux subaquatiques en stations d’épuration.

En octobre 2017, Julien Chapron, créait, avec son père Pascal, la société Aqua Solution, spécialisée dans les travaux subaquatiques en station d’épuration. « C’est un métier très récent et même s’il existe quelques 200 sociétés en France qui font des travaux de scaphandrier, il n’existe que très peu d’entreprises capables de réaliser de telles prestations. Le domaine des interventions de type génie civil à faible profondeur, qui est celui du traitement des eaux et des effluents industriels, nécessite une grande maitrise des process et du travail à effectuer qui n’est pas à la portée de tous les prestataires », explique le co-gérant.

Depuis sa certification d’aptitude à l’Hyperbarie Classe 2 mention A obtenue en 2005, Julien Chapron, s’est voué aux travaux complexes et de précision. D’abord en plongée profonde en haute mer sur les plateformes pétrolières, puis sur des barrages, et depuis 2010 sur des réseaux et des ouvrages immergés pour des opérations de construction, d’assemblage, d’entretien et de démolition.

C’est aussi la connaissance des contraintes d’exploitation des clients acquise par Pascal Chapron au cours de sa carrière de R&D chez Degrémont notamment, qui a servi de déclic à la création d’Aqua Solution. « Les années passant, nous avons réalisé que les exigences environnementales prenaient une nouvelle dimension pour les maîtres d’ouvrage, et que grâce à la méthode de travaux subaquatiques, qui permet de pouvoir intervenir très rapidement en préventif et en curatif sans arrêter les bassins, nous serions de plus en plus sollicités par les collectivités pour de nombreuses collaborations. »

Quatre ans se sont ainsi écoulés depuis la création d’Aqua Solution, et l’entreprise peut, outre les prestations de travaux d’entretien et de maintenance classiques de STEP ( diagnostic de l’état du génie civil, des pièces mécaniques, bathymétrie des ouvrages afin de quantifier les volumes de fillasses et dépôts, curage des ouvrages, découpe ou soudure des organes métalliques, remplacement d’équipements, et renouvellement, stations en service, des diffuseurs d’air…), viser des prestations en milieu confiné, en conduites et canalisations ou des travaux sur corde, exceptionnellement d’entretien sur barrages, d’inspection de berges fluviales, de désenvasage de bassins.

« On travaille dans toute la France sur tous les types de stations, principalement pour des opérations de diagnostic et de bathymétrie, de curage, d’intervention sur tous les équipements immergés, directement pour les sociétés d’exploitation, ou pour les équipementiers. Sur des stations qui n’ont jamais été curées depuis plus de 10 ans, on est capable d’extraire 30m3 de résidus en une journée, ce qui permet de se rendre compte de l’importance de recourir à une équipe de scaphandriers professionnels pour éviter les interruptions de process et donc de limiter les coûts d’intervention », souligne Pascal Chapron. « Nous n’avons trouvé aucune limite à la méthode. Nos deux équipes de scaphandriers peuvent faire de la mécanique, du génie civil, du réglage. Ce qui nous amène à pouvoir intervenir tant en préventif qu’en curatif. Sur la Step de Baune, récemment, nous avons remplacé 2 400 membranes sur deux bassins en marche en 20 jours. Sur la Step du Canet en Roussillon, il s’agissait de réhabiliter des voiles gazeux dégradés par re-surfaçage au béton alumineux projeté. Pour le service public d’eau potable de Nantes Métropole, nous avons remplacé les batardeaux généraux des bassins »

La sécurité exige une procédure de consignation rigoureuse 

Si les travaux immergés constituent un vrai facteur de différenciation sur les prix par rapport aux travaux réalisés en surface, ils n’en constituent pas moins un facteur de risques qui mérite l’implication directe du client avec le chef d’équipe dans l’organisation générale des travaux, et une préparation spécifique à la compréhension du travail à effectuer pour les scaphandriers. « Tous les chantiers doivent être très bien préparés en collaboration avec le chef d’équipe et l’exploitant, et ils restent toujours placés sous le contrôle et la responsabilité effective du client », rappelle Pascal Chapron.

La visibilité dans le bassin étant nulle, elle rend impératif de travailler au toucher et de faire preuve d’une grande maitrise du travail à effectuer. A tour de rôle, trois scaphandriers plongent dans le bassin ou assistent leur collègue durant toute la plongée. « Les plongeurs ont appris à plonger à l’aveugle et manœuvrent au toucher. Avant de descendre dans le bassin, le scaphandrier a photographié mentalement la géométrie du bassin, ses équipements et très précisément le point d’intervention d’après les informations fournies par l’exploitant. Le casque sur la tête, lesté par son équipement de 80 kg, le plongeur reste en liaison constante avec le chef d’équipe qui le dirige par radio jusqu’à son poste de travail avec les bulles de respiration comme repère ». Au moindre problème, l’homme de secours, en attente au point de mise à l’eau, est prêt à intervenir pour le remonter.

Après près de 500 interventions, Julien, Anthony, Jonathan et Guillaume ne changeraient pour rien au monde de métier ou d’environnement. 

Cela étant, sans nier l’appétence pour les sports extrêmes, quelle est la raison de cette attirance pour la plongée en eaux troubles ? « L’adrénaline permanente, le sang-froid et la capacité à travailler en équipe ! », sourit Pascal Chapron qui a la volonté de moderniser la discipline et d’affirmer sa légitimité en traitement des eaux pour tous les types de travaux.

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