L'équipe "Biodiagnostic" de l'Ecole des Mines d'Alès vient de se voir confier la coordination d'un projet européen sur le traitement des résidus médicamenteux dans les eaux de consommation qui restent mal éliminés malgré les traitements de potabilisation.
Plus de 4.000 principes actifs sont employés aujourd'hui dans la fabrication des médicaments. Ces produits pharmaceutiques excrétés métabolisés ou non dans les réseaux d'assainissements et se retrouvent dans les rivières, lacs, eaux souterraines. Certains passent même entre les mailles des stations d'épuration qui ne parviennent pas à éliminer totalement leurs résidus et l'on peut déceler des traces de leur présence jusque dans l'eau du robinet.
Ces molécules sont conçues pour être biologiquement actives à faible dose et une fois dans l'environnement, elles peuvent affecter les organismes aquatiques, mais aussi la population quand elles persistent malgré les traitements de potabilisation.
Actuellement, les données concernant les risques pour l'homme et les écosystèmes sont insuffisantes. Pour mieux appréhender ces risques potentiels, des actions concertées impliquant tous les acteurs du cycle de vie du médicament, doivent être initiées. C?est l'objet d'un projet de recherche initié par l'Ecole des Mines d'Alès. Financé par la Commission Européenne et soutenu par la Fédération Européenne de l'Industrie Pharmaceutique, ce projet baptisé KNAPPE (Knowledge and Need Assessment on Pharmaceutical Products in Environmental waters) a démarré le 1er février dernier et durera 18 mois.
Il porte sur l'identification, à partir des connaissances actuellement disponibles et des avancées scientifiques en cours, des actions prioritaires à mener dans le domaine scientifique (R&D), réglementaire et social pour limiter l'occurrence et l'impact des produits pharmaceutiques dans l'environnement.
« Notre équipe de chercheurs va structurer la collaboration entre neuf partenaires européens de Grande Bretagne, d'Allemagne, d'Espagne, de Pologne et de France, explique Benoît Roig, coordinateur de Knappe et responsable de la cellule Biodiagnostic du Laboratoire Génie de l'Environnement Industriel de l'Ecole des Mines d'Alès. Scientifiques, industriels, organismes régulateurs, gestionnaires des eaux et professionnels de la santé sont concernés ».
« Le projet comporte également des actions de sensibilisation, ajoute Evelyne Touraud, chargée du volet communication. Nous avons ainsi prévu l'élaboration de supports d'information destinés à toutes les parties impliquées dans cette chaîne, du producteur au consommateur. Il est évident que cette problématique environnementale ne pourra trouver de solution pérenne sans une évolution des pratiques du monde médical et pharmaceutique ainsi que du consommateur ».