La méthanisation est une voie d’avenir aux bénéfices multiples, tant du point de vue environnemental qu’économique. C’est l’avis de l’Ademe qui dresse un état des lieux sur la méthanisation en France et formule certaines recommandations à destination des acteurs de la filière.
Déjà mature dans certains
pays comme l’Allemagne, la méthanisation est en plein développement en France. C’est
que les opportunités sont nombreuses, liées au développement de collectes séparées
des biodéchets des gros producteurs ou des ménages, au secteur agricole qui représente
son principal gisement, et aux stations d’épuration d’eaux usées urbaines pour
réduire le volume de boues à épandre ou éliminer.
Au plan technique, l’Ademe
estime que les procédés mis en œuvre, par voie liquide notamment, sont bien maîtrisés,
même si des marges d’optimisation subsistent, notamment en matière de préparation
des substrats. Pour être en mesure d’accueillir les déchets d’industries agroalimentaires,
de restauration ou de distribution ou de collecte séparée auprès des ménages, l’agence
recommande de prévoir, dès l’élaboration du projet, les équipements
d’hygiénisation permettant d’obtenir un agrément pour leur traitement.
D’une manière plus
large, elle estime qu’il est nécessaire de renforcer les efforts consentis en
matière de R&D pour optimiser les process en matière de prétraitement,
brassage et homogénéisation de mélange, pilotage de la digestion biologique,
etc…
Au plan économique,
les retours d’expériences réalisés sur un panel de 80 installations de méthanisation
en fonctionnement montrent que, dans la grande majorité des cas, la rentabilité
économique est satisfaisante, en particulier pour les projets à la ferme ou de petits
collectifs. Mais les aides publiques restent essentielles pour assurer la concrétisation
des projets. L’agence insiste pour que les dispositifs de soutien public soient
les plus stables possibles de manière à assurer une bonne visibilité aux porteurs
de projets comme aux financeurs.
Par ailleurs, monter
une unité de méthanisation est un projet souvent long, complexe, qui nécessite
des investissements lourds et qui associe de nombreux acteurs. L’Ademe recommande
donc aux porteurs de projets de maîtriser les risques et d’optimiser la rentabilité
des installations en veillant à contractualiser sur la durée les approvisionnements.
Une attention particulière doit être portée aux concurrences d’usage pour un même
substrat, notamment s’il bénéficie déjà d’une filière de valorisation.
L’agence plaide par
ailleurs pour une maximisation de la valorisation énergétique et, du fait d’un meilleur
rendement énergétique, de privilégier l’injection de biométhane dans le réseau de
gaz naturel lorsque c’est possible. « Toutes les techniques fonctionnent
bien. Elles présentent de bonnes performances énergétiques à condition que
l’énergie contenue dans le biogaz soit valorisée au maximum », assure-t-elle
cependant. L’Ademe estime également que de nouvelles voies de valorisation du
gaz produit par les installations de méthanisation pourraient se développer au delà
de la cogénération, de l’injection dans les réseaux et du biométhane véhicule. La
production combinée de méthane et d’hydrogène à partir du substrat biologique
(voie biologique ou catalytique) pourrait ainsi répondre à des besoins en
termes d’hydrogène industriel ou d’hydrogène pour la mobilité (développement
des véhicules hydrogène). Des projets, comme par exemple le projet Vabhyogaz
qui vise à transformer le biogaz issu de déchets en hydrogène, démontrent
d’ores et déjà la faisabilité technique et économique de cette solution. D’autres
pistes liées à la valorisation du CO2 sont aussi envisageables.
L’Ademe insiste
également sur la nécessité d’assurer les débouchés des digestats, de s’assurer
de la non-concurrence entre les projets et de s’adapter aux besoins des territoires.
De même, pour favoriser la qualité des projets de méthanisation et leur acceptabilité,
elle recommande de mettre à la disposition du grand public des informations et des
réponses aux a priori sur les installations.
L'avis de l'Ademe peut être consulté ici