C?est un lieu commun : l'eau fait tourner l'économie. Elle est indispensable à la production agricole comme à la production industrielle et concerne tous les secteurs d'activités, sans exception.
Pourtant, trop peu nombreuses sont les entreprises qui se préoccupent des risques découlant de sa raréfaction.
Une récente étude publiée par le cabinet d'audit et de conseil PwC1 confirme pourtant le constat du World Economic Forum's dans son rapport « Global Risks Report 2015 » : les risques hydriques sont désormais les premiers risques mondiaux qui pèsent sur les entreprises.
Que l'eau soit utilisée par l'entreprise pour refroidir, réchauffer, laver, dissoudre, ou faire partie intégrante du produit fini, elle joue un rôle clé dans la chaîne de production et d'approvisionnement. Son excès, son défaut ou sa non-conformité peut entraîner des perturbations majeures sur les cycles de production, de stockage et de distribution.
Toute la chaine de création de valeur est concernée, de l'agriculture à l'industrie, en passant par les services, et même le secteur financier qui investit et assure les entreprises contre ces risques dont l'exposition reste souvent difficile à appréhender.
La cartographie des risques se décline en trois catégories : les risques « physiques » concernent essentiellement la qualité et la quantité d'eau disponible, les risques de « réputation » touchent plutôt à l'image de l'entreprise et à ses droits à utiliser l'eau et rejeter l'eau, tandis que les risques de « régulation » concernent plus particulièrement la réglementation, les prix et les usages.
Pour déterminer et maitriser son exposition, chaque entreprise doit prendre en compte l'ensemble des facteurs locaux susceptibles d'interagir à la fois sur ses activités directes mais aussi sur sa chaîne d'approvisionnement en amont et sur sa distribution en aval : pollutions, inondations, approvisionnements irréguliers ou raréfiés, gouvernance, réglementation, changements climatiques, etc.
Car le fait de s'assurer de disposer d'une ressource en eau de qualité, en quantité suffisante et à un coût économiquement compétitif, est bien évidemment essentiel.
Mais s'assurer de cette disponibilité dans le temps est devenu stratégique.
Car la demande en eau devrait augmenter de 55 % au niveau mondial d'ici 2050, selon les projections réalisées par l'OCDE. Une augmentation imputable à l'industrie manufacturière (+ 400 %), mais aussi à la production d'énergie (+140 %) et aux usages domestiques (+130 %).
La Banque mondiale prévoit de son côté un déficit global de 40 % entre la demande et les ressources disponibles en eau d'ici 2030. Cet écart, associé aux besoins exponentiels du secteur agricole qui devra nourrir une population mondiale en forte croissance, devrait aboutir à une situation critique.
De l'avis général, la disponibilité de l'eau sera l'un des facteurs limitant de la croissance des entreprises durant les prochaines décennies.
Il est donc urgent de dépasser la simple approche quantitative et calculer son empreinte eau comme on calcule son empreinte environnementale ou son empreinte carbone, de manière à définir un plan d'actions adapté et réduire son exposition au risque.
Les méthodologies et les outils existent. La norme internationale ISO 14046 permet ainsi une évaluation de l'empreinte eau basée sur l'analyse du cycle de vie. Elle s'intéresse aux quantités d'eau consommées, au lieu où cette eau est consommée et à la pollution engendrée.
En permettant aux entreprises de mieux appréhender les problématiques locales, environnementales, sociales et économiques liées à l'eau, elle est sans aucun doute l'un des plus sûrs moyens d'assurer leur pérennité.
1 : « Collaboration: preserving water through partnering that works » - PwC- http://www.pwc.com/gx/en/sustainability/publications/preserving-water-through-partnering.jhtml