La transformation digitale dans le traitement de l’eau
18 novembre 2016Paru dans le N°396
à la page 117 ( mots)
Mesures en ligne et en continu, télégestion, supervision 24h/24, suivi automatique des alarmes, généralisation de l’IoT, essor du big data… la transition digitale des process du traitement de l’eau a commencé. Cette révolution permet de proposer aux industriels une meilleure gestion de leurs actifs, en temps réel. Le rôle et l’accompagnement des professionnels du traitement de l’eau dans cette transition sont essentiels.
Les industriels
doivent faire face à de nombreux challenges dont certains sont directement liés
à la gestion de l’eau sur leurs centres de production.
En effet, les
obligations en termes de consommation d’eau, de performance énergétique, de
limitation de l’impact environnemental, de gestion des risques sanitaires mais
aussi l’amélioration des coûts opératoires et la protection d’équipements de
plus en plus techniques, sont devenus des paramètres importants dans la
définition des priorités usines.
En 10 ans, ces
sujets sont devenus de plus en plus importants au fur et à mesure des nouvelles
réglementations mais également du développement de technologies d’analyse et de
communication capables d’informer l’utilisateur en temps réel sur le
comportement de l’eau véhiculée dans ses installations.
Au niveau de
l’eau et des systèmes de refroidissement, on peut en particulier citer :
-Le renforcement
de la contrainte réglementaire avec, entre autres, la réglementation
Légionelle, les textes relatifs aux rejets dans l’eau au titre des
Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) et enfin le
durcissement de la réglementation concernant l’usage des produits chimiques,
notamment les biocides ;
-Le
développement de capteurs performants qui permettent des mesures en
continu des résultats au niveau :
ode la corrosion
: sonde de corrosivité, mesure ORP (potentiel d’oxydo-réduction) ;
ode l’entartrage
: mesure en continu de l’actif antitartre, échangeur témoin, sondes
d’entartrage ;
odu biofilm :
capteurs permettant de suivre en temps réel l'évolution de l'encrassement
(biofouling).
- - Le développement
des capacités de mesure en ligne des actifs :
omesure directe
de l’actif (inhibiteurs de corrosion et d’entartrage) ;
omesure in
situ de molécules tracées (fluorescence) greffées ou non sur la molécule active ;
omesure des
oxydants (suivi en temps réel de l’efficacité désinfectante).
- - Le développement
d’automates de contrôle :
ocollecte de
toutes les informations venant des capteurs spécifiques mis en place ainsi que
des données du système ;
oUtilisation
de toutes les données du système afin de doser, contrôler et ajuster le
traitement mis en place.
- - L’évolution
des matériaux, des procédés industriels et des technologies d’échange
- - La digitalisation
de toutes ces données sur le Web :
omise en place
d’une communication des données relevées in-situ (via GSM ou ligne téléphonique) avec une
plateforme Web sécurisée accessible à distance ;
oanalyse
automatique de ces données afin d’éditer des rapports automatiques ;
osurveillance,
analyse et interprétation de ces données 24h/24, 7j/7 par des spécialistes ;
oGestion
d’alerte en temps réel pour une meilleure réactivité.
Alors comment la
transformation digitale s’est-elle concrètement opérée au niveau de la gestion
du traitement de l’eau ?
Traditionnellement,
la gestion de l’entartrage, de la corrosion et de la contamination bactérienne
était faiblement automatisée. Elle se limitait aux actions suivantes :
- - L’injection
des produits de traitement ;
- - Le contrôle
manuel de la purge ou la mesure de conductivité ;
- - Une analyse
d’eau manuelle régulière au niveau du système, principalement par la société de
traitement d’eau ;
- - L’ajustement
manuel des paramètres de traitement en fonction de cette analyse.
L’apparition des
contraintes détaillées précédemment et l’évolution des technologies, notamment
les possibilités liées à l’arrivée du Web 3.0, ont permis de développer une
approche radicalement différente au niveau de la gestion des circuits de
refroidissement. On peutdétailler les
principales innovations :
- - Mesure en
continu des paramètres clés du système :
oactifs des
antitartres, anticorrosion et biocides ;
oparamètres
chimiques du traitement : pH,
conductivité, turbidité, température ;
- - Régulation
via un automate de contrôle du traitement en fonction de l’analyse de tous ces
paramètres et des résultats des indicateurs ;
- - Transfert des
données sur le Web de manière sécurisée : les données recueillies peuvent être
analysées et interprétées. Cela donne ainsi la possibilité de suivre les
installations 24 h/24 ainsi que d’effectuer la maintenance et les actions
correctrices.
Cette révolution a fait
évoluer le métier du traitement de l’eau : le contrôle en continu du
système, la supervision 24 h/24, le suivi automatique des alarmes permettent de
proposer aux industriels une meilleure gestion de leurs systèmes, en temps
réel.
La
transformation digitale au niveau du traitement d’eau est-elle terminée ?
La
digitalisation des données prend aujourd’hui un nouvel essor du fait de
l’apparition du « Big Data ».
En effet, la
massification des informations relevées sur le terrain et transmises grâce à la
digitalisation du traitement d’eau permet dorénavant d’envisager l’exploitation
d’un parc de données conséquent. Le développement en parallèle d’algorithmes de
plus en plus performants permettra d’anticiper certaines dérives et de proposer
des actions correctives. Ces algorithmes se basent sur l’expérience acquise sur
les sites sous surveillance digitale.
L’accès au Big Data permettra de dépasser le
simple stade de l’analyse et de la transmission de données sur le web. L’exploitation
de l’ensemble des données d’un site industriel permettra également d’évaluer
l’efficacité hydrique et la productivité d’une ligne de fabrication ainsi que
de procéder à un benchmarking entre installations ou entre usines…
Les bénéfices pour les
industriels sont multiples :
- - Optimisation
du fonctionnement des installations avec une conséquence directe sur la baisse
des consommations d’eau, d’énergie et des coûts opératoires ;
- Réduction des quantités de produits chimiques à ce qui est nécessaire et limitation de l'impact au niveau environnemental ;
-Meilleur
contrôle du risque bactériologique surtout au niveau de la Légionelle ;
- - Sécurisation
du process au niveau production du fait d’une meilleure gestion des systèmes de
refroidissement ;
- - Connaissance
du bilan hydrique global de son usine.
Les professionnels du traitement de l’eau jouent un rôle moteur dans cette
approche : grâce à leur expertise et leur connaissance des installations, ils
participent activement à une utilisation responsable et raisonnée des
spécialités chimiques et limitent l’impact environnemental de leurs technologies.
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