C’est une invitation à découvrir l’histoire patrimoniale des eaux dans cette petite station thermale ligérienne… Le thermalisme et son application thérapeutique pour guérir et soigner les maladies, la crénothérapie, remonte à l’antiquité et portait alors tant sur l’hygiène, que le sacré et les guérisons. Déjà Galien articulait les bains autour de 4 principes?; air chaud, puis bain chaud (emolient) puis eau froide (tonique), puis essuyage de la sueur (et massages, épilation…). Figure 2 - lettre de H.Laur à mr le Préfet avril 1880. Après une certaine désaffection durant le moyen âge et la renaissance, la fin du 18ème siècle voit son intérêt renaitre à l’initiative de Louis XV sous les auspices de la société royale de médecine. Son engouement au début puis en milieu du 19ème siècle est porté sous l’influence du romantisme, puis de la famille impériale; phénomène accéléré par la révolution du rail, l’essor du tourisme et des pratiques sportives, le développement économiques des villes thermales. Enfin, le 20ème siècle approfondit les connaissance scientifiques et médicales, et fait évoluer les techniques hydro-thermales.






DECOUVERTE
Déjà, en fin de 18ème siècle, paraissait un ouvrage médical de Richard de la Prade sur «Analyse et vertu des eaux minérales du Forez». En 1894 était édité un ouvrage du dr. Dr De La Harpe (Fig.1); formulaires des eaux minérales de France et de l’hydrothérapie, avec une entrée sur MONTROND (département de la Loire). L’histoire géomorphologique du Forez est marquée par l’activité volcanique à l’origine de nombreuses sources ; en revanche, l’activité de Montrond est le fruit d’un pur hasard.
A l’origine, le développement de la commune date de la fin du 18 ème siècle lorsque, cherchant de nouveaux gisements de charbon indispensables au développement de l’industrie, Francis Laur, ingénieur civil des Mines, débuta en 1879 un forage près de la route nationale (Fig.2).
Les travaux s’étalèrent sur plusieurs années et permirent de découvrir des nappes d’eau fortement minéralisées (chargées en gaz carbonique) et d’une température de 28°. Le 23 septembre 1881, le forage atteignit la profondeur de 475 m et l’eau jaillit brusquement à 7m de hauteur (Fig.3). Puis, suite aux essais successifs, le plus haut jaillissement culmina entre 18 et 20 mètres; le 09 mars 1882, la profondeur atteint alors 502 m.
La source thermale du Geyser, dont les qualités minérales de l’eau allaient être rapidement reconnues (arrêté d’autorisation de 1883), venait de naître et allait sceller le destin de station hydrominérale de Montrond qui obtint en 1938 la particule officielle «les Bains». En parallèle, courant 1883, des sondages sont entrepris de l’autre côté de la route nationale pour retrouver une première nappe aquifère découverte lors des recherches précédentes; on atteint à 65 m de profondeur cette nappe d’eau pure et non gazeuse qui sera dénommée source Cristal (qui devrait son nom à sa faible minéralisation et sa grande pureté).
EXPLOITATION/ANNEES FASTES
La nouvelle station thermale connut une période faste (Fig. 4) jusqu’à l’entredeux guerres puis déclina progressivement – (faible capacité d’accueil, concurrence de stations plus prestigieuses notamment en Auvergne limitrophe…). L’activité cessa vers 1963 pour reprendre une vingtaine d’années plus tard. Le premier établissement thermal et le grand hôtel/casino du Geyser (construit au-dessus de la source «Cristal» sont inaugurés respectivement en juillet 1883 et en 1984, le quartier thermal se développe peu à peu dans les décennies suivantes et le parc thermal est créé en 1902.
Les installations de l’époque (Fig. 5 à 8) comprenaient un puits circulaire de 4 m de diamètre et 3.4 m de profondeur d’où partaient 4 canalisations alimentant l’établissement thermal, la chambre d’embouteillage, la petite piscine du parc et la vasque de la buvette surmontée d’un kiosque en fer forgé. Neuf cabines avec baignoires, une salle de massage, une douche et une salle d’inhalation constituaient proprement dit alors l’établissement de soins. Les soins étaient dispensés pour les bains dans des grandes baignoires en fonte; l’eau était préalablement réchauffée à 38 degrés par une chaudière à charbon. En complément étaient pratiquées des douches sous-marines et des massages sous l’eau.



La posologie s’appuyait aussi sur la consommation journalière de 150 à 400 g d’eau en plusieurs prises. En 1891 la société propriétaire des sources, de l’établissement thermal et de l’hôtel fait faillite. Lui succède alors en 1892 la sté nouvelle des eaux minérales de Montrond qui reprend le patrimoine – hors hôtel. La station connait une certaine attractivité locale – notamment auprès des riches bourgeois stéphanois et des environs ; on comptabilisa 250 curistes en 1892 et 300 en 1896. Outre l’activité thermale, elle développe la commercialisation de l’eau du geyser puis eau de la source cristal jusqu’e 1964; elle diversifia sa production en se lançant aussi dans la fabrication de limonade (mécanisation de l’embouteillage dès 1900).
A l’apogée du site, jusqu’à 500000 bouteilles d’eau furent distribuées en 1913. En 1907, création de la sté générale des eaux de Montrond qui rachète l’hôtel et la source qu’il abrite. Mais en 1909 la sté nouvelle tente et gagne un procès à sa concurrente qui doit alors cesser ses activités. Durant la 1ère guerre mondiale, l’hôtel sert de cantonnement pour les militaires. En 1920, l’hôtel est racheté par la sté nouvelle des eaux minérales qui veut relancer l’activité de casino; la législation alors exige toutefois que la station pour cela soit classée «station hydrothermale»; s’engage alors de longues démarches durant 14 ans, qui abouti au classement en 1935; un casino ouvrira ses portes finalement en 1937 au grand hôtel du Forez. En 1941, l’hôtel est réquisitionné et occupé par l’armée allemande. Dès 1945 l’exploitant remet en service la source Cristal. En 1966 le bâtiment est acheté par les «pupilles de l’école publique» qui sera ensuite affecté à l’I.M.P «le geyser».