Sujet d’actualité, la maîtrise des impacts atmosphériques est de plus en plus intégrée aux projets de maîtrise d’œuvre, notamment dans le cadre des travaux du Grand Paris où elle fait l’objet de spécifications précises. Trois vecteurs d’impacts atmosphériques sont identifiés : les rejets canalisés, les émissions diffuses dans l’environnement, ainsi que les émissions polluantes au poste de travail des opérateurs. Ces émissions peuvent être sous formes gazeuses et particulaires. Dans le cadre de la surveillance de chantiers, la fraction particulaire est souvent mise en avant. Sur les sites de dépollution, les odeurs et les polluants gazeux peuvent être plus spécifiquement visés.
Dans certaines configurations, comme les unités de traitement thermique, les installations peuvent être qualifiées par la préfecture comme des ICPE
« temporaires » et soumises à un arrêté préfectoral d’exploitation. Cet arrêté portera alors sur des mesures réglementaires de gaz et de particules pour les rejets canalisés ou diffus.
Les approches métrologiques reposent sur trois configurations : les mesures dites passives (capteurs exposés dans l’environnement sans pompage de l’air), le prélèvement actif (par pompage de l’air sur capteur) et la mesure en continu par détecteur. Le choix de la technique sera orienté par le cadre de la mesure (sensibilité, réglementation, représentativité, délais…). Pour les problématiques d’impacts sur les riverains, en particulier en zone urbaine dense et sensible, le choix de la méthode passive semble s’imposer naturellement du fait de sa capacité à représenter une exposition chronique. Les méthodes actives seront plutôt associées à des problématiques de rejets canalisés ou d’expositions professionnelles.
Le choix des polluants ciblés va également dépendre des vecteurs d’exposition associés. Autant les polluants à prendre en compte sont assez bien définis par la réglementation des ICPE ou en air ambiant, autant les problématiques d’expositions professionnelles sur les chantiers sont plus complexes à adresser, surtout s’il est demandé de mettre en place des seuils d’actions pour la protection des intervenants, ce qui exige une surveillance en continu.
S’il existe aujourd’hui plusieurs systèmes de monitoring permettant de répondre à la mesure des particules ou des gaz, cela est plus compliqué pour la mesure des composés organiques volatils (COV) spécifiques. Un des seuls moyens disponibles à coût maîtrisé pour traiter ce sujet est d’utiliser une mesure globale par indice PID (détecteur à photo-ionisation) avec un seuil de détection suffisamment bas (ppm) permettant de fixer un seuil d’alarme cohérent avec les valeurs limites d’exposition professionnelles (VLEP).
Se pose alors la question du nombre et de l’emplacement des points de mesure. Les retours d’expérience de RINCENT AIR sur la surveillance de chantier permettent d’identifier trois postes principaux : le travailleur directement au contact de la zone polluée qui doit être équipé d’EPI adaptés et d’un détecteur portable, les conducteurs d’engins d’excavation dont la surveillance peut se faire à l’aide d’une balise d’ambiance placée dans la cabine de pilotage, et un point environnemental, qui sera suivi à l’aide de balises PID plus sensibles (ppb) disposées en limite de chantier. En ce point environnemental, peut être associé un suivi en continu des poussières opéré par analyse optique (néphélométre) ou par des appareils de référence comme le TEOM ou la jauge Beta, équipés idéalement d’une station météo.
L’optimisation des coûts devra prendre en compte à la fois la sensibilité du site par rapport à son environnement, le cadre des inspections réglementaires (DRIEE, DREAL, CRAMIF, CARSAT…), le contexte socio-économique ainsi que l’accessibilité aux technologies de mesures permettant d’adresser ces différents niveaux d’application.
Etienne de Vanssay, RINCENT Air