L’arrêté du 21 juillet 2015 les définit comme un espace aménagé entre la station de traitement des eaux usées et le milieu récepteur. Même si elles ne sont pas considérées comme partie intégrante du dispositif de traitement des eaux usées, elles s’imposent de plus en plus comme un moyen complémentaire de protection des milieux naturels vis-à-vis des polluants, en complément de l'abattement réalisé par les stations d’épuration et des efforts menés, en amont, pour réduire les émissions à la source.
‘Elles’,
ce sont les ZRV - zones de rejet végétalisées -
qui sont proposées depuis une dizaine d’années lorsqu’il reste du
foncier disponible en complément de la station de traitement des eaux usées,
pour créer un espace tampon entre la station et le milieu récepteur. Elles
seraient ainsi plus de 560 sur l’ensemble du territoire, majoritairement implantées
en sortie de petites stations d’épuration (< à 500 EH).
L’intérêt
de ces espaces, qui peuvent prendre différentes formes (mares, noues, chenaux,
prairies), repose sur la régulation et la dispersion des flux, sur certains
avantages économiques (réduction des coûts d’aménagement liés au rejet,
production de biomasse...etc.) et sur une valorisation paysagère et écologique.
Ces
objectifs ne sont que rarement énumérés dans les cahiers des charges, encore
moins quantifiés, bien que les bénéfices attendus soient désormais clairement
identifiés. Ils sont encore moins mesurés, notamment vis-à-vis de l’élimination
des micropolluants.
Plusieurs
études permettent cependant d’améliorer la compréhension des résultats obtenus
en matière de réduction des impacts des eaux usées traitées sur le milieu
récepteur.
C’est
par exemple le cas du projet ZHART (Zone Humide ARTificielle), dont l’objectif
est de développer et d’industrialiser l’aménagement de ZRV afin qu’elles
puissent offrir des garanties en termes de traitement des micropolluants et de
maintien de la biodiversité. Ce projet a permis de recenser les mécanismes
conduisant à l’élimination des micropolluants tels que la photo-dégradation, la
bio-dégradation, l’adsorption et l’absorption par les plantes. En intégrant ces
connaissances dans la conception de nouvelles ZRV via des critères sur le
dimensionnement, le type et nombre de compartiments et la sélection de végétaux
aquatiques, il devient possible de garantir des rendements d’élimination de certains
micropolluants.
Une
autre étude a
également montré l’effet globalement positif des ZRV sur de nombreuses substances
médicamenteuses à travers le suivi de deux stations d’épuration à Falkwiller
(68) et Lutter (68). De 50 à 60 molécules médicamenteuses ont été suivies sur ces
deux sites.
Forte
d’un retour d’expériences de près de dix années, l’agence de l’eau Rhin-Meuse (qui
accompagne financièrement ces dispositifs), vient de publier un guide sur
les ZRV qui montre également l’effet globalement positif de ces ouvrages sur
les flux de macro et micropolluants ainsi que leur effet protecteur sur le
milieu récepteur en protégeant les berges des cours d’eau et en recréant des
milieux humides propices à la biodiversité.
Plusieurs
travaux en cours, menés dans le cadre de la recherche publique ou privée,
apportent également d’autres éclairages, bien qu’ils ne soient pas toujours
conclusifs sur le dimensionnement et les abattements épuratoires générés par
ces ouvrages.
Car
c’est l’un des nombreux enjeux liés aux ZRV : passer d’un intérêt supposé
à l’atteinte d’objectifs quantifiés en matière de régulation hydraulique, de
traitement des micropolluants et de bénéfice écologique. Quantifier plus
précisément les services rendus permettrait de justifier les investissements
engagés et d’encadrer plus concrètement la mise en œuvre de ces nouveaux ouvrages.