Né juste avant l’été de la fusion du Pôle Eau avec les clusters occitans Swelia et WSM (Water Sensors & Membranes), le pôle de compétitivité Aqua-Valley a organisé au mois de septembre dernier une journée de réflexion stratégique rassemblant une centaine de représentants de la nouvelle entité. Objectif : bâtir un programme d’actions ambitieux autour de l’innovation et de l’accompagnement des entreprises à l’international.
Cette journée a permis de dégager
plusieurs axes de travail, dont celui de la réutilisation des eaux usées traitées.
L’objectif est de contribuer à la consolidation
de la filière française de l’eau, réputée, innovante
et dynamique, avec une programmation d’animations orientées vers les
usages. Problème : en matière de Reuse, la France accuse désormais un
retard important, du fait, notamment, de blocages réglementaires persistants. « L’Australie, Israël, l’Espagne ou encore Singapour
ont développé très tôt des technologies de Reuse, parce qu’ils n’avaient pas d’autres
choix, a ainsi souligné Sylvain Boucher, Président d’Aqua-Valley. Beaucoup d’entreprises françaises ont dû
exporter ces solutions sans jamais pouvoir les utiliser en France, sauf dans
des cas extrêmement précis et contrôlés ». Ces blocages sont bien
connus : ils sont liés à une certaine frilosité en matière de risques
sanitaires et au postulat désormais erroné selon laquelle il n’y aurait pas, en
France, de problème de disponibilité en matière de ressource. Un projet ambitieux lié à la réutilisation
d'eaux usées traitées pour le secteur agricole, a pu cependant être monté en Occitanie,
dans le cadre de la procédure France Expérimentation qui permet de tester des innovations.
Ce projet, baptisé SmartFertiReuse, vise notamment à développer et mettre en
œuvre à une échelle industrielle, un outil de pilotage d’irrigation des
parcelles agricoles. Les filières développées, gérées par cette solution de
pilotage intelligente de la fertilisation, permettront de complémenter l’eau
d’irrigation en nutriments, en fonction de la composition des apports provenant
des effluents traités et des besoins de la culture. Cette solution de pilotage
sera contrôlée par un système automatisé basé sur des outils d’aide à la
décision et des capteurs innovants connectés, pilotés par des algorithmes
calibrés. Ce projet doit aussi permettre de construire des modèles intégrés
d’évaluation des risques sur la santé humaine (QMRA), économique (ACB),
environnemental (ACV) et organisationnel en Reuse qui seront comparés aux
filières conventionnelles. Il s'inscrit
dans le prolongement d'une plateforme de normalisation montée par le Pôle Aqua-Valley
en 2016 et pilotée par l'AFNOR et à laquelle une quarantaine d'acteurs (collectivités,
entreprises et scientifiques) ont participé, dans le but de faire évoluer la réglementation
en démontrant l’absence de risques sanitaires. Mais en attendant cette
hypothétique évolution réglementaire, les tomates marocaines et les avocats israéliens
restent en vente libre dans les supermarchés sans que les maraichers français ne
puissent utiliser les mêmes technologies interdites par la réglementation.
Comprenne qui pourra…
Les membres d’Aqua-Valley
ont par ailleurs décidé d’intensifier les actions d’ouverture à l’international
dans le cadre du réseau « France Water Team » qui regroupe déjà les trois pôles
de l’eau, Aqua-Valley, Dream et Hydreos, et le cluster Ea éco-entreprises. Objectif :
offrir une meilleure visibilité de la filière au niveau national et international.
« Pour une entreprise qui participe à un
salon à l’international, se présenter face à un acheteur de Singapour ou de Dubaï
comme venant de Tarbes, de Montpellier ou d’Aix en Provence, ça ne veut pas
dire grand-chose, explique Sylvain Boucher. Cet acheteur identifiera facilement la France, l’Ecole Française de l’eau
et son savoir faire avéré, mais l’attachement à un pays sera beaucoup plus
facile à visualiser qu’une localisation sur un territoire précis. France Water Team
permet de se regrouper sous cette bannière commune et de promouvoir l’image de l’école
française de l’eau en contribuant a son rayonnement à l’international ».
Ce réseau va s’ouvrir à deux autres clusters, le Partenariat français pour l’eau
et le Comité stratégique de la filière de l’eau qui représente notamment les grandes
filières métiers parmi lesquelles la FP2E, Les canalisateurs, l’UIE ou encore
le Syntec. France Water Team regroupe ainsi près de 650 entreprises et
organismes de recherche et de formation au plan national. Il permet de
constituer des délégations significatives lors des opérations du Pôle et de ses
partenaires à l’étranger (Iran, USA, Chine, Portugal, etc.), à la conquête de nouveaux
marchés émergents prometteurs, en complément des accompagnements en place sur les
marchés plus traditionnels (Afrique notamment dont le Maroc, avec une dynamique
régionale particulière portée par Sud de France Développement).
Enfin, plusieurs sujets
seront également abordés par Aqua-Valley ces prochaines semaines, notamment lors
de séminaires thématiques organisés en Région parmi lesquels les enjeux liés aux
changements climatiques, la problématique du renouvellement des réseaux d’eau
potable et d’eaux usées, et les aspects financiers de la péréquation entre l’urbain
et le rural.