Eau potable, eaux usées, eaux industrielles… La gestion de l’eau et des infrastructures qui y sont associées nécessite de nombreuses et fréquentes interventions qui représentent, pour les collectivités territoriales comme pour les industriels, un centre de coûts conséquent. Majikan a donc développé une solution de planification et de suivi des interventions techniques avec pour objectif d’assurer à ses clients, la mobilisation du bon intervenant, au bon endroit et au bon moment. L’activité Eau de Veolia en France est le premier bénéficiaire de ce service qui s’adresse autant aux collectivités locales qu’aux industriels. Rencontre avec Adrian Cervos et Patrick Terra, respectivement Directeur marketing et communication et directeur des opérations chez Majikan.
Revue L’Eau, L’Industrie, Les
Nuisances : Quelle est la genèse de Majikan ?
Adrian Cervos : Majikan
est une
filiale de Nova Veolia, elle-même filiale de Veolia Eau, qui a pour but la commercialisation
de nouveaux services à forte dominance digitale. Majikan est née de la
stratégie de Veolia Eau qui a choisi de capitaliser sur des technologies et des
expertises métiers qui sont les siennes et a décidé de les encapsuler dans des
sociétés d’expertise pour aller chercher des relais de croissance sur d’autres
marchés. C’est la genèse de Majikan dont la vocation est de fournir des services
« clés en main » pour la planification et le suivi des interventions
multi-métiers sur le terrain.
Patrick Terra : Majikan s’appuie
sur des outils digitaux de dernière génération pour proposer différents modules
qui couvrent l’ensemble de la chaine de valeur de la gestion des interventions
techniques sur le terrain. Ils permettent, en amont, de sectoriser et découper
les territoires géographiques des interventions en affinant et en optimisant
les contours des différents secteurs. Un autre module, plus particulièrement centré
sur les plans de charge permet, en fonction des charges préventive et curative
des clients, de confronter l’ensemble de ces contraintes à la capacité de
traitement et à la disponibilité des agents pour établir et optimiser un plan
de charge à l’année. A partir de ce plan, l’outil va programmer ces
interventions de façon à ce que toutes les échéances soient respectées. L’utilisation
du moteur d’optimisation des tournées de GEOCONCEPT, doté d’une interface de
planification qui reçoit l’ensemble des demandes d’intervention des clients,
permet d’optimiser les feuilles de route des agents en fonction des besoins qui
s’expriment.
Enfin, l’outil intègre un reporting de
production qui permet au chef d’équipe de piloter en temps réel les opérations
et de savoir à tout moment ou en est son plan de charge, et un reporting au
client final qui peut ainsi suivre le déroulement de son contrat.
Revue E.I.N. : Comment circule
cette information ?
Patrick Terra : L’ensemble des
modules de notre plateforme de field service management communique en temps
réel. Ainsi, lorsqu’un technicien reçoit un ordre d’intervention sur
l’application mobile Majikan et commence à intervenir, le changement de statut
de l’intervention est visible sur l‘outil de planification Geoconcept comme sur
l’outil de reporting que nous mettons à la disposition de nos clients. Ce
module de reporting intègre également des outils de « machine learning »
qui analysent
l’ensemble des données disponibles afin d’anticiper les dysfonctionnements des
infrastructures et des équipements dans une logique de maintenance
prédictive.
Adrian Cervos : Tout à fait. Ce que l’on a voulu mettre en
place, ce n’est pas seulement une optimisation opérationnelle lors de la
planification des tournées, c’est une optimisation de l’ensemble des processus
de field service management. Cette optimisation concerne dès l’amont les
secteurs d’interventions. Elle s’attache ensuite à optimiser les plans de
charge de l’ensemble des équipes, avant de se concentrer sur la géographie des
tournées pour diminuer les temps de déplacement et donc de gagner en
productivité en augmentant le temps passé en intervention.
Revue E.I.N. : A qui s’adressent ces
services ?
Adrian Cervos : Ils s’adressent prioritairement
aux collectivités locales, bailleurs sociaux, ou aux industriels qui souhaitent
améliorer l’efficacité de leurs interventions tout en réalisant des gains de
productivité et en améliorant la qualité de leur service. Beaucoup de collectivités locales ou
d’entreprises sont par exemple capables d’intervenir en urgence pour régler un
problème, ou réaliser des travaux conformément à un planning. Mais peu nombreuses
sont celles qui sont capables d’avoir la visibilité de ce qui a été fait et comment
cela a été fait. Du coup, il est difficile de mettre en place des plans
d’actions correctifs ou de prolonger les actions engagées. Cet exemple montre
qu’il est possible d’améliorer tout à la fois la qualité des interventions et
de leur suivi tout en diminuant leur coût.
Patrick Terra : Non. Au-delà d’un nombre minimum
d’agents ou d’interventions, c’est plutôt le type d’interventions qu’il faut
prendre en compte. Nous lançons actuellement des pilotes auprès de collectivités
locales de 10.000 à 15.000 habitants en direction de services techniques ou de services
espaces verts qui comptent moins d’une dizaine d’agents. Il est possible de
dégager des gains d’efficacité importants dès lors que l’on souhaite augmenter
la visibilité et améliorer la traçabilité sur le déroulement de interventions en
temps réel. Car outre l’aspect planification des interventions, nos outils sont
également un bon moyen de piloter et d’évaluer son activité.
J’ajoute que nous avons développé des offres peu
impactantes sur l’organisation de ceux de nos clients qui ne sont pas encore prêts
à franchir le cap de l’externalisation de la fonction de planification.
Adrian Cervos : Tout dépend du niveau de la
maturité des processus que lesquels nous sommes amenés à intervenir et de leur
niveau d’automatisation. Nous pensons cependant qu’en règle générale, les
solutions que nous proposons permettent d’espérer de 30 à 40 % de gain de productivité
à 3 ans par rapport à l’existant.
Adrian Cervos : Les activités eau de Veolia
mobilisent près de 6.000 agents itinérants sur trois segments différents qui
sont les réseaux d’eau et d’assainissement, la maintenance des usines et la
gestion de la clientèle. A ce jour, nous assurons la planification et
l’organisation des tournées logistiques de 6.000 techniciens terrain. A la fin
du mois de septembre, le dispositif concernera tous les agents de terrain ce
qui représente près de 11 millions d’interventions par an.
Mais même si Veolia, en France, reste notre
principal client, nous travaillons également avec des collectivités
territoriales et des industriels, principalement sur des activités orientées
maintenance et services.
Patrick Terra : Ces solutions sont appelées à
évoluer régulièrement, en même temps que les outils digitaux sur lesquels ils
s’appuient. Nous regardons ainsi avec intérêt les technologies de réalité
augmentée et de guidage à distance, notamment pour les techniciens terrain. La
réalité augmentée pourrait par exemple permettre à chaque technicien de
disposer d’une vue en 3D du réseau qui se trouve sous ses pieds. Quant au
guidage à distance, il pourrait permettre, par exemple, à un technicien confronté
à une difficulté particulière de déclencher une visioconférence ou d’obtenir une
aide en filmant l’équipement qui lui pose problème ou pour obtenir l’assistance
d’un expert centralisé. Ces technologies sont déjà couramment utilisées dans
certains pays, comme par exemple au Japon, et nous souhaitons les exploiter
rapidement en France.