Après dix années d'études et quatre ans de chantier, la Communauté de communes Epernay- Pays-de-Champagne vient d'inaugurer sa nouvelle station d'épuration. Cette unité présente deux particularités : un traitement des boues par oxydation par voie humide, une première en Europe, et un dimensionnement adapté au traitement des effluents viticoles champenois.
Dès la loi sur l'eau du 3 janvier 1992 votée et ses textes applicatifs parus, la Communauté du Communes Epernay-Pays-de-Champagne qui regroupe 13 communes soit environ 38.000 habitants réalise un diagnostic de l'ensemble de son système d'assainissement en vue d'une mise en conformité de ses équipements.
Les études menées entre 1992 et 1995 préconisent la construction d'une nouvelle station respectant les seuils de rejets en milieu sensible, dotée d'un nouvel étage de traitement pour l'azote et le phosphore, et d'un procédé original pour traiter les boues : l'Oxydation par Voie humide (OVH). Développé par OTV, le procédé Athos® est une solution alternative à l'épandage, devenu problématique dans cette région.
L?oxydation par voie humide : une alternative à l'épandage
Le procédé Athos consiste à chauffer les boues à haute température et sous pression (250° à 50 bar) en présence d'un gaz oxydant (oxygène), pendant un laps de temps allant de 30 à 60 minutes.
Cette technique d'oxydation thermique permet un traitement ultime des boues. Les matières organiques sont détruites et il ne reste alors qu'une très faible quantité de sous produit minéralisé.
Les sous-produits issus du traitement des boues sont traités, valorisés, ou réintroduits au milieu naturel, et ce sans aucune nuisance : le rejet gazeux est propre (absence d'oxyde d'azote, dioxines, ou furanes), le liquide organique (contenant de DCO soluble + ammoniaque) est réintroduit en tête de station et éliminé par la filière biologique de traitement des eaux. Quant aux solides, devenus totalement inertes, ils sont valorisés en matériaux de voiries.
Ce résidu solide minéral appelé « technosable » présente un taux de siccité de 50% et contient moins de 5% de matière organique. Autre caractéristique, il présente l'avantage d'une absence totale de métaux lourds lixiviables. A l'issue du traitement, ce technosable représente seulement 1 à 2% de la masse de boue liquide initiale.
Autre recommandation issues des études, la prise en compte des effluents vinicoles.
La prise en compte des effluents vinicoles
La profession vinicole, demandeuse, compte pas moins de 1.200 viticulteurs qui recherchent le moyen de traiter leurs effluents, particulièrement en périodes de vendanges et/ou vinification. Et si le surcroit de débit issue de l'activité viticole reste raisonnable (+ 1.000 m3/jour), la charge a traiter peut rapidement devenir, elle, 5 fois supérieure. La capacité de la station d'épuration doit donc pouvoir passer brutalement de 75.000 E.H. à 150.000 E.H. La nouvelle station a donc été équipée en conséquence et surdimensionnée. C?est ainsi qu'elle peut traiter jusqu'à 16 100 m3/jour d'effluents en période de forte activité viticoles avec notamment un débit de pointe de 2.700 m3/heure.
Elle est équipée de deux bassins d'aération d'un volume de 22.430 m3 et deux clarificateurs d'un diamètre de 39 mètres.
Le partenariat entre les professionnels et les collectivités publiques a également prévu un partage des coûts d'investissement et de fonctionnement de l'usine avec les entreprises participantes. Des conventions ont été établies avec chacune d'elles sur la base du tonnage de raisins pressurés et du nombre d'hectolitres vinifiés. Les autres entreprises devront gérer par eux-mêmes leurs propres effluents.
Le cout total de l'opération s'élève à plus de 26 M? dont 2,2 sont versés par les établissements vinicoles. Le solde étant réparti entre la Communauté de Communes Epernay-Pays-de-Champagne, l'Agence de l'eau Seine-Normandie, le Conseil Général de la Marne, le Conseil Régional Champagne Ardennes et la Communauté de communes de la Grande Vallée de la Marne.
L?exploitation de la station a été confiée à Veolia Eau.