Il était une fois une jolie petite rivière qui serpentait dans les vallons boisés et la verte campagne jusqu'à la ville au bord du fleuve auquel elle apportait son tribu d'eau claire. Le gibier et le chasseur en connaissaient toutes les sources et rus discrets ; les bièvres, les moines et les meuniers la barraient ici ou là pour des raisons diverses sans altérer sa sérénité. Il n?y avait qu'en traversant la ville qu'elle subissait quelques avanies avant de se marier au fleuve. Tout cela était dans des temps bien reculés, quand Lutèce songeait à s'appeler Paris et que la Seine n?était pas guindée dans ses quais. Bien sûr la ville n?était pas très propre et ses artisans ne rejetaient pas de l'eau bien limpide, mais le fleuve en faisait son affaire pour la diluer. Au gré des guerres, les soldats lui prenaient ou lui rajoutaient un bras pour tirer son eau vers les fossés de défense, mais cela ne concernait que la confluence avec le fleuve ; la rivière pour l'essentiel restait à travers les pâturages et les hameaux sous la protection de Mélusine. Amie des moines, des hobereaux chasseurs et des paysans, la pauvrette ne se doutait pas que le génie humain associé à l'ambition et au profit allait bientôt lui nuire de plus en plus, et pas que là-bas à Paris.
Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article
Voir les abonnements