Introduction aux techniques analytiques des odeurs : l’analyse olfactométrique de la persistance
30 novembre 2021Paru dans le N°446
à la page 88 ( mots)
Rédigé par : Ean-françois DESPRéS de Olentica
Les industries soumises à la réglementation des ICPE (industries classées pour l’environnement) sont concernées par la gestion de leurs rejets qu’ils soient solides, liquides ou gazeux. Il est notable que la bonne compréhension des tenants et aboutissants des textes réglementaires réclame, tant pour les exploitants que pour l’administration, des compétences certaines dans des domaines très variés, nécessitant aussi bien des connaissances analytiques que les méthodes associées à ces analyses. Or depuis quelques années, c’est un volet sur les rejets odorants qui a été rajouté pour certaines professions, face auquel peu de personnes peuvent se prévaloir de compétences, voire d’expérience.
Cette notion de rejet odorant est directement liée aux rejets à l’état gazeux. Pourtant, il apparaîtra que tous les états de la matière sont concernés pour, à un moment donné, transférer à l’atmosphère les molécules odorantes à surveiller. Mais, dans un premier temps, il est indispensable de présenter de manière pédagogique le fondement même de l’analyse des odeurs, établi sous la forme d’une norme européenne depuis fin 2004, autrement appelée l’analyse olfactométrique.
Dans le cadre de cet article, les étapes liées au prélèvement de l’échantillon à analyser, ne seront pas exposées. De plus, cet article se limitera encore à la seule analyse olfactométrique évoquée dans la norme européenne 13725, autrement dit à l’analyse de la persistance de l’odeur.
Les analyses olfactométriques sont conduites sur des échantillons gazeux qui sont prélevés en sac souple de plusieurs dizaines de litres de volume. En effet, la quantité nécessaire aux opérations analytiques dépend à la fois de la norme qui définit les débits de travail, mais aussi de la plus ou moins grande concentration en odeur de l’échantillon. Les matériaux autorisés pour le sac d’échantillon sont rappelés par la norme, cependant, à ce jour, deux matières sont principalement employées. Ici encore nous ne rentrerons pas dans une discussion critique de ces matériaux.
Concrètement l’analyse olfactométrique se déroule de la façon suivante : des dilutions de l’échantillon sont soumises à un jury de quatre personnes (au minimum) afin de déterminer leur seuil individuel de perception. Ce seuil individuel correspond à la dilution de l’échantillon pour laquelle à plus forte dilution, le juré ne détecte pas d’odeur, à plus faible dilution, le juré détecte une odeur (sans pouvoir l’identifier pour autant).
De l’ensemble des quatre (valeur minimale) seuils de perception, il est possible de calculer un seuil moyen renseignant sur la concentration en odeur de l’échantillon. Cette concentration en odeur s’exprime en unité d’odeur par mètre cube (u.o./m³ ou u.o.E/m³ selon la 13725), correspond bien à une concentration et par conséquent suit les lois de dilution. Autrement dit, un échantillon dont l’analyse olfactométrique révélerait une concentration en odeur de X u.o./m³, se traduit par le fait que la dilution de X fois l’échantillon initial conduit à ce point de bascule, limite de la détection de l’odeur, communément appelé « seuil de perception ». Rapporté à une population, le seuil de perception est le point pour lequel la moitié des personnes détecte une odeur alors que l’autre moitié ne détecte rien. L’analyse olfactométrique renseigne donc sur la capacité d’une odeur à se propager au lointain, c’est-à-dire lors de sa dilution atmosphérique, en chiffrant la persistance odorante de l’échantillon.
La machine employée pour ce type d’analyse est constituée d’une unité réalisant des dilutions avec de l’air, dilutions qui sont soumises à des jurés qui doivent eux-mêmes se prononcer sur leur détection de l’odeur (ou pas). L’illustration 1 donne une idée du principe de fonctionnement de l’olfactomètre à dilution dynamique et de la partie « humaine » au laboratoire.
Toutes les conditions d’analyses, pour la machine mais aussi pour les jurés, sont exposées dans le texte de la norme qui définit aussi les traitements des données et les limites de validation.
Ce qui est important de retenir sur l’analyse olfactométrique fait apparaître des avantages mais aussi des inconvénients. En effet, la détermination des concentrations en odeur combinées aux débits volumiques des émissions odorantes conduit au calcul du débit d’odeur (exprimé en u.o./h) qui correspond à la quantité d’odeur lâchée dans l’atmosphère (et qui intéresse donc au premier chef l’exploitant et l’administration). En revanche, une dimension de l’odeur reste ignorée dans le cadre de l’analyse : le caractère hédonique de l’odeur, ce qui la rend plus ou moins agréable, ou acceptable. C’est la prise en compte de tous les aspects de l’odeur qui peut conduire au plus fin diagnostic d’un site producteur d’odeur ; mais cela constituera un autre article…
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