Les représentants de l'Union pour la Méditerranée (UpM) ne sont pas parvenus à adopter la « stratégie dans le domaine de l'eau pour la région euro-méditerranée » le 13 avril dernier à Barcelone. Mauvaise nouvelle pour la toute jeune Union pour la Méditerranée (UpM), dont l'eau constituait le premier grand défi.
Pour la plupart des pays situés sur le pourtour méditerranéen, l'eau douce est une ressource rare, souvent surexploitée par une population en forte croissance démographique et où le développement économique doit se conjuguer avec l'accès à l'eau. En 2005, dans le bassin méditerranéen, la population disposant de moins de 1 000 m3 par habitant et par an s'élevait à 180 millions d'habitants. 60 millions d'entre-eux étaient en situation de pénurie (moins de 500 m3/hab/an) et 20 millions n?avaient pas accès à l'eau potable, notamment dans les pays au Sud et à l'Est du bassin.
Et selon plusieurs études officielles, en 2050, 290 millions de personnes pourraient se trouver en état de pénurie d'eau. Une évolution due à plusieurs facteurs parmi lesquels le réchauffement climatique, la démographie galopante mais aussi le tourisme qui représente dans le seul bassin méditerranéen 25% du tourisme international. Certains pays comme l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce, et Chypre doivent déjà régulièrement faire face à des situations prolongées de stress hydrique.
Une situation suffisamment grave pour que l'UpM qui réunit les pays riverains de la méditerranée décide de déployer une stratégie pour remédier au manque d'eau. A la suite des travaux d'un groupe d'experts issus des 43 pays membres de l'UpM, une « stratégie dans le domaine de l'eau pour la région euro-méditerranée » a donc été élaborée et devait être adoptée lors de la Conférence sur l'eau de Barcelone le 13 avril dernier.
Cette stratégie devait promouvoir une vision partagée autour d'une ressource commune, encourager une approche concertée pour la mise en ?uvre de projets censés contribuer à la réduction des tensions entre pays riverains et ainsi participer à la construction d'un espace de paix et de stabilité dans la région. Quatre thèmes principaux avaient été définis : promouvoir le développement économique en valorisant les atouts méditerranéens, réduire les disparités sociales en réalisant les Objectifs du Millénaire pour le développement, changer les modes de production et de consommation non durables et assurer une gestion durable des ressources naturelles, améliorer la gouvernance à l'échelle locale, nationale et régionale.
Pour ceci, la stratégie pour l'eau proposait un cadre politique, méthodologique et financier propre à mettre en ?uvre des politiques régionales adaptées et prévoyait d'économiser, au cours des 15 prochaines années, 25 % d'eau par rapport au niveau de consommation de 2005.
Mais des divergences de vues israélo-arabes sur la dénomination des territoires palestiniens occupés ont fait achopper le projet d'accord et échouer la conférence.
C?est un coup dur pour l'UpM dont l'ambition était justement de surmonter les divergences politiques à travers des projets très concrets de coopération sur des thèmes cruciaux tels que l'eau et l'énergie. La question qui se pose désormais est de savoir si l'UpM présente encore un quelconque intérêt si elle ne peut favoriser aucun projet concret en raison des divergences politiques des pays-membres. Réponse lors de la prochaine réunion qui se tiendra le 7 juin prochain à Barcelone en présence des chefs de gouvernement.