Pour confronter la recherche aux réalités concrètes du terrain, Le SIAAP, syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne, publie aux Éditions Johanet à partir du mois de mars 2025 une série de fascicules consacrés à thématique de recherche en lien avec les enjeux actuels de l’assainissement, dont le premier sera consacré à la biosurveillance. Vincent Rocher, directeur délégué à l’innovation, la stratégie et l’environnement du SIAAP, et Sabrina Guérin, directrice innovation, évoquent pour l'Eau, l'Industrie, les Nuisances, les grandes lignes de cette série de fascicules.
L’Eau, l’Industrie, les Nuisances : Pourquoi avoir lancé cette nouvelle série de fascicules et quel en est l’objectif principal ?
Vincent Rocher : L’innovation dans le domaine de l’assainissement est essentielle pour répondre aux défis actuels : complexité croissante des filières épuratoires, exigences réglementaires renforcées, réduction des coûts d’exploitation et de maintenance, sans oublier la nécessité de limiter notre empreinte environnementale. Avec notre démarche inneauvation, notre objectif est de faire de l’innovation publique une réalité industrielle pour contribuer à l’évolution de nos installations d’assainissement, leur exploitation et leur maintenance. Ces fascicules comme les autres formats didactiques disponibles sur notre plateforme inneauvation.fr, vise à rapprocher les avancées scientifiques du terrain en les rendant accessibles et directement exploitables par les acteurs opérationnels.
L’Eau, l’Industrie, les Nuisances : Qu’est-ce qui distingue ce format des autres publications scientifiques ou techniques déjà disponibles ?
Sabrina Guérin-Rechdaoui : En complément des publications scientifiques classiques, qui peuvent être très techniques et plus destinées à un public académique, ces fascicules adoptent une approche résolument tournée vers l’opérationnel. Ils sont co-écrits par des chercheurs et des experts techniques afin de traduire les avancées scientifiques en leviers concrets d’amélioration pour les exploitants. Complets, ils permettent en une cinquantaine de pages d’avoir une vision globale d’un sujet de recherche de la programmation scientifique ainsi que des retours d’expérience concrets d’une collectivité publique en charge de l’assainissement.
L’Eau, l’Industrie, les Nuisances : Quelles thématiques seront abordées dans ces fascicules et comment vont-ils aider les exploitants au quotidien ?
Sabrina Guérin-Rechdaoui : Chaque fascicule mettra en lumière une thématique de recherche en lien avec les enjeux actuels de l’assainissement, comme la gestion optimisée de notre patrimoine industriel à travers l’étude et l’anticipation du vieillissement des matériaux (membranes, bétons), l’utilisation d’outils métrologiques innovants pour optimiser nos performances d’épuration comme l’utilisation de la fluorescence 3D pour la caractérisation de la matière organique. Enfin, des sujets en lien avec nos enjeux environnementaux seront abordés comme la cartographie, la quantification et la limitation des émissions de protoxyde d’azote sur nos installations ou encore ce premier fascicule sur l’utilisation de la biosurveillance pour apporter un éclairage nouveau sur la qualité des eaux de surface urbaines et pour qualifier des procédés d’épuration. L’objectif est d’apporter aux exploitants des éléments concrets pour optimiser leurs pratiques, améliorer la performance des installations et anticiper les évolutions réglementaires.
L’Eau, l’Industrie, les Nuisances : Comment les acteurs du secteur peuvent-ils s’approprier ces connaissances et participer à cette dynamique d’innovation ?
Vincent Rocher : Ces fascicules sont avant tout un outil de partage et d’inspiration. Nous encourageons tous les exploitants à s’en saisir, à tester les pistes proposées et à échanger avec nous sur leurs retours d’expérience. L’innovation est un processus collectif : en confrontant la recherche aux réalités du terrain, nous pouvons co- construire des solutions plus adaptées et efficaces.
La biosurveillance à l’honneur dans un premier fascicule
Le SIAAP, à travers sa Direction de l’Innovation, travaille depuis 2016 autour de l’utilisation de la biosurveillance et a réalisé de nombreuses campagnes exploratoires aussi bien au sein des filières d’assainissement que pour le suivi environnemental des rivières franciliennes exposées à une forte pression anthropique. Ce premier fascicule retrace le déploiement de ces outils pour bâtir un dispositif de surveillance adapté au contexte local mais aussi établir un état zéro de l’écotoxicité des rivières franciliennes. Il revient également sur l’utilisation de cette innovation au sein des filières de traitement, pour qualifier un procédé d’épuration.
En collaboration avec le laboratoire d’écotoxicologie d’INRAE à Lyon, l’ensemble des résultats obtenus depuis près de 10 ans a été analysé et synthétisé dans ces pages.
« Ce fascicule est un premier document méthodologique pour comprendre comment bâtir un dispositif de biosurveillance adapté au contexte des rivières fortement urbanisées. Il propose également des outils de visualisation intégrés pour une vision la plus opérationnelle possible » précise Olivier Geffard, chercheur au laboratoire d’écotoxicologie d’INRAE et co-auteur de ce fascicule.
