Conçu par l’Astee et validé fin 2024 par la commission des standards du CNIG, le géostandard StaR-Eau marque un tournant pour l’interopérabilité des données relatives aux réseaux d’eau potable et d’assainissement. Il fournit un cadre homogène pour la description, la modélisation et l’exploitation des réseaux sur l’ensemble du territoire.
Avec plus d’un million de kilomètres de réseaux d’eau potable et 380 000 kilomètres de réseaux d’assainissement en France, la structuration homogène des données relatives à ces infrastructures devient un enjeu technique majeur. C’est à cette problématique qu’entend répondre StaR-Eau, un géostandard développé depuis 2017 par le groupe de travail « Standards SIG » de l’Astee. Validé en décembre 2024 par la commission des standards du CNIG, ce modèle de données se présente désormais comme une référence nationale pour la modélisation des réseaux d’eau et d’assainissement dans les systèmes d’information géographique (SIG).
StaR-Eau, acronyme de Standard des Réseaux d’Eau, hérite en partie du géostandard RAEPA (Réseaux d’Adduction d’Eau Potable et d’Assainissement) défini par la COVADIS, mais l’enrichit considérablement. Il repose sur un double travail de normalisation : la symbologie, pour une représentation graphique uniforme des ouvrages, et la sémantique, pour assurer une désignation cohérente des objets métiers. « Pour aboutir à un langage commun, nous avons travaillé sur la symbologie pour représenter les ouvrages, et sur la sémantique pour nommer les ouvrages, partout de la même façon », expliquent Gilles Chuzeville, ingénieur stratégie patrimoine à Grand Lyon, et Patrick Alayrangues, directeur associé chez Altereo.
Le modèle propose un socle interopérable, prêt à l’emploi, incluant un géopackage contenant les structures de données, un guide d’implémentation et une documentation exhaustive. L’objectif est double : faciliter l’intégration directe dans les SIG métiers et garantir la production de données compatibles entre acteurs. Parmi les points d’attention du standard, la prise en compte explicite des classes de précision topologique et des degrés de connaissance des branchements apporte un niveau de rigueur adapté aux besoins d’exploitation des infrastructures.
StaR-Eau permet une modélisation fine des réseaux, en autorisant par exemple l’association logique entre objets (vannes, tuyaux, regards, etc.) et en intégrant les attributs utiles à la gestion patrimoniale. Cette approche favorise la production d’indicateurs robustes sur l’état des réseaux, leur usage, ou encore leur niveau de connaissance. À terme, cette structuration pourrait contribuer à une meilleure priorisation des investissements et à une amélioration de la résilience des infrastructures.
Ce projet a mobilisé un large éventail d’acteurs – collectivités, délégataires, bureaux d’études, entreprises de géoréférencement, éditeurs SIG – et a bénéficié du soutien financier de l’Office Français de la Biodiversité. Une première version a été rendue publique au printemps 2024, accompagnée d’un appel à commentaires ayant recueilli plus de 300 retours. Cette phase de consultation a permis d’ajuster le modèle et témoigne de l’intérêt manifeste des professionnels pour un cadre unifié.
Dans un contexte où la donnée devient centrale pour l’adaptation des politiques publiques de l’eau, StaR-Eau s’inscrit dans une logique d’ouverture, d’unification et d’amélioration continue. Le standard est évolutif et une mise à jour annuelle est d’ores et déjà programmée. À moyen terme, il pourrait constituer un socle indispensable pour des dispositifs de suivi à l’échelle nationale, voire européenne, des performances des réseaux humides.