Le procédé de traitement biologique par la technique du Chenal Algal à Haut Rendement, n’est pas encore établi avec un critère opératoire standard. Cependant, des recherches sont menées à travers le monde pour optimiser un certain nombre de paramètres influençant le rendement épuratoire du dit procédé. Notre équipe de recherche se penche depuis de longues années à mieux comprendre les phénomènes physico-chimiques, biologiques et hydrodynamiques des processus complexes qui régissent le fonctionnement des mécanismes réactionnels dans ce procédé. Un article a été publié au sein de cette revue portant le N° 412 et traitant l’aspect «?Comportement Hydrodynamique du Chenal Algal à Haut Rendement en Mode Diphasique?» explique l’hypothèse qui a été adoptée et qui consiste à considérer le mélange des eaux usées – algues comme étant un ensemble diphasique. Le présent article s’intéresse à la simulation de la dispersion algale dans le CAHR en considérant le profil vitesse de ces particules?; cette approche a été effectuée sur le logiciel ANSYS Fluent. La première partie de cet article traitera un volet théorique sur le profil de la vitesse de la phase dispersée (Micro algues), alors que la deuxième partie sera consacrée à la présentation des résultats issus du logiciel et sera accompagnée des paramètres introduits du dit logiciel et enfin la troisième partie exposera les résultats et discussions ainsi que des perspectives et recommandations.
INTRODUCTION
Les études hydrodynamiques concernant le CAHR ont contribué à la compréhension d’un certain nombre
de paramètres notamment l’état du
mélange, la diffusion, la consommation
en oxygène ainsi que l’abattement de la
matière organique. Lors des expérimentations réalisées, il a été constaté un phénomène de déplacement de nuages de
cellules algales en sens inverse de l’écoulement du fluide pendant les moments
de forte oxygénation (activité photosynthétique intense vers le midi solaire).
L’idée de se pencher sur cette problématique en considérant un comportement
diphasique (phase liquide: eaux usées,
phase solide: cellules algales), ne peut
que renforcer l’aspect conceptuel de
ce type de procédé et qu’améliorer ses
performances épuratoires. En effet, ce
mode va compliquer d’avantages toutes
les considérations et va ignorer toutes
les hypothèses simplificatrices qui ont
été prises pour la compréhension des
mécanismes réactionnels mis en jeu
pour la symbiose alguesbactéries en
mode monophasique.
Cependant, les
écoulements diphasiques font appel à la mécanique des fluides complexe, donc
le recours vers la simulation numérique
serait d’une grande utilité. Le logiciel
utilisé sera ANSYS Fluent, tout en respectant son prospectus, de modélisation, de maillage, de conditions limites
ainsi que sa convergence.
Les résultats obtenus sont prometteurs, sur le
plan de la compréhension des différents mécanismes bioréactionnels en
termes d’hydrodynamique et de profil
de vitesse de la phase dispersée d’une
part, et ouvrent une large brèche dans le
domaine de l’algologie du fait de l’utilisation des flagelles, de certaines espèces
inhibées par la forte activité photosynthétique, d’autre part.
II. PROFIL DE VITESSE
DE LA PHASE FLUIDE
La distribution de vitesse est primordiale dans l’étude. En effet elle traduit le
comportement du fluide au sein du chenal. Le fait de visualiser le mouvement du
fluide directement in situ ne renseigne
pas sur plusieurs aspects de vitesse qui
ne peuvent être visualisés qu’à travers
des simulations comme celle-ci.
La distribution de vitesse se présente
alors comme suit :
D’après ces figures il est bien à noter que
le fourchettes de vitesse varient entre
0 m/s et 0.15 m/s. À l’issue de ces premiers résultats nous constatons déjà la
présence de volumes morts dessinés en
bleu. Dans ces zones la vitesse est quasi
nulle donc c’est le lieu d’une turbulence
importante, c’est une partie perdue du
chenal et nous attèlerons à démontrer
qu’un changement d’architecture dois
s’imposer.
III. PROFIL DE VITESSE
DE LA PHASE DISPERSÉE
(MICRO-ALGUES)
Lors de la simulation, en utilisant le DPM
(Voir Article N° 412) nous avons injecté
le maximum de particules que peut supporter la machine en terme de compilation.
En effet il était possible d’utiliser le
mode DDPM qui permet d’injecter toute
une fraction volumique de particules
mais cette option n’était pas réalisable
pour des raisons de capacité de serveur.
En ce qui concerne les paramètres liés
aux micros algues introduits au logiciel
on retrouve:
• La masse volumique est de 1125 kg/m3
• Un diamètre variant entre 3 µm et 10µm
(en fonction des espèces dominantes).
Les présentes valeurs ont étés tirés des
caractéristiques de l’algue Chlorella
Vulgaris, c’est l’espèce présente dans le
chenal, caractérisée par sa robustesse et
sa résistance aux changements de saisons de l’année.
L’injection des particules se fait dans
l’emplacement de la roue d’agitation.
Comme il est visible dans les différentes
captures d’écran la roue d’agitation n’est
pas visible.
Cette manœuvre est justifiée par la
divergence que présente le logiciel lors
de la mise en marche de la roue.
En effet
lors du lancement des itérations, les particules entrent en boucle fermée dès
qu’elles effectuent le premier tour et
atteignent la roue.
Le logiciel retourne
une trajectoire incomplète. Pour pallier à ce problème et vu qu’on
travaille en régime permanent on adopte
une vitesse moyenne à l’emplacement
de la roue de 0.15 m/s comme le montre
la figure ci-dessous
D’après cette figure, nous pouvons
constater d’ores et déjà que les volumes
morts précédemment abordés sont le
lieu d’un désordre particulier pour les
particules.
• Dans le premier couloir les particules
progressent de façon quasi uniforme
avec une vitesse moyenne avoisinant
les 0.15 m/s.
• Dès l’arrivée au premier virage on
assiste à une accélération minime, on
aurait tendance à penser que c’est la
localisation de la vitesse maximale, mais
ce n’est pas le cas. C’est l’étape prochaine
qui déclenche une variation visible.
• Après la sortie du virage l’accélération
est beaucoup plus visible. Cette accélération est accompagnée par l’apparition
d’un volume mort dans lequel les particules restent prisonnières dans cette
zone à forte turbulence. Le pic de vitesse
des particules est moins élevé que celui
de la phase continue. De plus il existe un
léger décalage entre les zones d’accélérations du fluide et celles des particules
visibles à partir des pics de colorations.
Ceci peut expliquer le déphasage visible
in situ entre les deux phases. Mais pour
s’en assurer il faut prendre en considération le mouvement propre des algues.
Certaines algues présentent la particularité de se mouvoir avec des flagelles.
C’est donc une piste à exploiter à l’avenir
en la couplant avec l’approche diphasique pour obtenir le résultat le plus
complet possible.
Cette simulation peut s’effectuer grâce à
un modèle offert par Fluent, sous le nom
de PBM (Population Balance Model),
lequel modèle permet d’intégrer le paramètre de croissance algale.
En effet cet
aspect pourrait modifier le comportement de l’écoulement des particules ;
car dans notre cas on considère que
les algues sont encore dans leur phase
exponentielle de croissance où la population algale est majoritairement jeune
et ne présente pas de faiblesse liée à
leurs conditions biologiques.
L’effet de la turbulence montre que ces
particules tendent à suivre le mouvement général de l’écoulement du fluide.
Or, en présence des volumes morts pour
la phase continu les particules sont
entrainés en turbulence accrue, et par conséquent se retrouvent en mouvement tourbillonnaire qui les empêchent
de suivre le mouvement d’ensemble. Ils
sont emprisonnés dans des vortex et
ne participant pas activement à l’écoulement. Ceci pourrait etre expliqué
d’une part par la dissipation de l’énergie cinétique et par le taux de dissipation de l’énergie cinétique turbulente
d’autre part, comme le montre la figure
suivante
Il est donc primordiale de palier à ce
problème en proposant une alternative dans le but d’améliorer la qualité
du mélange et par la suite l’efficacité
du processus épuratoire. Ceci ne pourrait être envisagé sans la maitrise et
le suivi du nombre de Reynolds pour
la phase discrète; la figure suivante
montre l’évolution de ce dernier en
remarquant que le nombre de Reynolds
varie entre 1.32 et 1.62.107. Cependant
le calcul de nombre de Stocks pour un
faible nombre de Reynolds donne une
valeur St = 3.73.108
donc les particules
répondent directement au changement
de la vitesse dans le fluide comme le
montre la figure suivante :
IV. CONCLUSION
L’étude de la dispersion de la suspension
algale en mode diphasique a pu montrer une meilleure compréhension de
l’hydrodynamique du chenal, en mettant l’accent sur la présence des zones
mortes via le profil des vitesses, et une
dissipation de l’énergie cinétique turbulente. Ceci se manifeste sur le plan
architectural des couloirs et sur la
vitesse initiale d’entrainement de la
roue d’agitation.
Nous pensons que cette
étude pourrait remédier au problème de
la sensibilité du chenal aux variations
de vitesse qui influence directement
son rendement épuratoire, certes une
nouvelle architecture offrirait un certain statu quo nécessaire au bon fonctionnement des processus biologiques.
Cette atténuation des volumes morts
résident dans la réduction des phénomènes turbulents qui se manifestaient
par la présence de courants secondaires.
Des études sont menés en parallèle pour
optimiser la vitesse d’agitation de la roue
en configuration diphasique et fera l’objet d’un prochain article.
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