Cartographie des émissions diffuses d’une ISDND - Mise œuvre d’un nouvel outil de Flair’AIR®
30 septembre 2016Paru dans le N°394
à la page 95 ( mots)
Rédigé par : Lionel POURTIER de Environnement'AIR
Pour répondre aux préoccupations des exploitants, Environnement’AIR a développé un dispositif susceptible d’être utilisé dans l’exploitation quotidienne d’une ISDND en réalisant rapidement des mesures de contrôle des émissions diffuses à la surface des casiers ou sur une zone particulière par exemple pour contrôler la bonne étanchéité après une intervention sur un puits de captage. Les résultats obtenus montrent qu’il est possible de répondre simultanément aux exigences réglementaires (cartographier les émissions fugitives de méthane) et aux études de diagnostic des odeurs.
L’arrêté du 15 février 2016 relatif aux installations de stockage de déchets non dangereux impose la réalisation de cartographies des émissions diffuses de méthane à travers les couvertures temporaires ou définitives mises en place (Article 21 – IV).
Ces mesures sont fréquemment réalisées avec des analyseurs portatifs équipés de détecteur à ionisation de flamme (FID). Outre le fait que la réponse de ces détecteurs non spécifiques peut être perturbée par des COV autres que le méthane, leur mise en œuvre peut être complexe avec la manipulation sur site de gaz tel que l’hydrogène.
Aujourd’hui, une nouvelle gamme d’appareils basés sur la détection optique a fait son apparition sur le marché. Ces appareils utilisant la technologie laser allient simplicité d’utilisation (pas de manipulation de bouteilles de gaz) tout en limitant les risques d’interférences en ciblant la longueur d’onde d’absorption spécifique du méthane. Cependant, les coûts de ces appareils restent très élevés et constituent un frein à la mise en place de procédures internes de contrôle des émissions diffuses.
Pour répondre aux préoccupations des exploitants, Environnement’AIR a développé le dispositif FLAIR’AIR®. De conception simple et robuste, ce matériel peut être utilisé dans l’exploitation quotidienne d’une ISDND en réalisant rapidement des mesures de contrôle des émissions diffuses à la surface des casiers ou sur une zone particulière par exemple pour contrôler la bonne étanchéité après une intervention sur un puits de captage.
Contrairement aux systèmes disponibles sur le marché, FLAIR’AIR® est conçu pour recevoir divers types de capteurs chimiques pour répondre aux différentes questions relatives au contexte de l’étude.
Par exemple, pour cartographier des émissions fugitives en réponse à la réglementation nous équipons Flair’AIR® d’un capteur spécifique du méthane (1 ppm à 10.000 ppm),
Toutefois pour localiser les émissions d’odeurs et estimer les flux de biogaz émis, nous utilisons d’autres capteurs traceurs de composés odorants. En effet les odeurs perçues au-delà des limites de propriété proviennent fréquemment des composés soufrés représentant moins de 1.% de la composition du biogaz. Equipé d’un capteur ultra-sensible (1 ppb) spécifique de H2S et des composés soufrés, FLAIR’AIR® permet aisément de repérer et cartographier les émissions diffuses d’odeur.
L’analyseur de Flair’AIR® est couplé à un GPS L’ensemble permet d’enregistrer régulièrement les concentrations chimiques et leur géolocalisation.
Contexte
La Communauté d’Agglomération du Pays d’Aix (CPA) exerce, depuis 2003, la compétence de collecte et de traitement des déchets ménagers sur le Centre de Stockage de Déchets « ISDND de l’Arbois ». Bien qu’éloignée de toute concentration urbaine, la CPA reçoit parfois des plaintes de riverains.
La CPA a sollicité Environnement’AIR pour cartographier les fuites de biogaz et établir un plan d’actions préventives et correctrices permettant de réduire ou supprimer les nuisances olfactives.
L’ISDND est constitué de 2 anciens sites et du site actuellement exploité avec :
• Deux bassins couverts (14 ha) dont le biogaz est capté et valorisé (B1 et B2)
• Un bassin en cours d’exploitation (B3 =.10.ha) comprenant la zone d’enfouissement, les casiers recouverts et équipés d’un réseau de captage du biogaz,
• Des bassins de collecte des lixiviats,
• Une unité de valorisation du biogaz.
Le bassin 3 qui constitue l’objet de l’étude, a une surface totale de 10.ha et est divisé en 7 casiers recouvert de couverture semi-imperméable naturelle reliée à l’unité de valorisation. Le Casier C5 est en cours d’enfouissement.
Méthode
À l’exception de la zone de travail, l’opérateur a quadrillé l’ensemble du bassin avec en suivant le plus possible des lignes parallèles équidistantes (5 à 10.m).
Les enregistrements des concentrations chimiques géolocalisées permettent ensuite de dresser la cartographie des émissions diffuses du site à l’aide d’un système d’information géographique (SIG).
La superposition de la photo aérienne du bassin et l’utilisation d’un code couleur pour représenter les niveaux de concentrations permet à l’exploitant de localiser les zones fuites.
Parallèlement aux mesures faites avec Flair’AIR®, des mesures de pressions et des prélèvements de biogaz ont été réalisés dans différents puits du réseau de captage. Ensuite, Des analyses chimiques et olfactométriques (norme NF-EN 13725) ont été réalisées sur des échantillons de biogaz prélevés pour rechercher les relations entre la qualité du captage l’âge des déchets et les concentrations chimiques et d’odeurs
Résultats
Cartographie des fuites
L’analyse de La cartographie des fuites montre que les concentrations d’H2S varient fortement d’une zone à l’autre (Figure 1).
De plus, quelques fuites, que nous appelons « micro-volcan », ont pu être identifiées et même photographiées. Elles se trouvent principalement sur les bordures des casiers. L’étude a montré qu’elles étaient dues à la conjugaison de 3 facteurs :
• Les ruptures de pentes favorisent la création de chemins préférentiels,
• Les postions des puits de captages trop éloignés des bordures des casiers,
• Une surpression locale due mauvais dégazage de la zone afin d’éviter de capter un gaz trop riche en oxygène.
Ce mode de réglage du réseau fréquemment observé provient de la volonté de recherche d’une qualité de biogaz avec un taux de CH4 optimal pour le bon rendement de l’unité de valorisation au détriment de la volonté de capter au maximum le biogaz pour diminuer les odeurs subies par les riverains.
Analyse chimique et de concentration du biogaz
Les analyses olfactométriques et chimiques montrent de fortes variations de concentration d’odeurs et d’H2S sur les échantillons de biogaz prélevés au niveau des différents puits. Ces variations peuvent s’expliquer par :
- L’âge ou la nature des déchets enfouis dans la zone d’influence de chaque puits.
- Un biogaz riche en composés odorants soufrées provenant de décomposition anaérobique et trop pauvre en CH4 pour être soutiré.
Recollement des 2 approches
La superposition des cartographies montre une forte congruence entre :
- Les zones de fuites associées à de fortes concentrations d’H2S mesurées à la surface du bassin;
- Les puits de captage où les concentrations d’odeur et de composés soufrés sont les plus fortes.
Conclusion
Notre approche à l’aide de Flair’AIR® a montré que la captation insuffisante du biogaz (dépression faible afin d’éviter des entrées d’air…) alliée à une étanchéité des couvertures provisoires médiocres pouvait engendrer de nombreuses fuites sur les couvertures des différents casiers.
Ce défaut de captation du biogaz est générateur d’importantes émissions d’odeurs et responsable de plaintes de riverains.
Depuis nous avons utilisé Flair’AIR® selon la même méthodologie en mettant en parallèle les analyseurs de composés d’odorants et ceux du méthane.
Les premiers résultats obtenus montrent que nous pouvons répondre simultanément aux exigences réglementaires (cartographier les émissions fugitives de méthane) et aux études de diagnostic des odeurs. Cette simultanéité permet de réduire les coûts d’études de façon drastique tout en apportant des éléments de réponses.:
Aux problèmes des odeurs ressenties par les riverains (Odeurs) ;
Aux services administratifs (cartographie les émissions fugitives de méthane) ;
Aux exploitants chargés de valoriser au mieux le biogaz en améliorant la qualité des couvertures des réacteurs.
Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le