La dégradation continue de la qualité des eaux souterraines a fini par rendre impératif le traitement des eaux de l'aqueduc de l'Avre. Il sera assuré par la nouvelle usine d'affinage d'eau de Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, l'une des plus grandes unités de traitement des eaux souterraines d'Europe.
Les besoins en eau de la ville de Paris s'élèvent à 600.000 m3 par jour. Cette eau provient pour moitié d'eaux de surface pompées en Seine et Marne, et pour l'autre moitié de sources situées dans un rayon de 150 km. Parmi ces sources, celles situées à l'Ouest - à proximité des villes de Verneuil-sur-Avre et Montreuil-sur-Eure ? représentent environ 100.000 m3/jour.
Mais exposées à certaines pollutions (pesticides, bactéries, limons), ces eaux souterraines doivent être traitées avant d'alimenter les réseaux de distribution. Pour répondre aux normes sanitaires toujours plus strictes, Eau de Paris a proposé à la Ville de Paris en 2001 un schéma directeur pour le traitement des eaux souterraines, lequel préconisait la réalisation de 4 unités d'affinage, dont celle de Saint-Cloud inaugurée le 16 avril dernier par Bertrand Delanoë, Maire de Paris, en présence d'Anne Le Strat, Présidente Directrice Générale d'Eau de Paris, de Myriam Constantin, adjointe au Maire de Paris chargée de l'eau et de l'assainissement ainsi que des élus de Saint Cloud.
Après un parcours de 102 kilomètres en provenance de l'aqueduc de l'Avre près de Dreux, l'eau à traiter fait une halte à Saint-Cloud afin d'y subir un traitement d'ultrafiltration. Le procédé Cristal mis au point par le CIRSEE consiste à associer l'action de membranes d'ultrafiltration à celle du Charbon actif. L?eau séjourne dans un premier temps dans un bassin de contact avec injection de charbon actif en poudre pendant 25 minutes afin d'éliminer les pesticides et solvants chlorés. L?eau effectue ensuite un parcours de 600 mètres en linéaire en une dizaine de minutes au travers des membranes. Le traitement s'achève par une injection de chlore. Les eaux issues du lavage des membranes (environ 7350 m3/jour) subissent un traitement spécifique.
Après décantation, elles sont traitées par ultrafiltration, dont 3 blocs membranaires sont spécifiquement affectés à cette tâche. Les résidus liquides (100 m3/j) sont séparés puis déshydratés par centrifugation, alors que les résidus secs sont orientés vers des fours de cimenterie. Sur l'ensemble de la filière, le rendement hydraulique de l'unité d'affinage est de 99,9% réduisant quasiment à néant la perte d'eau.
Construite dans l'enceinte du réservoir de Saint-Cloud, la nouvelle unité d'affinage a fait l'objet d'une démarche Haute Qualité Environnementale (HQE). Tout d'abord, en terme de fonctionnalité. La construction dans l'enceinte même du réservoir permet de traiter l'eau au plus près de son lieu de stockage, avec une gestion optimale de l'espace, et une réutilisation maximale des structures existantes. Ensuite en terme de respect de l'environnement : 5.900 tonnes d'agrégats liés à la démolition ont été recyclés et réutilisés dans le béton de construction des bâtiments. Les matériaux ont également été finement choisis et sélectionnés en fonction de critères de traçabilité, d'éthique, de durée de vie, de potentiel de recyclage, ou bien encore en fonction de leur performance énergétique, ou thermique.
Enfin l'intégration paysagère a été particulièrement soignée. Une construction au ras du sol, voire enterrée, a été retenue et le site a été immédiatement végétalisé: au total ce sont près de 8.000 m² de toiture ou de sols et 2.000 m² de surfaces verticales qui ont été végétalisées.
Une nouvelle unité d'affinage du même type devrait ouvrir début 2009 à L'Hay-les-Roses (Val-de-Marne), qui traitera les eaux du sud de Paris.