Spécialisée depuis plus de 40 ans dans le traitement et le recyclage des effluents liquides industriels, CMI Proserpol a su développer un portefeuille de technologies diversifiées qui permettent aux industriels de réduire leur empreinte environnementale. Au delà de ces savoir-faire reconnus, l'entreprise bénéficie désormais pleinement de toutes les synergies technologiques, commerciales et géographiques liées à son intégration au sein du Groupe CMI. A la clé, une accélération de son développement commercial, porté par d'importantes perspectives de marchés, tant en France qu'à l'étranger. Rencontre avec Olivier Bernat, directeur Général de CMI Proserpol.
Revue
L’Eau, L’Industrie, les Nuisances : Comment se structure aujourd'hui le pôle
environnement du Groupe CMI ?
Olivier
Bernat : Le Groupe CMI, présent sur tous les continents, est
structuré autour de quatre grands secteurs d'activité : CMI Energy, CMI
Defence, CMI Services, dédié aux services à l'industrie et qui emploie la
moitié des effectifs du Groupe, essentiellement en France, en Belgique et au
Brésil, et enfin CMI Industry, historiquement centré sur la sidérurgie et qui
s'est diversifié depuis 2008, notamment dans l'environnement. CMI Industry a
ainsi développé une palette de solutions environnementales innovantes,
agglomérant autour de ses solutions de conversion thermique « The NESA
Solution® », des solutions de traitement des rejets industriels liquides et
gazeux : à travers des opérations de croissance externe, CMI Industry a
successivement intégré Proserpol, Europe Environnement, Balteau et plus
récemment encore Aquion, spécialisé dans les produits pour le traitement de
l'eau. Les activités de ces différentes entités permettent aujourd'hui à CMI
Industry de réaliser une soixantaine de millions d'euros de chiffre d'affaires
dans l'environnement, sur les presque 900 millions d'euros réalisés par le
Groupe CMI.
Revue
E.I.N. : Quels sont les champs d'expertise couverts par l'offre de technologies
environnementales de CMI Industry ? O.B. :
A la base, l'offre de technologies environnementales
de CMI Industry est centrée sur les activités historiques développée par CMI
Europe Environnement dans le domaine du traitement de l'air, de CMI Balteau en
eau potable et en eaux usées urbaines et de CMI Proserpol en traitement des
eaux industrielles. Le rassemblement de ces différentes entités au sein du
Groupe CMI a permis de faire émerger de nombreuses complémentarités qui
dépassent désormais largement cette répartition des compétences. Le fait de
pouvoir mixer les équipes, les savoir-faire et les références permet
d'exploiter les synergies en élargissant considérablement le spectre de nos
offres respectives.
Revue
E.I.N. : Quelles sont ces synergies ?
O.B.
: Elles sont nombreuses. A l'international, là ou se
situe nos principaux gisements de croissance, nous pouvons nous appuyer sur les
réseaux commerciaux et sur l'implantation du Groupe CMI dans de nombreuses
régions du monde. Ces relais locaux sont essentiels pour pénétrer plus
facilement et plus rapidement ces marchés. Ensuite, le fait de pouvoir associer
des compétences diversifiées au sein d'une équipe dédiée et spécialement constituée
pour l'occasion est un atout fondamental. Cela nous permet de coller
parfaitement aux attentes des clients tout en élargissant nos centres
d'intérêts vers des marchés de plus en plus importants. Aujourd'hui, nous
répondons à des appels d'offres importants, notamment en Chine ou en Russie
mais aussi en France en mobilisant les nombreuses compétences présentes au sein
du Groupe. CMI a par exemple racheté la société Lyonnaise Sleti, concepteur de
chaines de traitement de surfaces. Ce rachat nous a permis de remporter
l'intégralité du déménagement des chaines de traitement de surfaces, y compris
les traitements environnementaux associés de Airbus Helicopter de la Courneuve
au Bourget. C’est un marché important qui concerne les chaines de traitement de
surfaces proprement dites mais aussi le traitement de l'eau et de l'air.
Revue
E.I.N. : Quel est l'objectif du Groupe CMI dans le domaine de l'environnement ?
O.B.
: Le Groupe CMI souhaite constituer un pôle
environnement qui couvre de manière transversale tous les domaines du
traitement de l'air, de l'eau et des déchets, en développant et en exploitant
les compétences diversifiées des différentes entités du Groupe. Ce
développement des savoir-faire passe par la mobilisation de compétences dans
certains domaines connexes. Nous avons par exemple au sein de CMI Industry un
secteur dédié à l'efficacité énergétique composé d'experts capables de rentrer
au cœur des procédés en s'intéressant à l'ensemble des gisements d'énergie d'un
site. Les diagnostics et les simulations qu'ils réalisent aboutissent à des
préconisations qui permettent de réaliser des économies d'énergie conséquentes,
qui atteignent fréquemment de 10 à 20% de la facture globale d'un site. Le fait
de pouvoir intégrer cette dimension dans les offres réalisées par les
différentes entités du Groupe est un atout considérable.
Revue
E.I.N. : Quel regard portez-vous sur les différents marchés sur lesquels évolue CMI Proserpol ?
O.B.
: Le secteur du traitement de surfaces, historique pour
CMI Proserpol, se porte bien en France grâce aux nombreux investissements
réalisés dans le secteur de l'aéronautique. La création ou la réhabilitation de
chaines, et même d'usines complètes intégrant des problématiques
environnementales fortes portent le marché et bénéficient directement à CMI
Proserpol. Nous travaillons beaucoup sur des solutions qui permettent, par
exemple, d'exclure le chrome de tous les procédés. Le secteur du luxe, toujours
soucieux d'exemplarité environnementale, se porte également assez bien. Nous
sommes en train de finaliser un beau marché avec un groupe horloger Suisse pour
moderniser une de ses usines. En France, d'une manière générale, les secteurs
non délocalisables font preuve de dynamisme. C’est par exemple le cas dans
l'agroalimentaire avec les plats cuisinés ou dans les laiteries, domaine dans
lequel nous venons de réceptionner pour un grand groupe français une des plus
grosse station d'épuration dans le domaine laitier en France. Elle sera capable
de traiter jusqu'à 8 tonnes de DCO par jour.
Revue
E.I.N. : Au plan technique, la physionomie des activités de CMI Proserpol
a-t-elle évolué ces dernières années ?
O.B.
: Oui. La physionomie des solutions proposées par CMI
Proserpol est dictée par l'évolution des marchés. Au niveau des procédés
biologiques, on met de plus en plus souvent en œuvre des traitements anaérobies
seuls ou complétés par des traitements aérobies. C’est certes une tendance
ancienne mais qui se confirme encore aujourd'hui. Les avantages des procédés
anaérobies sont bien connus : grande compacité, consommation énergétique plus
faible et production de boues réduites. Après, il reste possible de compléter
avec un traitement de finition. En matière de traitements aérobies, les
problématiques qui nous sont soumises favorisent régulièrement les bioréacteurs
à membranes et les traitements MBBR qui supportent bien les variations de
charges et la présence de toxiques. Ces procédés présentent également
l'avantage d'être compacts et permettent de réutiliser les ouvrages existants.
Revue
E.I.N. : Quels sont les atouts de CMI Proserpol sur ces différents marchés ?
O.B.: Nous sommes très
attachés, chez CMI Proserpol, à conserver la maitrise complète des procédés que
nous sommes amenés à mettre en œuvre. De plus, nous maitrisons toute la gamme
de traitements biologiques, physico-chimiques ou membranaires, de sorte que nous
n’avons aucun intérêt particulier à en favoriser un plutôt qu'un autre. Pour le
client, c'est la garantie que la solution proposée sera toujours en parfaite
adéquation avec sa problématique. D’une manière plus générale, notre métier
consiste à proposer des solutions « clé en mains ». Mais nous sommes de plus en
plus fréquemment sollicités en amont et en aval de ces solutions. En amont,
nous sommes par exemple contactés par des industriels qui souhaitent faire des
essais de traitabilité, réaliser des essais pilotes ou des bilans de pollution.
En aval, nous sommes sollicités pour de l'accompagnement, voire de
l'exploitation.
Revue
E.I.N. : L’exploitation, c'est une opportunité de développement ?
O.B.
: L’exploitation est intéressante quand notre expertise
nous permet d'apporter de la plus-value par rapport aux traiteurs d'eau
généralistes. C’est par exemple le cas en traitement de surfaces. Nous
souhaitons, dans ce domaine-là, nous positionner en expert, en apportant du
conseil très ciblé et pointu. En France, en traitement des eaux, le marché est
largement mature. Il faut donc diversifier les activités et l'assistance à
l'exploitation constitue certainement une voie à explorer. Dans l'aéronautique,
par exemple, on développe une assistance à l'exploitation sur plusieurs sites.
Cette assistance peut prendre différentes formes : elle peut par exemple
concerner une filière de traitement des eaux, un process de dosage des réactifs
ou encore une unité de traitement de l'air.
Revue
E.I.N. : Quelles sont les autres opportunités de croissance que vous avez pu
identifier ?
O.B.
: Dans le domaine du traitement des boues, le Tasster de
Neyrtec, une presse à vis très répandue en industries papetières pour
déshydrater les boues, fait l'objet d'une adaptation aux boues urbaines ou
agroalimentaires. Cette offre devrait être déployée fin 2015 ou début 2016.
Dans le domaine de l'épuration en continu des bains de cataphorèse, notre
filiale Nicou Environnement travaille également beaucoup sur l'électrodialyse à
membranes bipolaires (EDMB), un procédé prometteur qui devrait lui permettre
d'élargir substantiellement son spectre d'applications. Enfin, nous sommes très
actifs dans plusieurs domaines chez CMI Proserpol, dont celui qui concerne le
traitement des micropolluants. Nous expérimentons depuis 6 mois une combinaison
peroxyde/ozonation suivie d'un traitement tertiaire de finition chez un
industriel de la pharmacie pour abattre certaines molécules cibles. Les
résultats sont très prometteurs, nous serons amenés à en reparler prochainement.
Propos
recueillis par Vincent Johanet