Au plan national, 2022 restera probablement l’année durant laquelle la France tout entière a pris conscience des impacts du changement climatique sur la ressource en eau. Selon le bilan climatique publié par Météo France le 30 novembre dernier, 2022 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée sur le pays depuis le début des relevés en 1900. Sur l’ensemble de l’année, la température dépassera les 14,2°C en moyenne sur la France. La pluviométrie annuelle en moyenne devrait présenter un déficit de 15 à 25 % sur l’année 2022 (par rapport à la normale 1991-2020).
Cette sécheresse, remarquable par sa durée et son intensité, a provoqué un abaissement parfois dramatique des eaux de surface comme des eaux souterraines, réduit le potentiel hydroélectrique, affecté les trois quarts de la France et pesé sur la productivité agricole et industrielle. Il suffit de lire dans ce numéro ce qu’a vécu le 5 août dernier Jean-Michel Bertrand, directeur général de Teintures et Impressions de Lyon (TIL), en recevant une mise en demeure de la DREAL lui intimant l’ordre d’arrêter d’exploiter en raison de l’aggravation du niveau de la sécheresse en Val de Saône.
Sans compter l’augmentation des risques sanitaires dus aux trois vagues de chaleur dans les villes et le bilan de 66 360 hectares de la surface forestière brûlée sur le territoire au 5 novembre 2022 contre 9 714 en moyenne (établie sur la période de 2006 à 2021).
Selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), 2/3 des nappes souterraines affichent encore des niveaux sous les normales mensuelles en novembre.
Sombres perspectives ? Voire…
Depuis, de nouvelles études ont été rendues publiques. Le Centre d’Information sur l’Eau a analysé dans son baromètre annuel Les Français et l’eau les préoccupations et besoins des Français en matière de gestion de l’eau en France mais également les problématiques auxquelles elle est exposée. Au regard de l’étude de l’évolution des résultats depuis 26 ans, on constate que les épisodes de pénurie d’eau ont accéléré la prise de conscience des Français mais aussi leurs inquiétudes comme en témoigne l’augmentation de 37 points par rapport à 1996.
Ces derniers mois, on a vu la préoccupation de « faire attention à ses consommations d’eau » progresser fortement. Cette notion, restée stable entre 2021 et mi 2022 (87%), connait un vrai essor depuis cet été puisqu’elle atteint 92%.
Face à ce nouveau défi, des initiatives de transformation des pratiques et des usages de l'eau à l'échelle des territoires pour remettre en cause des décennies de confort et livrer aux usagers à la fois l’aide, les services et les informations dont ils ont besoin, pleuvent. Les acteurs de l’eau, les institutionnels entendent développer les compétences en communiquant sans relâche pour développer une pédagogie de l’eau auprès du grand public.
Parce qu’il s’agit bien de désigner désormais une réalité qui n’est pas à proprement parler nouvelle, mais qui s'impose aussi facilement que le concept de biodiversité, introduit en 1992 lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro, le néologisme seaubriété placerait en première position la ressource en eau comme le moyen de répartir les efforts sur le territoire et d’atteindre la transition énergétique sans que les ressources des services locaux de l’environnement n’en soient affectées. Ne serions-nous pas loin du compte si nous nous contentions de ce que sobriété a été ?
L’année qui s’annonce promet donc d’être particulièrement riche dans notre secteur. D’ici là, à vous tous, chers lectrices et lecteurs, l’ensemble de l’équipe vous remercie de votre fidélité et vous souhaite une excellente année 2023.
Pascale
Meeschaert