Les 200 membres publics, privés et associatifs du Partenariat Français pour l’Eau appellent à un sursaut de la communauté internationale pour investir les divers champs d’actions afin de lutter contre le changement climatique et ses effets, en intégrant la considération du cycle complet de l’eau.
Les impacts du changement climatique s’accroissent, s’intensifient et s’accélèrent, l’eau en étant souvent le marqueur. De l’ouest des Etats-Unis au Pakistan, de la Somalie à l’Europe et en France, inondations, sécheresses, canicules et feux de forêts n’épargnent aucune région du monde avec des conséquences graves pour la santé ou la sécurité des populations, la biodiversité et de nombreuses activités dépendantes des ressources en eau : alimentation en eau potable, agriculture et sécurité alimentaire, énergie, industries, etc. Pour nombre de ces aléas, des preuves scientifiques établissent un lien clair avec la crise climatique.
Les rapports du GIEC qui se succèdent depuis des décennies, dont les derniers publiés l’an passé, ne cessent d’alerter sur ces risques et catastrophes. Le constat est glaçant : ces aléas étaient attendus et ne manqueront pas de se répéter et de s’intensifier dans les décennies à venir.
Les crises internationales actuelles risquent de mettre en péril les timides progrès réalisés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre pris au moment de l’Accord de Paris, afin de ne pas dépasser un réchauffement global moyen de 2°C et de poursuivre l’effort pour limiter la hausse de température à 1,5°C.
Malheureusement, les engagements des Etats ne sont, à ce jour, pas à la hauteur des enjeux. Les trajectoires actuelles nous conduisent vers un réchauffement global de 3°C, voire plus à la fin du siècle, avec le cortège de catastrophes que cela impliquera. Les experts estiment que la majorité des Etats n’ont toujours pas pris la mesure de l’exposition des populations et des tissus économiques aux risques dûs au changement du climat, à son impact sur le cycle complet de l’eau et sur les écosystèmes qui en dépendent. Des solutions existent cependant : elles doivent être mises en œuvre de toute urgence et requièrent la participation et une transformation profonde de tous les secteurs de nos sociétés.
Au-delà de l’atténuation, l’adaptation est également nécessaire à la résilience de nos sociétés et l’eau en est au cœur. Dans chaque territoire, les usages indispensables, dont les besoins des écosystèmes humides et aquatiques, devront faire l’objet de plans d’adaptation permettant d’explorer de façon concertée les différentes options possibles en matière de gestion quantitative et qualitative des ressources en eau : développement de la connaissance, sensibilisation et évolution des pratiques, gestion intégrée des ressources en eau, solutions d’adaptation fondées sur la nature, etc.
Les Plans Nationaux d’Adaptation constituent un guide utile de pilotage de l’action internationale en matière d’adaptation au changement climatique sur le plan technique, social et financier. Tous les Etats signataires de l’Accord de Paris devraient en disposer. Plus de transparence et un meilleur suivi des dispositions envisagées doivent être organisés pour mieux juger des priorités thématiques et géographiques à mettre en œuvre : le Partenariat Français pour l’Eau propose de coupler les indicateurs de suivi des Plans Nationaux d’Adaptation et ceux des Objectifs de développement durable pour le domaine de l’eau, en lien avec les données climatiques disponibles les plus récentes.
Cette COP est la dernière avant le premier Bilan Global d’application de l’Accord de Paris. Considérant les signaux - forts comme faibles - qui nous entourent, l’inquiétude prévaut sur notre capacité d’identifier, prioriser et promouvoir les mesures d’adaptation indispensables pour le secteur de l’eau.