Pour satisfaire les besoins agricoles et maraichers, la région du Lot et Garonne exploite déjà 3.000 retenues d'eau artificielles. Mais les besoins sont encore considérables et le bétonnage des déversoirs ne satisfait personne. La réalisation de ces lacs collinaires est complexe et représente un coût non négligeable. De plus, les exigences des services de l'État en la matière sont contraignantes, notamment sur la question des déversoirs. Sur cette question précise, le chantier d'Argenton pourrait bien faire école.
C'est en effet à Argenton qu'un jeune agriculteur souhaitant planter 18 hectares de noisetiers s'est vu dans l'obligation d'accompagner son projet de la création d'un lac collinaire de 35000 m3 pour l'irrigation de ses arbres.
Raymond Girardi, conseiller général et président de la Commission Agriculture demande alors à l'entreprise Lalanne et au cabinet d'études I.E.S ingénieurs Conseil de se pencher sur la question du déversoir pour lequel la solution béton ne s'avère pas adaptée. En effet, trop rigide, le béton n'a pas la capacité à accompagner les mouvements de terrain et se fissure, laissant l'eau s'infiltrer et dégrader la retenue.
La possibilité de mettre en ?uvre des matelas Reno? de Maccaferri, déjà utilisés à Narbonne, est alors étudiée.
En optant pour cette solution, le déversoir d'Argenton devient un projet pilote. Les travaux consistent dans un premier temps à disposer une membrane étanche, 800 m² de géocomposite MacDrain W1061 et 200 m² de matelas Reno? d'une épaisseur de 30 centimètres. Cet ensemble permet à la fois d'assurer l'étanchéité, la stabilisation et le maintien du déversoir. « Le système est souple et les pierres, en se tassant, vont suivre les mouvements de la digue, précise David Soubiran du bureau d'études I.E.S ingénieurs Conseil. C'est un déversoir vivant ».
Le MacDrain, quant à lui, est utilisé indépendamment de la géomembrane et des matelas Reno pour remplacer le tapis drainant traditionnel constitué par 30 cm de cailloux sous le parement aval de la digue.
L'économie réalisée sur l'option béton est estimée à 8 000 euros. Raymond Girardi ne cache pas sa satisfaction à cet égard mais aussi parce que la solution des matelas Reno? s'avère plus esthétique et techniquement plus fiable au regard du mouvement du terrain. De plus, l'eau est freinée en descendant sur les galets. Il souhaite que ce principe soit retenu par les services de l'État pour les 130 projets de lacs en Lot-et-Garonne. Une solution qui pourrait faire consensus sur un sujet sous haute tension selon Alain Martinaud, responsable de la Commission hydrologique à la Chambre d'Agriculture de cette région.