La filière de l’eau espérait un retour à la normale pour 2022, mais la guerre en Ukraine a stoppé net ces espoirs de normalisation post-pandémique. Les prix des matières premières sont repartis à la hausse dès le 24 février et désormais, les prix des réactifs et de l’énergie battent tous les records.
Les fournisseurs clés des services d’eau et d’assainissement, eux-aussi dépendants des difficultés d’importation et/ou de transport de certains produits (notamment venant d’Ukraine) ainsi que de l’explosion des coûts de l’énergie, mettent en garde sur les risques à court terme de ruptures d’approvisionnement pour un certain nombre de réactifs ou de fournitures essentiels au bon fonctionnement des procédés de traitement. Cette alerte concerne une large variété de réactifs allant de la chaux au chlorure ferrique sans oublier certains plus spécifiques à l’instar des charbons actifs ou de certains polymères.
Dans ce contexte, la FNCCR se déclare extrêmement inquiète de l’escalade des difficultés auxquelles les collectivités doivent faire face. « Alors que les services publics locaux sont d’ores et déjà mis à mal par une forte augmentation du prix de l’énergie (jusqu’à +350 %*), la FNCCR reçoit de plus en plus de messages d’alertes de la part de ses adhérents sur la problématique de l’approvisionnement en réactifs nécessaires à la potabilisation de l’eau et à son assainissement. La hausse des prix de fournitures pèse actuellement sur les budgets des services d’eau et se traduira inévitablement et rapidement par des augmentations de la facture d’eau et/ou la réduction des programmes d’investissement ».
Parce que l’onde de choc secoue désormais l’ensemble de la chaîne de valeur, la FNCCR appelle « le gouvernement à étudier avec les collectivités et, plus largement, les acteurs de la filière eau et leurs fournisseurs tous les moyens de sécuriser les approvisionnements pour garantir la continuité des services essentiels que sont la fourniture d’eau potable et l’assainissement des eaux usées ».
Au moment même où l’Autorité environnementale déplore l’ensemble des écarts
entre les objectifs fixés à moyen et long terme par la DCE, les
ambitions affichées pour les atteindre et les actes censés les traduire, la situation
rappelle fort opportunément qu’il faut pourtant bien financer et entretenir l’énorme
patrimoine de plus de 200 ans. Que les aides doivent impérativement être pérennisées
pour assurer l’équilibre du financement des services de l’eau et sécuriser les
approvisionnements en évitant de possibles pénuries et en permettant à l’ensemble
des industriels de limiter les tensions sur les prix, voire les ruptures d’approvisionnement.
L’enjeu ? la continuité des différentes filières de traitement et la
maitrise des coûts qui leurs sont associés.
Pascale Meeschaert