Dans le cadre des plans nationaux d’action en faveur des milieux humides, le service statistique du ministère chargé de l’Environnement évalue tous les dix ans, depuis 1990, un panel de sites humides emblématiques métropolitains et ultramarins. Ces sites ont été sélectionnés pour leur richesse faunistique, floristique, culturelle et patrimoniale. Certains peuvent faire l’objet d’un statut de protection ou de gestion spécifiques (parc national, réserve naturelle, Natura 2000, labellisation Ramsar, etc.).
L’évaluation 2010-2020 copilotée par le
Service des données et études statistiques et l’Office français de la
biodiversité a porté sur 189 sites (161 en métropole et 28 en outre-mer)
appartenant à six grands types, représentatifs de la diversité des écosystèmes
humides français et de leur degré de résilience face aux diverses menaces :
vallées alluviales, littoral atlantique, Manche et mer du Nord, littoral
méditerranéen, outre-mer, plaines intérieures et massif à tourbières.
L’exploitation des 422 questionnaires retournés par les référents a permis de couvrir 85 % des 223 sites initialement prévus. Au travers de dix thématiques (activités humaines et leurs pressions, étendue et état des milieux humides présents sur le site, état des espèces communes et à forts enjeux, problématiques liées à l’hydrologie et l’hydraulique, problématiques liées à la faune et la flore envahissantes et indigènes à fort développement, effets du changement climatique, services rendus à la société), cette évaluation caractérise les pressions exercées sur ces espaces menacés de disparition, dresse un panorama de l’état et de l’évolution des sites humides emblématiques et met en lumière les défis à relever pour les sauvegarder.
Les évolutions générales
La dynamique générale d’un site humide peut être caractérisée par une double évolution : celle de l’état écologique et fonctionnel et celle de la surface de ses milieux humides ou artificiels.
Entre 2010 et 2020, l’état écologique des milieux est resté stable pour 52 % des sites, s’est dégradé pour 29 %, s’est amélioré pour 10 % et demeure inconnu pour 9 % des sites.
Cette dynamique est similaire concernant la surface de ces milieux : depuis 2010, elle a eu tendance à se stabiliser dans 64 % des sites, à régresser dans 20 % et à s’étendre dans 7 % (l’étendue de 9 % des sites ne peut être évaluée).
Une dégradation liée à une
intensification des pressions
En moyenne, 11 causes principales de dégradation de l’état sont recensées en milieux doux, alors qu’on en dénombre 8 en milieux salés. Les eaux stagnantes (lacs, étangs, mares) et courantes douces, ainsi que les milieux palustres (marais) d’eau douce, concentrent le plus de pressions (entre 18 et 22). L’abandon d’un site humide (arrêt du pâturage par exemple), l’entretien inadapté, l’assèchement ou le drainage excessif représentent les causes majeures de déclin. En milieux salés, les slikkes, la végétation halophile inondable et les eaux stagnantes regroupent le plus de menaces (entre 11 et 12). L’atterrissement (accumulation de terre par la mer ou les cours d’eau) et l’envasement, ainsi qu’une fertilisation et un usage en produits phytosanitaires excessifs sont les principaux dangers qui semblent accentuer leur dégradation.
Un avenir contrasté
Devant la multiplicité des pressions recensées et la situation très contrastée entre territoires, il ressort de cette évaluation que 25 % des sites ont un avenir favorable, 12 % un avenir stable, 9 % un avenir défavorable et 51 % un avenir incertain, à l’horizon 2030.
Les premiers résultats de l’enquête sont disponibles au
travers de la publication : https://pole-lagunes.org/publication-des-resultats-de-levaluation-nationale-des-sites-humides-emblematiques-2010-2020/